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Jempy Drucker : « La meilleure défense, c’est l’attaque ! »


Jempy Drucker sera coleader avec Daniel Oss, à la tête de l’équipe BMC, pour la 114e édition de Paris-Roubaix ce dimanche 10 avril. Le Luxembourgeois est forcément motivé par cette perspective, même s’il sait d’expérience qu’il faut faire preuve de prudence. Mais sa technique aboutie sera un atout pour ce «pilote» généralement adroit.

Même si la pluie est encore annoncée sur les pavés du Nord, ce vendredi et dans la nuit de samedi à dimanche, Jempy Drucker et les BMC ont effectué jeudi une reconnaissance sur des pavés secs.

Encore un petit effort. Pardon, un grand effort. Un énorme effort. Mais il aime ça, alors ça ne lui posera pas de problème. Paris-Roubaix est forcément le dernier gros bloc de la saison flandrienne de Jempy Drucker. On retiendra sa neuvième place à Harelbeke dans le Grand Prix E3 mais aussi son 19 e rang dimanche dernier au Tour des Flandres. Et il espère une grosse performance dimanche dans l’enfer du Nord.

Le Quotidien : Vous venez de reconnaître les pavés, quelles sont vos impressions?

Jempy Drucker : Contrairement à ce qu’on pensait, les pavés sont secs, et non boueux pour le moment. Ils l’étaient en début de semaine, mais avec le vent et le soleil, ils ont vite séché. Les bas-côtés restent par contre mouillés et boueux dans certains passages. Il faudra voir ce que ça donne dimanche.

Du coup, vous allez scruter la météo, non?

Non, car je sais que ça peut encore changer. Je regarderai ça samedi. Pas avant.

Revenons à la reconnaissance. Elle était indispensable?

Oui, je pense, pour rafraîchir la mémoire. D’une année sur l’autre, je me suis aperçu que les secteurs changent suivant la nature de l’hiver écoulé. Là, ce sera frais pour moi, même s’il est vrai que je connaissais déjà les tronçons.

12 avril 2015 : Jempy Drucker vient de terminer 73e et se confesse peu après son arrivée sur le vélodrome de Roubaix. (photo D.B.)

12 avril 2015 : Jempy Drucker vient de terminer 73e et se confesse peu après son arrivée sur le vélodrome de Roubaix. (photo D.B.)

Vous avez participé deux fois à Paris-Roubaix, et deux fois, vous êtes parvenus à l’arrivée. Avec cette expérience, que pouvez-vous en dire?

C’est une course vraiment spéciale. C’est la guerre, cette classique avec tous ces secteurs pavés. Et puis, c’est vraiment la seule course où le lundi, le mardi et même le mercredi qui suivent, tu as le sentiment d’être cassé de partout. C’est la seule classique où les chocs sont si violents. C’est ce qui m’a marqué lors de mes participations. Ce n’est comparable en rien avec les autres classiques. De l’autre côté, on vient de le voir sur le Tour des Flandres où la course peut devenir imprévisible. C’est encore plus vrai sur Paris-Roubaix. C’est quand même le seul monument en termes de classiques où un outsider comme Vansummeren (NDLR  : 2011) peut parvenir à s’imposer. Oui, une grande surprise peut arriver et chacun d’entre nous le sait.

C’est pourquoi, à chaque fois, ces deux dernières années sur le vélodrome, vous nous avez dit que vous aviez hâte de revenir l’année suivante?

C’est tellement dur et tellement beau à faire quand on est dans la course, que oui, on a hâte d’y revenir. C’est l’une de mes courses préférées. Après Roubaix, c’est comme un vide, tu es déçu que ce soit terminé.

Sur le plan tactique, vous retenez quoi de vos deux participations?

L’an passé, j’ai trouvé que ça roulait à bloc dès les premiers secteurs pavés. C’était sec et comme Greg (NDLR  : Van Avermaet, leader de la BMC l’an passé, mais aujourd’hui blessé, victime d’une fracture de la clavicule sur le dernier Tour des Flandres) avait dû sauter son ravitaillement, je l’avais dépanné avant d’être victime d’une fringale. Je sais que je n’ai jamais retrouvé mon deuxième souffle, je suis resté à l’arrière, pas bien loin, mais une fois que j’ai perdu le contact, je ne suis plus revenu. C’était un peu le scénario inverse de 2014 où j’ai terminé à la 20 e place. Je me souviens d’avoir sauté autant que je pouvais dans tous les coups après la tranchée d’Arenberg. J’étais davantage dans la course, la motivation était à bloc. Plus les secteurs passaient et mieux je me sentais. J’en ai déduit cette logique  : pour moi, sur Paris-Roubaix, la meilleure défense, c’est l’attaque.

La course se fait donc devant?

Oui, si tu es devant, mais pas seulement, que tu attaques, ton moral monte en flèche, contrairement à ce qui se passe si tu ne fais que suivre les à-coups de la tête de course.

Chez BMC, vous voilà confronté à un nouveau contexte comme vous nous le rappeliez dimanche passé à l’issue du Tour des Flandres. Dimanche, au départ de Compiègne, vous serez donc coleader avec Daniel Oss…

C’est assez logique, oui. Lorsque Greg (Van Avermaet) était là, on était les deux qui étaient désignés pour l’escorter sur le final. Greg étant blessé, c’est à nous que revient le rôle de faire du mieux possible à l’arrivée. On sera donc protégés.

On imagine donc que l’hypothèse de vous voir aller dans un coup ne sera pas grande, non?

Tout dépend. C’est vrai que Roubaix, c’est spécial. On sait que des coureurs de l’échappée matinale peuvent survivre. Dans ce cas-là, c’est très intéressant. Le problème, c’est d’abord que 80  % des coureurs du peloton de départ voudront y aller. Si tu attaques cinquante fois pour faire partie de ce coup et qu’au bout du compte, tu n’y arrives pas, ta course est finie avant d’avoir commencé. Les conditions météorologiques du jour auront aussi leur importance. Mais sur le final, si on peut, c’est sûr qu’il faut attaquer.

La journée idéale pour vous dimanche, ce serait quoi?

( Rires ) Ah! Il faut avoir de la chance et encore de la chance. Rester à l’avant toute la journée, éviter les nombreuses chutes qui vont survenir, ne pas subir de crevaisons. L’idéal, c’est encore de rouler agressif sur le final et que tout tourne dans le bon sens.

Reparlez-nous encore une fois des grands favoris…

Sagan était déjà très fort dimanche car vous avez vu comme il s’est joué de ses deux derniers adversaires? On ne l’a pas encore vu, jusqu’ici à ce niveau-là. Quel que soit le parcours, il sera très à l’aise. C’est un super technicien. Après, Vanmarcke, Cancellara, Kristoff seront là. Boonen et Terpstra aussi, car ils ont l’expérience, dans l’enfer du Nord. Le Tour des Flandres a permis d’y voir plus clair. On sait qui est forme au fil des côtes. Paris-Roubaix, c’est tout plat, mais les mecs en forme une semaine avant, le seront encore. Et il faut ajouter ceux qui ne marchent presque que sur Paris-Roubaix, des coureurs isolés, qui passent les pavés à l’arraché. Ils roulent, ils roulent, jusqu’au vélodrome.

Le vélodrome, justement, parlez-nous-en…

C’est aussi ça Paris-Roubaix. C’est quand même la seule classique où tu vois des coureurs s’arracher pour finalement arriver hors délais. Car tout le monde, même les coureurs en difficulté, veulent finir sur le vélodrome. Là, c’est magique. Tu roules toute la journée dans la caillasse, dans la merde, t’as mal partout, surtout au cul, et tu arrives sur un vélodrome propre et lisse. Dans cet endroit mythique. Tu sais que ça vaut le coup d’y arriver. Et si possible devant!

Denis Bastien

roubaix

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