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Open d’Australie : jusqu’où Muller peut-il aller ?


Open d’Australie – Parti de Melbourne sur un 8e de finale face à Novak Djokovic, Gilles Muller peut viser le top 30. Voire plus.

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Conserver le niveau affiché en Australie, voilà le défi que se fixent Gilles Muller et ses entraîneurs. (Photos : AFP)

> Il a encore très faim

Ça se sentait encore en fin de saison dernière, alors que la plupart avait la tête aux vacances. Ça se sent d’autant plus aujourd’hui. À 31 ans, Gilles Muller a fait un pacte avec lui-même lorsque sa blessure au coude gauche fut enfin derrière lui, en janvier, l’an dernier. « J’ai deux enfants et ma femme à la maison. Je me suis dit qu’à partir de maintenant, quand je partais sur des tournois, c’était pour y faire de bonnes choses. Je ne veux pas perdre mon temps. Je sais que je suis dans la dernière ligne droite de ma carrière. Et puis, je pense aussi être plus discipliné, plus concentré sur ce que j’ai à faire à l’extérieur du court. »

Un discours et une attitude qui enchantent son coentraîneur (avec Jamie Delgado), Alexandre Lisiecki. « Sa démarche est celle des « top-players », assure ce dernier. Il cherche à progresser, il est comme un junior. Il veut améliorer son approche des matches, il veut améliorer sa technique, il veut améliorer son physique. Ça fait quinze ans qu’il le fait mais il veut persévérer là-dedans en étant prêt aussi à faire des choses différemment. »

> Il s’est renforcé sur le plan mental

À Wimbledon la saison passée, Muller avait confié s’être laissé impressionner par l’événement au moment de jouer Roger Federer, au 2e tour, sur le fameux court central londonien (3-6, 5-7, 3-6). Ça avait été moins le cas à Bâle, où le Suisse jouait chez lui, adulé par toute une ville, en dépit du fait que le n° 1 luxembourgeois était complètement passé au travers de son match (2-6, 1-6).

À Melbourne, il a semblé plus serein, plus confiant. « Il maîtrise beaucoup mieux ses émotions. Il a travaillé pour cela, ne s’étonne pas Lisiecki. Chez Letzserv (NDLR : la structure au sein de laquelle s’entraîne Muller au Luxembourg), on fait intervenir quelqu’un qui l’aide et qui a débloqué un certain nombre de choses. On a fait un très gros travail lors de la préparation hivernale. Sur cette tournée australienne, la manière dont il finit le match face à Bautista Agut ou Isner, il l’a peu fait dans sa carrière. Et il le sait. »

> Il s’est renforcé sur le plan physique

Sa blessure au coude gauche, qui l’a privé de compétition durant sept mois en 2013, a au moins une conséquence positive. Durant cette période, Muller a effectué un travail foncier qui, l’estime-t-il, paie aujourd’hui. « J’ai beaucoup plus confiance en mon corps, a-t-il expliqué en Australie, avant de s’envoler pour le Luxembourg. À l’époque, je ne pouvais pas toucher une raquette. J’ai utilisé ce temps pour me remettre en forme. Avant, je sentais que mon corps était un peu fragile. J’ai toujours eu des petites blessures. » Il n’y a plus qu’à espérer que cela soit de l’histoire ancienne.

> Il va atteindre le meilleur classement de sa carrière

Jusque-là, Muller n’avait jamais dépassé le 42e rang mondial, qu’il a retrouvé il y a dix jours, plus de trois ans après l’avoir quitté. On le sait : lundi prochain, il intégrera le top 40 pour la première fois de sa carrière (lire ci-dessous). « Tout le mérite lui revient. Après avoir été blessé encore une fois, il y a un an et demi, il s’est dit : « J’ai encore un truc à faire et je vais bosser comme un malade. » C’est en étant humble comme il l’est qu’on peut faire de belles choses. C’est une belle histoire, franchement, raconte Lisiecki. Il y a un an, on partait ensemble à Stuttgart sur un 10 000 dollars où son niveau de jeu était vraiment mauvais. C’était normal, ça faisait huit mois qu’il n’avait pas joué. On n’était même pas sûrs qu’il le pouvait. On était partis là-bas en se disant : « Allez, il faut bien commencer par quelque chose. » Il a fait un premier tour correct, un deuxième vraiment pas bon. Mais on n’a rien lâché. Rien du tout. Aujourd’hui, il peut savourer ce qui lui arrive. Ça fait plaisir pour lui. »

Mais cette entrée dans le top 40 n’est pas une fin en soi et ne signifie pas grand-chose aux yeux de Lisiecki. « Il faut qu’il arrive au 32e rang pour être sûr d’être tête de série dans les Grand-Chelem. Ça, ça veut dire quelque chose car on est sûrs de ne pas jouer tout de suite un joueur du « big four », du « big ten » ou même du « big twenty ». »

> Le top 30 dans le viseur

Pour son entraîneur, ça ne fait aucun doute. Le n°1 luxembourgeois a les moyens de se faire une place dans les trente meilleurs mondiaux cette saison, si ce n’est pas plus. Quand on voit les morceaux qu’il a accrochés en Australie (l’Espagnol Roberto Bautista Agut, n° 16, au 2e tour et l’Américain John Isner, n° 21, au 3e tour, après s’être débarrassé de l’Espagnol Pablo Carreno Busta, n° 52, au 1er tour), on voit bien le niveau qu’il est capable d’atteindre. Alors, pourquoi pas le top 20 ?

« Ça m’étonnerait qu’il ait envie de s’arrêter là, et c’est pareil pour nous. On n’est pas plus cons que les autres. Il a encore une marge de progression dans certains domaines, en constance notamment », glisse Lisiecki. En d’autres termes, si Muller maintient le niveau de jeu qui a été le sien à Melbourne lors des prochains tournois, à Zagreb (s’il y va : il donnera sa réponse vendredi), Rotterdam, Marseille et Dubai, il continuera de grimper au classement ATP. « Ça va être un défi pour tout le monde de maintenir ce niveau-là sur trois mois, six mois ou une saison », complète son entraîneur. On n’a donc peut-être pas fini de voir le Schifflangeois affronter les tout meilleurs joueurs de la planète.

De notre journaliste Raphaël Ferber


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