Le nageur luxembourgeois Pit Brandenburger retrouve ce matin les bassins. La fin d’une très longue attente pour le nageur luxembourgeois, qui a passé tout son confinement en France, dans un petit appartement.
Chaque athlète a vécu (ou vit) le confinement de manière différente. Pour Pit Brandenburger, cette période est presque tombée à pic : «J’avais besoin de faire une pause. J’étais en surentraînement», explique le sportif d’élite de l’armée, qui n’avait pratiquement pas arrêté depuis la reprise le 2 janvier.
Il avait notamment dû réduire la voilure lors du stage en Afrique du Sud avec son club d’Antibes, en février : «J’avais commencé par 7 km avec intensité et après j’ai dû passer à 5 km à faible intensité.» Si, pour le commun des mortels, nager 5 km en une séance relève d’un véritable exploit, pour un nageur de haut niveau, c’est juste la routine. Des tests avaient confirmé qu’il y avait un problème : «Pour les analystes, les résultats étaient excellents. Mais dans l’eau, j’étais un cadavre, à la limite de couler. Franck (NDLR : Esposito, son entraîneur) en a parlé aux analystes, qui ont expliqué que les tests pouvaient en fait révéler complètement l’inverse. Que je faisais de la surcompensation. On m’a mis au repos.»
Et à Font-Romeu, en stage, ça commençait à aller un peu mieux… avant que tout ne s’arrête. En effet, c’est là qu’il se trouvait quand la France a basculé dans l’ère du coronavirus : «Le 14 mars, c’est la dernière fois que je suis allé à l’eau. On a mangé un truc ensemble et le dimanche, on est partis très tôt, une semaine et demie avant la fin prévue du stage. Au début, on devait s’entraîner à Antibes, mais finalement ce n’était pas possible. J’ai à peine pu entrer dans le vestiaire pour récupérer quelques affaires.»
«J’avais besoin d’une coupure»
Au départ, le groupe des nageurs se lance des challenges réguliers via réseaux sociaux : «Mais au bout de deux semaines, il n’y avait plus personne qui voulait le faire.»
À Antibes, Pit Brandenburger habite dans un petit appartement avec une terrasse. Et pour lui, la décision a été rapidement prise : «Je pouvais éventuellement rentrer au Luxembourg, mais je ne me voyais pas rester enfermé avec mes parents toute la journée.»
C’est donc dans le sud de la France qu’il débute une longue période… différente : «J’avais besoin d’une coupure. J’ai pris le temps de récupérer.»
Il s’astreint malgré tout à de l’exercice physique avec les moyens du bord : «Je n’ai pas de matériel, donc c’est uniquement du travail avec le poids du corps, du gainage, du yoga. On a un préparateur physique qui nous donne des séances tous les jours et qui essaie de varier. On a notamment travaillé en hypertrophie.»
Au début, couché à 6 h du mat, levé à 13 h
Mais il prend le temps de se reposer. De bronzer sur sa terrasse. Et, en tout cas au début du confinement, il avait quelque peu perdu la notion du temps : «C’était un peu freestyle. Comme je suis un mec de la nuit, il m’arrivait de me coucher à 6 h du mat et de me lever à 13 h»; avoue-t-il. Mais ça, c’était avant. Par la suite, il a décidé de se reprendre en main : «Désormais, je suis couché à minuit et je me lève à 8h.»
S’il a bien pris le temps de récupérer et que la piscine ne lui avait pas vraiment manqué, il a commencé à sentir une petite sensation de manque «il y a deux semaines». Et du coup, quand il a entendu que la Coque serait à nouveau ouverte le 4 mai, sa décision était prise : «J’ai appelé Christian Hansmann (NDLR : le directeur technique de la fédération) et je lui ai dit que j’avais décidé de rentrer.» Ce lundi matin, il sera aux côtés – mais à distance réglementaire tout de même – de Raphaël Stacchiotti, sous la direction de son ancien coach du SL Christophe Audot. Pour lui également, il était vraiment temps que ça se termine. Ça tombe bien, c’est pour aujourd’hui !
Romain Haas