BGL LIGUE Le Racing, 3e de BGL Ligue à l’issue de la phase aller, veut aller à l’encontre de toutes ses erreurs du passé : il ne prendra personne cet hiver dans l’espoir de faire un podium.
Que faut-il, quand on est troisième à la trêve hivernale et qu’on aspire à rester sur le podium ? Romain Ruffier, premier joueur-directeur sportif du pays, s’est fait conseiller de «prendre un top attaquant si on veut jouer le top 3».
Mais, pour avoir déjà joué dans ce club entre 2016 et 2023, il s’est fait sa religion à ce sujet et elle va à contre-courant de la doxa habituelle : «En fait, je ne veux pas de changement. Je ne veux pas perdre l’équilibre du groupe. Je ne veux pas faire les erreurs du passé à demander du budget à la présidente sachant qu’on n’en a déjà pas et lui faire des promesses sachant qu’on n’a encore rien prouvé. En fait, j’aimerais lui prouver à titre personnel que je peux faire les choses bien sans cette rallonge. Pour rester dans le budget qu’on a convenu en début de saison.»
Calcule audible : si le Racing finit 5e ou 6e, sans l’Europe au bout, il aura «dépensé de l’argent pour rien et perdu en crédibilité pour pas grand-chose».
Ce serait, en l’état du projet de reconquête du Racing dans le cadre d’une refonte de sa méthode, réutiliser les vieilles recettes qui n’ont jamais rien amené de tangible pour le club fusionné. À ses yeux, c’est même la raison première des longues années d’échecs qu’il a suivies de tout près. De l’intérieur, même.
«Je ne veux pas qu’on ne pense qu’à ça et que le moindre match nul soit pris comme une contre-performance, que tout le monde panique et se remette en question. C’est ce que je vais éviter. Plusieurs années, j’ai connu cette situation au RFCU, où l’on est 4e ou 5e à la trêve et où tout part en sucette.»
Je ne prendrai même pas de test
Les directeurs sportifs et coaches de BGL Ligue ont pourtant une façon bien à eux de régler la question des renforts hivernaux, habituellement. C’est une phrase magique qu’ils prononcent tous invariablement à la virgule près : «Je ne prendrai personne si ce n’est pas pour améliorer la qualité du groupe.»
Or Ruffier lui, ne fera même pas l’effort d’y réfléchir, dit-il. «Je ne prendrai même pas de test. Je ne veux pas de joueur de notre effectif qui ait la pression. Je veux garder cette euphorie, cette jeunesse. J’avais peur que cela soit notre faiblesse cette année, finalement, c’est un peu ce qui a fait notre force ces six premiers mois.»
Attention, cela ne veut pas dire absolument et définitivement que le Racing ne bougera pas un orteil durant ce mercato. Mais s’il le fait, alors ce sera avec cette ligne directrice issue de sept années d’observation attentive des faillites du club de la capitale. L’exception magique, Ruffier se l’autoriserait seulement pour un profil très spécifique : le joueur qui ne jouera pas.
«Ce que j’aurais bien aimé par contre, précise-t-il en effet, c’est une profondeur de banc, un gars qui accepte d’aller sur le banc sans rien dire et ça, ce n’est pas évident à trouver. Cela peut être des mecs qui reviennent de blessure et qui accepteraient d’arriver sur la pointe des pieds en prenant justement un rôle de remplaçant. Ça, c’est un profil qui aurait pu m’intéresser, mais cela nous ramène à la question du budget et cette année, j’ai vraiment envie de faire les choses bien. Si on prend quelqu’un, ce sera quelqu’un qui ne vient pas perturber le onze de base, et qui se met sur le banc.»
Le seul souci du gardien de but, ainsi, c’est de ne pas toucher à son onze de base, de lui laisser l’occasion de tenter de refaire, sereinement et sans concurrence superflue, ce qu’il a fait en première partie de saison. Mais sans pression. «Je ne veux aucune enflammade et je vais bien le répéter aux joueurs à la reprise. Il n’y a pas de concurrence avec le trio de tête. En tout cas, je ne veux pas qu’il y en ait.»
Décidément, le RFCU a bien changé. Et si c’était ce qui lui garantissait enfin de réussir ? Ce serait un coup de génie de parvenir à faire beaucoup avec peu, quand il a souvent obtenu si peu avec beaucoup…