SÉLECTION NATIONALE Ce soir, les Rout Léiwen affrontent la Slovénie dans un match amical qui cristallise tellement de tensions qu’il est explosif. Pour un joueur, pour le sélectionneur, pour le président de la FLF, pour la presse du pays.
Cela aura été juste un mot, prononcé avec un rien d’animosité dans la voix. «Bien.» À la seule question du Quotidien lors de la conférence de presse d’hier après-midi (cette question, la voici : pouvez-vous nous dire quel est l’état mental et moral de Gerson Rodrigues ?), Luc Holtz aura répondu. Il n’aura donc pas une nouvelle fois ouvertement boycotté, devant les caméras, un journaliste «admis mais pas bienvenu» pour paraphraser à l’excès une interview de son président à nos confrères du Wort. La réponse de l’entraîneur, donc : «Bien.»
Si Gerson Rodrigues, dont le nom est dans toutes les bouches depuis deux semaines, est tel que le décrit la FLF, victime d’un «lynchage médiatique», alors il semble s’en tirer pas trop mal, selon l’estimation du sélectionneur.
Et puisque l’institution FLF se sent obligée de rappeler qu’il «s’agit d’un être humain» (comme si nous ne le mesurions pas), voir les sentiments profonds de l’attaquant-star réduits à ce seul mot, «bien», est assez rassurant. L’«acharnement» de la presse n’aura donc pas envoyé le plus prolifique buteur de l’histoire chez le psy. Ouf.
Tout ce foin pour finir avec une déclaration solennelle aussi lapidaire ? Il faut croire que les médias n’ont pas le potentiel de nuisance qu’on leur prête, alors, et ceux qui espèrent voir les Rout Léiwen enterrer cette semaine exécrable avec un succès sur la Slovénie peuvent se rassurer : discuter d’un débat de fond sur la moralisation des sélections nationales, discuter de la liberté de la presse ne changera a priori rien au rendement devant le but du «goal-getter» national. Il va «bien».
Georges Mischo intervient à son tour
Pourtant, il était évident hier qu’en marge de la conférence de presse d’avant-match, peu de journalistes avaient envie de parler de sport. Avant les deux rencontres qui doivent lancer la campagne des éliminatoires du Mondial-2026 des Rout Léiwen, c’est triste. Mais cela pendait au nez de la fédération puisqu’elle a tout fait pour que la situation se tende avec toute la profession. Qu’attendre de ces matches ? On aurait aimé répondre une perpétuation de l’excellente impression donnée contre la Suède, en mars. Mais si ces deux rencontres ne donnent pas du grain à moudre aux contempteurs de la sélection, ce sera déjà bien.
En pleine crise de représentation, la FLF est en fâcheuse posture, qui a vu son président, Paul Philipp, convoqué par Georges Mischo, son ministre de tutelle. Le sélectionneur aussi dit avoir pris conscience des débats ayant cours dans la société civile au sujet de ses choix, mais il ne semble toujours pas avoir compris qu’au-delà de ses choix, ce sont surtout ses justifications qui ne passent pas. Ce soir, sur le terrain, c’est pourtant Gerson Rodrigues qui pourrait être le plus à plaindre.
Les tensions s’exacerbent autour de sa seule présence et il va devoir avoir les épaules assez larges pour porter le fardeau des errements de ses dirigeants et de son staff technique. Il a dit qu’il «répondra(it) sur le terrain». Ce n’est pas du tout ce qu’on lui demande ni ce qu’on aurait voulu entendre. Mais finalement, il est le seul à avoir parlé un peu de jeu dans les deux semaines qui viennent de s’écouler.