Premier Britannique vainqueur du Giro en 101 éditions, Chris Froome a surmonté les obstacles pour gagner dimanche, dans le cadre prestigieux de la Rome antique, ce qui pourrait être son troisième grand tour consécutif s’il n’est pas sanctionné par les autorités antidopage.
Du départ de Jérusalem, une nouveauté historique de ce Giro, aux Alpes du Piémont et du val d’Aoste, le quadruple vainqueur du Tour de France a vécu ce qu’il a appelé «la plus grande bataille de ma carrière». Quatrième du classement à trois jours de l’arrivée, Froome (33 ans) a renversé les codes pour s’emparer vendredi du maillot rose à Bardonecchia, au prix d’une échappée solitaire de 80 kilomètres.
Une «story» rose ?
Au moment des récompenses finales, les autres protagonistes de la course au maillot rose ont été relégués au rang de faire-valoir au moment des récompenses : de Tom Dumoulin, le Néerlandais digne de son succès de l’année passée et finalement deuxième à Rome, au Britannique Simon Yates, leader pendant plus de la moitié de la course (treize étapes) avant de s’effondrer comme le Français Thibaut Pinot qui a abandonné à la veille de l’arrivée.
Est-ce pour autant une «story» couleur rose pour un coureur qui aurait touché, selon les médias israéliens, une prime d’engagement entre 1 et 2 millions d’euros ? Froome, qui est régulièrement escorté de deux gardes du corps, mais reste d’une imperturbable courtoisie envers ses interlocuteurs, a seriné le discours souvent entendu à la fin de ses Tours de France victorieux : «une course incroyable», «une victoire spéciale». Et aussi : «J’ai la conscience pour moi.»
«Je suis propre», a répété le leader protégé de l’équipe Sky, une formation qui dispose du plus gros budget du peloton et travaille sur la recherche pour se situer à l’avant-garde en plusieurs domaines (matériel, entraînement, récupération, etc.).
Mais le lourd contexte de son contrôle antidopage «anormal» («Dans sa situation, je ne serais pas venu», avait déclaré Dumoulin avant le départ), crée un doute persistant et légitime autour de lui, ainsi qu’un risque d’annulation de ses résultats.
La dimension de Dumoulin
S’il était disculpé, Froome serait le premier coureur du XXIe siècle, le troisième de l’histoire après Eddy Merckx et Bernard Hinault, à gagner trois grands tours consécutifs (Tour, Vuelta et Giro dans l’ordre). À 33 ans, il porterait à six ses victoires dans les grands tours et rejoindrait le clan réduit des coureurs vainqueurs dans les trois pays (Anquetil, Gimondi, Merckx, Hinault, Contador, Nibali).
Froome est aussi de facto candidat à un doublé Giro-Tour qui n’a plus été accompli depuis 20 ans et le malheureux Marco Pantani, à une époque conditionnée par l’EPO. Encore faut-il qu’il soit autorisé à concourir puisque la procédure de son contrôle de la Vuelta suit son cours et donne lieu à un bataille acharnée entre experts sur fond de contestation du test antidopage.
Dumoulin, le champion du monde du contre-la-montre qui a tout aussi d’un coureur de grande dimension, sait ce qui l’attend s’il décide finalement de venir sur le Tour. Selon son entourage, la décision est attendue avant une huitaine de jours. Les autres adversaires de Froome, qui ont suivi le Giro à la TV, sont également avertis. «L’Imperatore», le titre choisi par le journal organisateur, est venu, a vu, a vaincu. Jusqu’à quand?
Drucker: « Je savais que je pouvais le faire »
Jempy Drucker, le Luxembourgeois de l’équipe BMC, a terminé en beauté à la 3e place de la dernière étape. Voici sa réaction à l’arrivée :
« Je savais que je pouvais le faire. Jusqu’à présent, je n’avais jamais eu l’opportunité, l’ouverture. Rohan Dennis m’a aidé à garder de l’énergie et à bien me positionner. C’est bien de terminer comme cela sur un grand tour. Je savais que je pouvais le faire, mais je n’ai jamais eu l’opportunité. J’ai eu de bonnes sensations ces derniers jours et je savais que je pouvais faire un bon sprint ici à Rome. Je suis content, nous avons eu trois bonnes semaines, un super début avec Rohan (Dennis) en maillot rose, puis il a gagné une étape aussi. En équipe, nous avons fait du bon travail, c’était une belle expérience en Italie.»