Deuxième du championnat de Porsche Supercup derrière Larry ten Voorde, Dylan Pereira revient ce dimanche à Spa-Francorchamps où il s’est imposé l’an dernier. Un circuit dont il détaille les moindres courbes.
Spa-Francorchamps est un circuit de légende. Au moment d’entamer l’avant-dernier rendez-vous de la saison avant le final à Monza, Dylan Pereira évoque le tracé belge en dix principaux points. Attachez vos ceintures.
1. LE DÉPART «Il faut jouer du frein et de l’accélérateur»
«À Spa, le départ a la particularité de se faire en légère montée. Dès lors, et contrairement aux autres pistes, tu dois jouer avec les trois pédales : si le pied gauche s’occupe bien évidemment de l’embrayage, le droit doit jouer de l’accélérateur mais aussi en même temps de la pédale de frein pour éviter à la voiture de reculer… Bref, il faut jouer du frein et de l’accélérateur en même temps.»
2. LA SOURCE «Tu ne vois pas la sortie du virage»
«C’est un virage très étroit où il est indispensable d’être très vigilant aux autres pilotes. Parfois, tu peux avoir un accident sans avoir fait la moindre erreur. Il suffit qu’un concurrent bloque ses roues, parte à la faute, te percute et c’est terminé. La principale difficulté réside dans le fait que tu ne vois pas la sortie du virage…»
3. EAU ROUGE/RAIDILLON «Il faut avoir tout de bien accroché…»
«Ce passage est peut-être le plus connu de tous les circuits! Après la Source et la légère descente qui suit, on enchaîne une succession de trois virages (gauche, droite, gauche). Sur le premier, on arrive à 240-250 km/h, on ne freine quasiment pas, on relâche simplement l’accélérateur. Le deuxième, lui, monte vraiment, la pente est à 17 % et l’on gagne 40 m de dénivelé positif entre l’entrée et la sortie du virage. Il faut avoir tout de bien accroché (il rit) car à la moindre erreur, c’est la sortie de piste assurée. C’est peut-être le virage le plus dangereux du championnat du monde. En F1, même s’ils y passent à 300-310 km/h c’est plus simple de l’aborder. Pourquoi? Parce qu’une F1, ça pèse 600 kg, une Porsche à peu près le double. Surtout, la force verticale est plus importante. Du coup, la F1 est vraiment plaquée au sol. Ce qui n’est pas le cas sur une Porsche. Enfin, le dernier virage à gauche, on le prend à fond.»
4. LE KEMMEL «J’étais l’an dernier à 264 km/h»
«C’est une longue ligne droite de près d’un kilomètre qui monte elle aussi (NDLR : 930 m pour 48 m de dénivelé positif). Sur cette portion, les dépassements sont possibles. Si tu profites bien de l’aspiration de la voiture qui te précède, tu peux gagner 5-10 km/h et, dans ce cas, la dépasser. Sur le Kemmel, j’étais l’an passé à 264 km/h. Je m’en souviens précisément car ce circuit, je le connais par cœur. Au sommet, on arrive sur les Combes.»
5. LES COMBES «De la 6e à la 3e vitesse pour être à 120 km/h»
«À 150 m d’un pif-paf droite-gauche, tu rétrogrades et passes de la 6e à la 3e vitesse pour être à 120 km/h. Ensuite, tu enchaînes avec un virage à droite où, en sa fin de sortie, il est important de bien utiliser toute la largeur de la piste afin de ne pas perdre de vitesse.»
6. BRUXELLES «En descente et en léger dévers»
«Il s’agit d’un virage à 180 °. La difficulté réside dans le fait qu’à cet endroit, le virage est en descente et en léger dévers. Du coup, le poids de la voiture réside avant tout sur la partie gauche. Admettons qu’en ligne droite, le poids qui repose sur le pneu avant gauche et avant droit est de 260 kg chacun, dans Bruxelles, le pneu avant gauche peut subir un poids de 400 kg et ce lui de droite de seulement… 10 kg. Le principal risque est donc de bloquer la roue avant droite. Et puis, à cet endroit, la piste est bosselée, il faut faire très attention… Après Bruxelles, on prend un virage à gauche, qui n’a pas de nom, où il faut utiliser l’extérieur de la piste pour atteindre la vitesse maximale.»
7. LE POUHON «Il est aussi appelé le Double Gauche»
«Si l’on regarde la carte du circuit, on pourrait croire qu’il ne s’agit que d’une longue courbe mais, en fait, il s’agit de deux virages à gauche. C’est pourquoi le Pouhon est aussi appelé le Double Gauche. C’est un virage très rapide que les F1 abordent presque à fond. Nous, on le passe en 4e, à environ 180 km/h.»
8. FAGNES «Travailler sur le transfert de charges»
«C’est une chicane où l’arrière de la voiture peut chasser, et c’est important de peaufiner les réglages avec l’ingénieur afin que ça ne se produise pas. Comme dans toute chicane, l’une des difficultés est d’être capable de travailler sur le transfert de charge. Tu sens d’ailleurs tout le poids de la voiture passer d’un côté à l’autre. Il faut savoir le maîtriser. Après cela, tu reprends de la vitesse au Campus avant d’arriver sur le Stavelot que tu abordes presque sans freiner.»
9. BLANCHIMONT «Le risque, c’est le « track limits »»
«Après le Stavelot, il y a la Courbe Paul-Frère lors de laquelle on prend beaucoup de vitesse avant d’arriver sur le Blanchimont. Là aussi, en fonction des réglages, tu peux avoir l’arrière ou l’avant de la voiture qui se met à chasser. À la sortie du Blanchimont, le risque c’est la « track limits ». C’est-à-dire de partir un peu trop sur l’extérieur et d’avoir les quatre roues se trouver au-delà de la ligne blanche. Si vous commettez une telle faute en qualification, on vous annule votre tour de qualif.»
10. BUS STOP «Attention aux vibreurs-saucisses!»
«Il s’agit de la dernière chicane avant la dernière ligne droite. On arrive dessus à 175 km/h, c’est l’endroit le plus rapide du circuit. La zone est bosselée et on n’a pas d’ABS. Il faut freiner tard tout en faisant attention de ne pas bloquer les roues car, dans ce cas, c’est tout droit… Il faut donc gérer les pédales. Dans cette chicane, attention aux vibreurs-saucisses! C’est-à-dire que lorsque tu prends le virage à droite, la partie droite de la voiture ne touche plus le sol. Elle se lève même de 50 cm environ. Dans le dernier virage, tu es vraiment lent, à 60-70 km/h. Après, c’est la ligne droite d’arrivée.»
Charles Michel
Les positions
Championnat des pilotes Porsche Supercup : 1. Larry ten Voorde (PBS/Team GP Elite) 118 pts; 2. Dylan Pereira (LUX/BWT Lechner Racing) 114; 3. Ayhancan Güven (TUR/Martinet by Almeras) 88; 4. Jaxon Evans (NZL/BWT Lechner Racing) 82; 5. Florian Latorre (FRA/CLRT) 68; 6. Max van Splunteren (PBS/Team GP Elite) 63; 7. Marvin Klein (FRA/Martinet by Almeras) 59; 8. Léon Köhler (ALL/Lechner Racing Middle East) 56; 9. Jean-Baptiste Simmenauer (FRA/Lechner Racing Middle East) 48; 10. Jaap van Lagen (PBS/Fach Auto Tech) 48…
Championnat par équipes : 1. BWT (AUT) 196 pts; 2. Team GP Elite (PBS) 181; 3. Martinet by Almeras (FRA) 147; 4. Lechner Racing Middle East 104 (BHR); 5. CLRT (FRA) 71…