Si le F91 n’a qu’un gardien à l’heure actuelle, c’est parce que Miguel Palha n’a toujours pas le droit de jouer. Au point d’en être devenu dépressif.
Le leader de BGL Ligue n’a qu’un gardien de but. Regardez ses feuilles de match : s’il arrive quelque chose au jeune Enzo Esposito, 23 ans, le F91 est mal, il n’a personne d’autre en réserve. Jamais.
C’est donc avec une relative impatience que Dudelange attend la fin d’année et d’avoir le droit de recruter, tant cette phase des matches aller aurait pu très mal tourner.
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Jonathan Joubert blessé au tendon d’Achille et absent pour longtemps, il ne peut en effet pas non plus compter sur Miguel Palha. On entr’aperçoit pourtant régulièrement le gardien portugais, qui file un coup de main lors des échauffements, chaque dimanche après-midi.
Mais pas plus, il retourne ensuite s’habiller et grimper en tribunes. Et pour cause : le F91 s’est vu refuser cet été son prêt au motif que Pétange en avait déjà accordé quatre à d’autres clubs.
Le début d’une lente descente aux enfers toujours pas achevée pour le portier, qui a d’autant plus de raisons d’en souffrir qu’un premier prêt lui avait permis de faire six mois au stade Jos-Nosbaum (cinq matches disputés) et qu’il était convenu qu’il serait suivi d’un deuxième en juin.
À 100 euros le point, à 2 250 euros par mois, j’ai perdu 23 250 euros dans cette histoire
«Je me souviens quand j’ai appris qu’il y avait un problème, explique le joueur : quatre jours plus tôt, j’avais accepté de me faire opérer du ménisque alors que je n’étais pas couvert. Le F91 et moi, on avait décidé d’anticiper pour gagner du temps en vue de l’Europe et de payer à parts égales les frais de l’opération, pour un montant de 5 200 euros. Moi, j’ai payé 2 600 euros de ma poche. Je ne me suis du coup jamais fait rembourser.»
L’argent, c’est un vrai problème pour cet ancien de Guimarães revenu du Portugal après une première expérience au Titus, pour s’installer pour de bon cette fois. Il a fait les comptes : neuf mois qu’il est sans contrat et ne touche donc pas de salaire ni ne touche de primes de match. «À 100 euros le point, à 2 250 euros par mois, j’ai perdu 23 250 euros dans cette histoire.»
Dans une première entrevue de conciliation avec les deux clubs, Palha s’est vu entendre confirmer qu’il ne pourrait pas revenir à Pétange, qui avait tout ce qu’il faut au poste. «J’ai même lu dans un mail que « même si j’étais gratuit« , on ne voudrait pas de moi», grince le joueur.
Mais pour le F91, forcément, il était hors de question de continuer à le payer s’il ne pouvait pas jouer. En revalidation de son genou, sans travail, sans ressources, loin de chez lui, Palha a alors lentement commencé à s’enfoncer. «Je n’essayais même plus de sortir de mon lit.»
Je suis le seul qui n’ait pas commis de fautes
Sa copine se rend compte qu’elle ne parvient plus à l’aider, qu’il en vient même à cacher sa situation désespérée à ses parents pour ne pas qu’ils s’inquiètent, depuis le Portugal, et décide de décrocher son téléphone : «Et j’ai dû aller voir un psy. C’était trop dur.»
Dépressif, Palha peut alors heureusement compter sur de l’aide. Artur Abreu, son ancien coéquipier et capitaine de Pétange, qui l’héberge voire le nourrit au besoin. Sergio Costa, son entraîneur des gardiens, qui vient de lui dégoter un boulot au CIGL. Mais aussi le syndicat des joueurs du Portugal, qui tente de l’épauler à distance.
«Mais ma vie est quand même en train de changer complètement à cause de l’erreur de quelques personnes. En fait, je suis le seul qui n’ait pas commis de fautes et si je vais rester au Luxembourg, où j’ai décidé de faire ma vie, je suis pour l’heure bloqué au niveau du football.»
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Pétange‚ n’ayant pas souhaité le reprendre, le F91 ne pouvant pas lui faire de contrat, aucun club de BGL Ligue n’ayant légalement le droit de l’embaucher cette saison, il faudrait à Palha, qui pourrait postuler dans n’importe quelle équipe du haut de tableau, se résoudre à se relancer en PH. «Mais de toute façon, qui cherche un gardien en hiver ?». Et pourquoi pas ? Après tout, même s’il ne le voulait pas, il est bien devenu jardinier en automne…
Julien Mollereau
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Normal que les psys sont débordés alors, pour vrais problèmes, p ex. Deuil…