[PROMOTION D’HONNEUR] Un SMS nauséabond a révélé une affaire tout aussi embarrassante de tentative de corruption. La FLF a commencé son enquête.
«Hier (NDLR : mercredi), j’étais vraiment choqué.» Semin Civovic, le président de Rodange, a retrouvé ses esprits et son club a préparé un communiqué. Pourquoi? Pour plein de raisons. Pour se désolidariser du SMS extrêmement injurieux envoyé par un ancien membre de son comité, encore actif au club et qui a prévenu Rachid Boulahfari, ancien joueur du club et désormais à Mühlenbach, que la FLF allait être saisie pour une tentative de corruption sur Joao Machado, le jeune gardien de but du club rodangeois, actuel leader de PH, vendredi dernier.
Sur la connotation raciste du message, Semin Civovic est clair : «Il l’a envoyé en son nom privé, dans le cadre d’une conversation avec un ‘ami’. Il n’a rien à voir avec notre comité et n’exprime nullement notre opinion. Si Mühlenbach veut porter plainte, cela ne peut pas être contre nous. Mais on dirait surtout qu’ils veulent nous mettre en accusation, alors que les victimes, c’est nous!». Et le processus visant à établir clairement les torts dans toute cette histoire est déjà en branle.
C’est Joao Machado qui l’a confirmé mercredi à son président : il a pris sur lui d’appeler la fédération et Jean-Jacques Schonckert, la personne de référence pour toutes les affaires présumées de corruption. Le jeune portier de 20 ans et le vice-président de la FLF ont passé de longues minutes au téléphone, Machado a livré un témoignage circonstancié et il doit encore passer à Mondercange pour donner à sa déposition une tournure officielle.
Il a forcément été conseillé au garçon de ne rien ébruiter. Mais déjà dans le club de Rodange, l’information a filtré : ce sont 1000 euros qui lui auraient été proposés par un intermédiaire ayant approché le garçon, prêté par le Progrès, afin qu’il laisse passer quelques ballons. Il en a immédiatement averti ses entraîneurs pour se «sécuriser s’il y avait eu la moindre histoire». Et là, l’histoire prend des proportions gigantesques.
Le portier de Rodange se serait vu proposer 1000 euros
«C’est la première fois que ça m’arrive, une chose comme ça, se désole Machado. Je ne m’attendais pas à ce que ça m’arrive un jour. Vraiment pas du tout. Et je trouve ça triste. Tout le monde m’appelle. J’ai 20 ans et je préférerais ne rien avoir à faire avec toute cette histoire et je me retrouve pourtant au beau milieu, avec des gens qui se disent ou doivent se dire que je raconte des bêtises. Non, jamais je n’inventerais une histoire comme ça!»
La démarche est en tout cas extrêmement courageuse et risque de ne pas s’arrêter à un simple témoignage. Car aujourd’hui, si la tentative de corruption venait à se confirmer, la FLF organiserait très certainement une confrontation entre Machado et l’homme, toujours officiellement non identifié, qui a tenté d’acheter ses largesses.
Le connaît-il? Son club semble indiquer que oui et Semin Civovic est formel : «Joao sait de qui il s’agit.» Cet homme a-t-il agi en son nom propre ou au nom de son club, ce qui serait extrêmement grave? «Je ne peux pas répondre à votre question», lâche Machado, bien conscient de ses responsabilités et prêt à se rendre à la confrontation pour faire éclater la vérité, celle qu’il a vécue en tout cas : «Je n’ai aucun doute sur le fait que la FLF fera son travail dans cette histoire.»
Son président aussi. Assez remonté que le versant «SMS raciste» ait pris le pas sur la tentative de corruption, il tente désormais de rétablir une forme de logique dans l’acte d’accusation. «Finalement, je suis content que ce SMS soit sorti et l’affaire avec. Parce qu’il semble avéré que nos adversaires ont tenté de truquer cette rencontre. On peut gagner sur le terrain, mais pas avec des enveloppes!»
Au milieu de tout ça, le championnat de Promotion va tenter de suivre son chemin. Les deux actuels «montants» sont sous la pression immédiate du Swift, qui pourrait bien profiter de cette situation explosive pour gérer tranquillement la fin de parcours et coiffer tout le monde au poteau. Dimanche, Mühlenbach a un déplacement très ardu en terre wiltzoise tandis que Rodange accueillera, lui, Canach. Avec un Joao Machado pas du tout ébranlé entre les poteaux : «J’ai la tête totalement libre. Moi, je n’ai rien fait de mal, je ne suis coupable de rien.»
J. M.