Mandy Minella entame cette nuit aux Antipodes le premier Grand Chelem de sa dernière saison sur le circuit professionnel. Le tout, évidemment, sur fond de catastrophe naturelle…
Le plus important «mégafeu» du pays, qui brûlait depuis près de trois mois, a beau avoir été maîtrisé par les pompiers australiens et 50 millimètres de pluie avoir été annoncés pour la semaine prochaine dans certaines régions touchées par les incendies, la situation de l’Australie n’en reste pas moins toujours aussi préoccupante. Mais cela n’a pas empêché les qualifications de l’Open d’Australie, la première levée du Grand Chelem de 2020, de débuter la nuit dernière. Pour une édition qui ne devrait pas vraiment être très différente des précédentes si l’on en croit la n° 1 luxembourgeoise, Mandy Minella (34 ans, 140e mondiale). Cette dernière entrera, elle, en lice la nuit prochaine.
L’OPEN D’AUSTRALIE 2020
«Il y a trop d’argent en jeu»
«Le tournoi ? Tout est comme d’habitude. Il n’y a rien de très différent», lance Mandy Minella quand on évoque avec elle le premier Grand Chelem de 2020. «Les gens qui habitent ici parlent forcément tous de ces feux qui ravagent le pays. Mais au niveau de l’organisation, rien ne change vraiment. Certes, on a reçu un mail qui expliquait que si la qualité de l’air passait un certain stade, les matches d’une journée pourraient être reportés. Comme il existe aussi ici depuis quelques années une « heat policy » concernant la chaleur. Mais il n’est pas question d’annuler ni de repousser le tournoi. Il aura bien lieu dès la semaine prochaine pour son tableau final. Il y a trop d’argent en jeu pour qu’il n’en soit pas ainsi.»
Comme la joueuse eschoise l’expliquait dans ces colonnes la semaine dernière, les feux, elle en entend parler chaque année en janvier lorsqu’elle vient en Australie pour le début de saison. «Mais cette fois, c’est bien pire que d’habitude. La situation est catastrophique. Quand vous voyez qu’une île magnifique comme Kangaroo Island est déjà perdue aux deux tiers… Ici, à Melbourne, tout dépend du vent. S’il tourne dans le mauvais sens, on a droit à de grosses fumées. À un point tel qu’on ne voit plus alors les sommets des gratte-ciels de la ville… Quand cela souffle dans l’autre sens, le ciel est, par contre, tout bleu. Mais quand tu es là pour jouer au tennis, tu te concentres sur ton job, en essayant de ne pas trop regarder les news à la télévision. Si on en parle entre joueurs et joueuses en coulisses ? Oui, c’est un sujet qui revient. Mais ce n’est pas le seul. On est beaucoup à avoir fait un don. Chacun à son niveau évidemment. Car je n’ai pas le même budget que la n° 1 mondiale. Mais on tient tous à marquer notre soutien.»
SA PRÉPARATION
«J’ai pu enchaîner les matches… d’entraînement»
Ces deux dernières années, Mandy Minella avait quitté le Luxembourg dès la mi-décembre, direction les Antipodes après une halte sur la route pour un tournoi au Moyen-Orient. Il n’en a pas été de même cette fois. «Ma saison s’est finie tard et j’étais un peu fatiguée pour jouer des tournois comme Dubai ou Limoges. On est donc restés plus longtemps à la maison et j’ai bossé le foncier trois semaines avec Michaël Bellaca, le préparateur physique de la FLT», glissait hier la n° 1 luxembourgeoise.
Pas de rendez-vous WTA à son programme de ce début d’année mais l’ITF 25 000 dollars disputé à Bendigo la semaine dernière. Avec l’envie d’enchaîner les matches avant Melbourne. Ce qui n’a pas été le cas puisqu’elle a été éliminée dès le 2e tour. «Je ne peux pas dire que ça m’a rendue heureuse… J’ai connu à chaque fois des débuts de partie compliqués qui m’ont obligée à courir après le score. Il faut que j’essaie de changer ça si je veux réussir quelque chose cette semaine. Mais pour le reste, j’ai pu enchaîner ici les matches d’entraînement face à des filles comme Anett Kontaveit (WTA 29) ou Madison Brengle (WTA 93) et pas mal de séances au service aussi. Et, au final, ma préparation a été très bonne.»
SON OPEN D’AUSTRALIE
«Je pense souvent au fait que c’est ma dernière fois»
La nuit prochaine, Mandy Minella, 29e tête de série, affrontera au 1er tour des qualifs la Française Jessika Ponchet, 23 ans et actuelle 187e mondiale. «Je ne la connais pas vraiment, ne l’ayant jamais affrontée et ne m’étant jamais entraînée avec elle», glisse l’Eschoise de 34 ans. «On a commencé à regarder certains de ses matches, à les analyser. On ira aussi jeter un œil à son entraînement, histoire de trouver les clés pour la battre», lançait hier Mandy Minella.
La 140e joueuse mondiale ne veut rien laisser au hasard pour son neuvième et sans doute dernier Open d’Australie chez les pros. «Je pense souvent au fait que c’est ma dernière fois. Et j’essaie d’en profiter au maximum…» Elle en a des souvenirs à Melbourne, là où elle fit ses premiers pas dans un Grand Chelem. C’était en 2003 chez les juniors. «Mon premier très long voyage», sourit-elle.
«Je m’en souviens très bien. J’avais pris une caméra vidéo avec moi. Celle de mon père, je pense. Histoire de tout filmer. Car l’Australie, ce n’est pas la porte à côté. Et à l’époque, on n’avait pas forcément accès à tout aussi facilement qu’aujourd’hui. Et puis, à ce moment-là, je ne savais pas si je pourrais revenir un jour. Alors j’avais tout enregistré sur bande : le chemin en voiture avant l’arrivée au stade, des bêtises aussi qu’on avait dites dans la chambre avec Pauline (NDLR : Parmentier, la joueuse française grande amie de Mandy)… Je dois encore avoir la cassette à la maison…»
Julien Carette