Novak Djokovic, implacable vainqueur d’un troisième titre à Wimbledon dimanche, a prouvé qu’il était bien le meilleur tennisman du moment et peut regarder avec gourmandise l’US Open où un nouveau triplé «Majeur» lui tend les bras en septembre.
En dominant pour la deuxième année consécutive Roger Federer en finale dans le jardin londonien du Suisse, Djokovic a cimenté son statut de N.1 mondial et franchi quelques caps historiques. Avec neuf titres du Grand Chelem, il a dépassé les légendaires Jimmy Connors, Andre Agassi et Ivan Lendl (8).
Il a aussi égalé son entraîneur allemand Boris Becker, couronné à trois reprises dans le temple du tennis. S’il continue à cette allure, le Serbe, lauréat de son deuxième grand tournoi de la saison après l’Open d’Australie, peut même faire mieux que Pete Sampras et Rafael Nadal, 14 titres chacun, d’ici trois ans.
A 28 ans, le «Djoker» a encore de «belles années devant lui» et veut «repousser au maximum ses limites», a-t-il assuré dimanche après avoir embrassé la coupe dorée du All England club et savouré, au sens gustatif du terme, un peu de l’herbe du «Centre court».
Draconien sur son régime alimentaire, depuis qu’il s’est découvert une intolérance au gluten en 2010, Djokovic devient glouton lorsqu’il s’agit de tournois de tennis. Depuis le début de la saison, il en a gobé six: Melbourne, Indian Wells, Miami, Monte-Carlo, Rome et Wimbledon.
Si son appétit vorace n’avait pas calé sur Stan Wawrinka en finale de Roland-Garros, il aurait pu partir à la chasse au gibier new-yorkais avec la perspective, comme Serena Williams, de réaliser le Grand Chelem sur une année calendaire.
Soulever les quatre trophées majeurs en une saison, personne ne l’a fait chez les hommes depuis l’Australien Rod Laver en 1969. Pas même ses encombrants rivaux Federer et Nadal.
Djokovic devra, au mieux, se contenter de trois, ce qui représente déjà une prouesse. Il l’avait accomplie en 2011, année de son explosion à un niveau céleste. Et il est tout à fait en capacité de la rééditer.
Toujours aussi endurant et redoutable à la relance, Djokovic a progressé au service. Il l’a montré en claquant 13 aces et en servant près des lignes sur ses deuxièmes balles contre Federer. Il a aussi endurci davantage son mental.
Son troisième échec en finale des Internationaux de France, le seul titre majeur manquant à sa collection, aurait pu le couler psychologiquement. Il n’en a rien été. Djokovic s’est mis au vert pour repartir à l’assaut de Wimbledon avec un mental de conquérant.
Seulement 3 défaites en 2015
Sans même disputer de tournoi préparatoire sur herbe, pour la cinquième année d’affilée, «Nole» y a conservé son titre.
Cette année, son ratio victoires/défaites, donne le vertige: sur 48 matches disputés jusqu’ici, il n’en a perdu que trois. Seuls Wawrinka (à Paris), Federer (à Dubaï, dans des conditions de jeu très rapides) et le redoutable serveur croate Ivo Karlovic (lors de sa reprise à Doha en janvier) l’ont fait chuter.
«Le point crucial pour lui sera maintenant de ne pas se blesser. «L’avenir le dira mais je suis sûr qu’il a encore beaucoup de belles années devant lui», estime Federer, l’homme au 17 trophées majeurs, record absolu chez les messieurs.
A l’US Open, Djokovic aura l’occasion d’imiter le maestro suisse, dernier joueur à avoir disputé toutes les finales du Grand Chelem sur une année, en 2009.
S’il maintient sa forme resplendissante et le niveau affiché à Londres, il n’y a pas de raison qu’il ne réalise pas à New York ce «Petit» Chelem – trois titres majeurs en un an – que seul le maître suisse a réussi au moins deux fois dans l’ère professionnelle.
AFP