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Pelé : «J’ai marqué un but mais Banks l’a arrêté»


Gordon Banks aux côtés de sa statue devant le stade du club anglais de Stoke City, en 2008. (photo AP)

« Aujourd’hui j’ai marqué un but, mais Banks l’a arrêté ». Cette phrase prononcée par le roi Pelé est presque aussi célèbre que le sauvetage miraculeux réalisé en 1970 par le gardien de l’équipe d’Angleterre championne du monde en 1966, mort à l’âge de 81 ans dans la nuit de lundi à mardi.

Pour beaucoup, c’est tout simplement « l’arrêt du siècle ». Ce 7 juillet 1970, au stade Jalisco de Guadalajara, le génie brésilien a été à deux doigts d’inscrire un but copie conforme de celui légendaire inscrit quelques semaines plus tard en finale de la même Coupe du monde contre l’Italie. Il s’envole à une hauteur étonnante pour reprendre un centre de Jairzinho et smashe la balle d’une tête piquée, mais dans un réflexe incroyable, Banks parvient à détourner derrière lui le ballon en corner.

« J’ai entendu Pelé crier ‘But’ après sa tête », racontera plus tard Banks, qui souffrait depuis décembre 2015 d’un cancer du rein, selon plusieurs médias britanniques. « Cet arrêt a été l’un des plus beaux que j’ai vus dans ma vie, et j’ai vu des milliers de matches », a écrit Pelé, dans un communiqué sur Facebook. « C’était la tête que je voulais faire. Parfaitement là où je voulais la mettre. Et j’étais prêt à célébrer mon but. Mais cet homme, Banks, est apparu comme une sorte de spectre en bleu. Il est venu de nulle part et a réalisé quelque chose que je pensais impossible. Il a arrêté ma tête », a-t-il poursuivi.

« Mon souvenir de Gordon ne concerne pas uniquement sa parade, même si elle a été phénoménale – je garde en tête notre amitié. C’était un homme bon et chaleureux qui a tant donné aux autres », a encore écrit Pelé.

Un surnom éternel : «Banks of England»

« Gordon est décédé paisiblement dans la nuit », a simplement écrit sa famille dans le communiqué publié mardi par son ancien club Stoke City, se disant à la fois « bouleversée » et « fière » de lui. D’autres champions du monde 1966 avaient déjà perdu la vie : le capitaine Bobby Moore, le benjamin de l’équipe Alan Ball et Ray Wilson. D’autres souffrent aujourd’hui de la maladie d’Alzheimer, comme Nobby Stiles ou Martin Peters.

L’Angleterre a quand même perdu ce fameux match contre le Brésil (1-0) mais Banks y a gagné un surnom éternel, « Banks of England » (Banks d’Angleterre). Considéré comme l’un des plus grands gardiens du monde, de la trempe de ses légendaires contemporains, le Soviétique Lev Yashin et l’Italien Dino Zoff, le champion du monde ne plaçait pourtant pas ce sauvetage au sommet de son panthéon personnel.

Il perd la vue de son œil droit et doit raccrocher les gants

« Non, c’est mon arrêt sur un penalty de Geoff Hurst contre Stoke en demi-finale de la Coupe de la Ligue en 1972 », a déclaré en 2016 Banks, qui a terminé sa carrière en club à Stoke City (1967-1973) après l’avoir débutée à Leicester (1959-1967). Grâce à cet arrêt à quatre minutes de la fin sur une frappe surpuissante du grand attaquant de l’équipe d’Angleterre, auteur d’un triplé lors de la finale du Mondial-1966 contre l’Allemagne (4-2), Stoke se qualifie pour la finale, qu’il remporte contre Chelsea à Wembley (2-1). C’est le deuxième et dernier trophée remporté en club par Gordon Banks, après une première Coupe de la Ligue avec Leicester en 1964. Quelques mois après, sa carrière s’arrête abruptement. Il perd la vue de son œil droit à la suite d’un accident de voiture et doit raccrocher les gants à 33 ans.

Obligé de vendre sa médaille de vainqueur de la Coupe du monde

Légende du poste en Angleterre à une époque où le football était encore loin d’être entré dans l’ère du sport business, Banks dut se résoudre, comme de nombreux autres champions héros de l’équipe d’Angleterre 1966, à vendre sa médaille de vainqueur de la Coupe du monde pour aider ses trois enfants à acheter leurs premières maisons. Son aura était cependant intacte. Président à vie de Stoke, il fut l’un des derniers porteurs de la flamme olympique deux jours avant l’ouverture des JO-2012 de Londres.

AFP