L’attaquant du Swift Hesperange Antonio Casafina est de retour à l’entraînement depuis la semaine passée après avoir frôlé le pire pour une vulgaire béquille, en match, contre Sandweiler.
Antonio Casafina ne pensait pas qu’une simple béquille sur une cuisse puisse avoir des conséquences aussi dramatiques. Cela fait pourtant deux mois (et deux opérations) qu’elle le tient à l’écart des terrains. Il faudra en rajouter un, voire deux avant qu’il puisse espérer rejouer.
Il venait de toucher la barre transversale lors de ce match de reprise qu’Hesperange allait gagner à l’arraché (1-2), à la 86e, sur la pelouse du stade Norbert-Hübsch. Au coup de sifflet final, Antonio Casafina avait déjà pris sa douche puisque à l’heure de jeu, au bout d’un long sprint, il était venu s’empaler sur son défenseur, débarqué au duel le genou en avant. «Le kiné m’a dit que c’était une simple béquille. Il m’a mis du spray, je me suis dit que j’aurais mal les prochains jours et je suis revenu au jeu mais directement, j’ai eu une sensation bizarre, un truc clochait. C’était comme si je ne sentais plus ma jambe».
L’autre sensation bizarre est survenue pendant la nuit. Comme «tous les footballeurs du monde», surtout les attaquants, Casafina, 24 ans, a collectionné les béquilles. Aucune ne l’avait jusque-là empêchée de dormir. «Ma cuisse était toute gonflée, toute dure, j’ai filé à l’hôpital.» Une plutôt bonne idée : après une échographie et un scanner, les médecins viennent lui dire que cette béquille si traditionnelle pourrait peut-être nécessiter une opération. À lui de choisir. Surpris, il donne son accord. Le lendemain matin, le verdict a changé : il DOIT se faire opérer, «les médecins m’ont dit que je pouvais perdre ma jambe».
Plaie ouverte pendant une semaine
Le problème a un nom, le syndrome des loges, un gros hématome qu’il faut d’urgence résorber pour revasculariser la jambe. Le traitement n’est pas ragoûtant : anesthésie totale pour «ouvrir la cuisse sur 20 centimètres mais heureusement, seule l’aponévrose était touchée, pas le muscle», détaille Casafina. Et on ne referme pas derrière. On masque juste de quelques pansements la plaie béante pour qu’une machine à drainer pompe le sang pendant une semaine. «Au bout de la machine, il y avait comme une petite poche qui recueillait le sang. Dedans, il y avait un produit qui ressemblait à du sel pour éviter que le sang ne durcisse. À la fin, on aurait dit comme de la viande. Ou plutôt de la sauce bolognaise.»
Pour suturer, il faut une deuxième opération. Le réveil sera «plus douloureux». Après 24 heures sans bouger le moindre muscle, les premiers mouvements sont atroces. «Toute ma peau me tirait de partout.»
Antonio Casafina, plus de soixante matches en DN, a eu tout le temps de gamberger, a cru «que le foot, c’était fini». Il n’a pas été le seul puisque son entraîneur, Serge Wolf avoue n’avoir, en 40 ans, «jamais vu un truc comme ça. Il a désormais une cicatrice de 25 centimètres en plein milieu de la cuisse». «Et encore, rigole l’intéressé, qui a immortalisé le drainage en prenant une petite photo qu’il ne conseillerait pas aux âmes sensibles, c’est bien plus joli aujourd’hui qu’il y a un mois et demi».
La semaine passée, il est revenu courir, pile-poil dans les temps de passage fixés par le staff médical. Théoriquement, il pourrait reprendre la compétition mi-mai, mais préfère patienter sagement jusqu’à la saison prochaine. Quand bien même cette blessure, selon lui, reste moins grave que sa rupture des croisés, avec ses six mois d’absence et son «hématome monumental qui lui, n’avait pas été drainé». Ça aurait pourtant fait une chouette photo…
Julien Mollereau