Niederkorn, bien placé pour redevenir européen, n’en finit plus de grandir.
Après sa superbe prestation sanctionnée d’une défaite contre le F91 (1-2), dimanche dernier, le Progrès a pu s’apercevoir que si l’avenir lui appartenait, il lui restait aussi beaucoup de boulot pour que les promesses qu’il affiche depuis deux ans se concrétisent.
Le budget va continuer à monter
Fabio Marochi a repris le bébé en 2009. À l’époque, avec un budget maigrichon oscillant entre 250 et 300 000 euros et à peine plus d’une cinquantaine de partenaires. Six ans plus tard, le Progrès pèse 600 000 euros de budget annuel et le chiffre va continuer à monter. Théoriquement, de 100 000 euros par saison désormais. Il sera en tout cas de 700 000 euros pour la saison 2015/ 2016.
Logique après tout : le Progrès a tellement bien bossé ces dernières saisons qu’il a ratissé large dans le pays grâce à Tracol, la firme du boss, mais aussi auprès des «petits» commerçants du coin qui lui sont chers pour développer son maillage local. Résultat : il possède actuellement 175 partenaires qu’il entend choyer. Désormais, un carré VIP avec traiteur fonctionne à chaque match à domicile et cela commence à fidéliser à tour de bras.
Les primes UEFA (200 000 euros en cas de qualification au 1er tour de l’Europa League) ne gâcheraient rien même si le club redistribuera aux joueurs proportionnellement à leur nombre d’apparitions en championnat, ce qui ne paiera pas l’organisation de l’évènement.
Encore un pro de plus cet été
Au niveau sportif, ce n’est rien de dire que le recrutement du Progrès a franchi un cap depuis l’été dernier. S’il se trompe rarement même quand il prend des garçons issus du monde amateur (Poinsignon, Ferino, Garos… autant de joueurs révélations), il a commencé à attirer des joueurs auparavant dévolus aux seuls Fola et F91, voire, vaguement à la Jeunesse quand elle avait de la chance ou à Differdange quand il flairait un bon coup.
Ainsi, Olivier Cassan est venu apporter une technique largement au-dessus de la moyenne des joueurs de DN déjà bien évolués, tandis qu’Ismaël Bouzid et Samuel Dog ont apporté leurs centimètres, leur physique. Bref, leur rigueur.
Fut un temps pas si éloigné où le Progrès sautait sans réfléchir sur tout ce qui bougeait. Aujourd’hui, il se permet de faire le tri et de recaler des profils très intéressants mais qui ne sont pas nécessaires. Pour le mois de juin, il recherche un avant-centre tour de contrôle et un gardien plus trois Luxembourgeois. C’est ce qu’il fera et rien d’autre.
Et comme l’avant-centre est actuellement pro (lire ci-dessous), cela fera quatre anciens cadors dans ses rangs. Cela commence à peser.
Un club géré comme une entreprise
Fabio Marochi l’avait expliqué dans une interview qu’il nous avait accordée le mois dernier : un club aujourd’hui, même en DN, «se gère comme une entreprise». La sienne, de fait, s’est un peu mise au service du Progrès. Certains de ses employés sont ainsi déchargés d’une partie de travail pour faire en sorte que la gestion du club soit réalisée de façon nettement plus professionnelle.
Thomas Gilgemann, qui s’occupe tant du marketing que du sportif, n’est que la partie immergée de l’iceberg d’une petite structure parallèle très flexible qui permet de libérer du temps dans la semaine pour «vendre» le Progrès aux annonceurs et soutiens éventuels. Une comptable aide d’ailleurs à viabiliser l’ensemble.
Mais surtout, le club se maintient largement à flot au niveau de ses bénévoles, qui lui permettent notamment de jouer le vendredi (lire ci-dessous). Et cela, ça ne s’achète pas. Même pas quand on est une «petite entreprise».
Un concept marketing intelligent
Le Progrès a décidé de faire attention aux détails. Son idée : tout ce qui peut paraître futile au niveau de la DN, mis bout à bout, prend sens. Panneau avec les sponsors du groupe pour les interviews d’après-match; présentation désormais systématique des nouveaux joueurs (voire les prolongations de contrat) chez les sponsors; vraisemblablement création d’animations avant et pendant les matches la saison prochaine; présence renforcée sur les réseaux sociaux et publication d’une brochure, activités en grande partie chapeautées par le troisième frère Bossi, Franck; création d’une musique propre au club pour l’entrée sur le terrain…
Cela peut paraître pompeux, mais cela commence à faire des différences par rapport à d’autres clubs.
Des ambitions « public » chiffrées
Le Progrès Niederkorn a progressé de plus de 100 % en termes de fréquentation de stade en seulement deux saisons. À l’été 2013, il terminait l’année avec 262 spectateurs de moyenne, au 10e rang des clubs les plus fréquentés de l’élite. La saison précédente, il grimpe à la 6e place avec 389 spectateurs. Aujourd’hui, il atteint les 550 personnes, en moyenne, au stade Jos-Haupert.
Soit la 4e meilleure affluence de l’élite. Il n’y a pas que le niveau sportif de l’équipe qui puisse justifier ce bond phénoménal. Le club tente systématiquement, depuis cette année, de jouer ses matches à domicile les vendredis soir, chose qu’il lui a été possible de réaliser à quatre reprises depuis le début de la saison. Récemment, Thomas Gilgemann expliquait que «ce match d’entrée de week-end, à 20 h, semble plus festif aux gens.
Sans faire d’effort au niveau de la pub, on accueille deux fois et demie plus de monde qu’un dimanche à 16 h». À l’heure où le débat sur le décalage de matches resurgit, l’opinion peut avoir une certaine résonance. En outre, le Progrès a proposé une assistance concrète à l’émergence d’un groupe de supporters (600 membres sur Facebook qui ont commencé à établir une vraie relation avec les joueurs sur les réseaux sociaux) à qui des tambours et des drapeaux ont été fournis.
Le club (qui sera doté dès l’été prochain d’un tableau d’affichage qui fait pour l’heure cruellement défaut) espère ainsi, en 2015/2016 ne plus jouer de matches en dessous de 500 personnes et passer fréquemment les 1 000 pour les rencontres face aux équipes du top 5.
Julien Mollereau