Leo Barreiro va sortir maintenu avec Mayence de sa première vraie saison de Bundesliga. Dire qu’il y a cinq ans, il dormait dans la chambre d’internat d’un de ses modèles…
Quand Dwayn Holter est rentré de sélection le 16 novembre 2014, après une défaite 0-3 et un triplé d’Andriy Yarmolenko face à l’Ukraine, il savait qu’il trouverait quelqu’un dans sa chambre de l’internat de Fürth. Il ne sait plus comment cela s’est fait mais Reinhold Breu venait de faire admettre un gamin de 14 ans, pas bien grand, pas bien gros non plus, pour une semaine de tests au Greuther dont le centre de formation est à l’époque tenu par… Achim Beierlorzer, l’actuel coach de Mayence. Ce dernier voulait Leo à fond à l’époque, mais il a dû se résoudre à abdiquer devant l’offre de Mayence, qui tombera un peu plus tard. Toujours est-il qu’en termes d’intendance, on n’expédie pas un mineur comme ça, à 450 km de chez lui, sans avoir organisé un peu son déplacement. «C’était un Luxembourgeois, c’est pour ça que je l’ai pris chez moi. Ce n’était pas bien grand mais assez pour nous deux», se marre encore aujourd’hui le milieu de terrain, 19 ans à l’époque et pressenti comme le grand récupérateur du futur en sélection.
Les yeux qui brillent
C’est aussi ce que pense Leandro Barreiro, qui a les yeux qui brillent quand le «grand frère» ouvre son sac. Il y a là son maillot de match de la ville, que Holter a conservé pour un ami de la famille. «Mais il me l’a demandé si gentiment que je n’ai pas pu refuser. J’espère qu’il l’a toujours.»
On est en milieu de semaine. Leo a débarqué le lundi. Il finira le reste de la semaine à dormir par terre dans cette modeste chambre d’aspirant. Les matins, les deux Luxembourgeois partent ensemble à l’entraînement et Holter commençant plus tard, il prend le temps de regarder celui qui, il ne le sait pas encore, incarne l’avenir des Roud Léiwen. «Il était très calme, ne parlait pas beaucoup, était même un peu timide, se souvient-il. Je n’aurais jamais cru qu’il ferait un tel parcours au point de se retrouver aujourd’hui
titulaire à Mayence. Mais défensivement, il est très fort, et sa vivacité est incroyable. Il ne lui manque que l’expérience mais ça viendra. Finalement, maintenant, c’est moi qui l’admire!»
Hier, le RFCU reprenait l’entraînement et son récupérateur, victime d’une fracture de la clavicule en novembre, y allait piano. Au même moment, Barreiro entamait sa dernière semaine d’une compétition couronnée de succès qui l’a vu enquiller 18 apparitions à seulement 20 ans, avant un match de clôture à Leverkusen. «On n’est pas en contact. Mais s’il pouvait penser à moi pour un maillot, ce serait sympa», sourit Holter. Ou peut-être un bout de canapé, pour un compatriote qui serait désireux de venir voir un match de Bundesliga, un de ces quatre…
Julien Mollereau