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[Omnisports] Armée luxembourgeoise : une instruction un peu spéciale


À l'image de Max Mannes et son double mètre, les futurs sportifs d'élite de l'armée luxembourgeoise sont également mobilisés en ces temps de crise. Pour leur plus grande fierté. (Photo : EMA)

Les futurs sportifs d’élite de l’armée luxembourgeoise ont vu leur instruction de base prendre un tournant forcément inattendu depuis quinze jours. Ils sont à la maison… mais prêts à répondre au moindre appel.

L’armée luxembourgeoise est souvent le meilleur moyen pour un sportif d’élite, de vivre de sa discipline. Pendant huit ans, il est sportif d’élite de l’armée, ce qui lui permet de se consacrer entièrement à son sport, en entraînement comme en compétition. L’armée lui demande simplement de bien vouloir participer, en échange, aux manifestations sportives internationales militaires, comme les Jeux mondiaux.

Mais avant d’atteindre ce statut, les futurs sportifs d’élite doivent passer comme tout bidasse qui se doit, par une instruction de base, d’une durée de quatre mois au cours de laquelle chaque soldat en devenir apprend les rudiments du métier. Alors qu’il leur restait un peu plus d’un mois à accomplir dans cette instruction de base, le nageur Max Mannes et les basketteurs Ivan Delgado et Ben Kovac ont vu leur quotidien être bouleversé par la situation  sanitaire nationale. Et même mondiale. «La semaine précédente, on était tous sur le terrain. Pendant plusieurs jours, on est dans la forêt, coupés du monde. On ne sait pas ce qui se passe dehors», explique Max Mannes.

Au moment de partir pour cette mission, il se rappelle des dégâts qu’avait faits le coronavirus : «Pour moi, il était surtout en Chine et au Luxembourg, il devait y avoir sept personnes touchées. Le jeudi, je me suis rendu à l’hôpital pour mon genou et je me suis rendu compte de l’ampleur. On était passé à 70 cas. En seulement quatre jours, c’est énorme!»

Même état de sidération pour Ivan Delgado : «Un sergent m’a prévenu que la finale de la Coupe était annulée. Au départ, j’ai cru qu’il blaguait mais par la suite, j’ai compris que c’était du sérieux», confie l’arrière d’Etzella, qui devait en effet affronter les Musel Pikes en finale de la Coupe. Une fois rentrés de mission, les futures recrues ont eu droit à quelques jours off. Mais ils n’ont pas regagné la caserne le mardi, comme c’était initialement prévu : «On nous a donné rendez-vous à Diekirch pour un briefing sur la situation. On nous a expliqué qu’on devait rester à la maison tout en étant disponibles tous les jours entre 8 h et 17 h», précise Ben Kovac, sacré champion – un peu par défaut – avec le Basket Esch.

Fierté de servir son pays

Pendant leur période de confinement, les militaires en devenir ont, toutefois, des cours, ainsi qu’un programme sportif à suivre : «Cinq fois par semaine. On fait des pompes, des tractions, des dips, de l’endurance pour préparer notre test», résume encore l’Eschois. L’armée a décidé de faire appel à eux notamment à l’occasion du montage des centres de soins avancés installés aux quatre coins du pays : «On était à Luxexpo, Grevenmacher, Ettelbruck et Belval», indique Max Mannes. Et d’ajouter : «Notre lieutenant nous indique via notre groupe WhatsApp l’heure et le point de ralliement et on le rejoint. On met des masques et nos gants et on aide au montage des tentes. On l’a travaillé quand on était en mission et des gens sont là pour nous aiguiller.»

«Dans le bus, on était chacun placé à au moins 2 mètres l’un de l’autre, pour ne pas prendre de risque», souligne encore Ben Kovac. Les trois sportifs apprécient particulièrement de pouvoir se rendre utiles : «Beaucoup de gens voudraient aider mais ne le peuvent pas. Nous, on peut et on est contents de le faire», se réjouit Ivan Delgado. «Plus tard, je pourrai dire que j’ai aidé mon pays pendant cette crise», constate Max Mannes. «C’est comme être en équipe nationale. Je fais ça en été. Mais en ce moment, je sers mon pays pour quelque chose de beaucoup plus important», conclut Ben Kovac.

Se rendre utile, c’est aussi ce qui anime Julien Henx. Pendant qu’il se morfond à Dudelange en attendant de pouvoir nager à nouveau, celui qui est déjà un sportif d’élite de l’armée a déjà indiqué à sa hiérarchie qu’il était disponible en cas de besoin. Le 30 avril prochain, Max Mannes, Ivan Delgado et Ben Kovac devaient officiellement valider leur statut de sportif d’élite de l’armée. Désormais, on parle du 15 mai… tout en sachant très bien que ça pourrait être beaucoup plus tard.

À la fin de la crise, il sera temps de repenser au sport : «Pour moi, la saison est terminée. Je vais me préparer pour les championnats d’Europe de Budapest, qui ont été repoussés à la fin du mois d’août», annonce Max Mannes, qui a pour projet de rejoindre ensuite Pit Brandenburger du côté d’Antibes, sous la houlette de Franck Esposito. Quant aux basketteurs, ils ont simplement hâte de pouvoir fouler à nouveau les parquets : «Ça me manque!», lance, comme un cri du coeur, Ivan Delgado.

Romain Haas