Maxime Chanot et Christopher Martins seront fêtés ce soir pour leurs 50es sélections. Ça pourrait aller (beaucoup) plus mal.
Le mois de mars fut une somme de petits enfers individuels. Alors que, hasard de leurs histoires personnelles, Christopher Martins et Maxime Chanot venaient de fêter ou étaient sur le point de fêter leurs cinquantièmes capes respectives avec les Roud Léiwen, un instant fort en fierté, le monde leur est méchamment tombé dessus. Ou plus précisément, les concernant, la guerre en Ukraine pour l’un, une partie encore non identifiée de Vahid Selimovic pour l’autre. Leur moment de solitude, tous les deux l’ont vécu à Zenica.
Christopher Martins, nouvelle recrue du Spartak Moscou, venait de rentrer en passant par la Turquie (l’un des rares espaces aériens permettant encore de rallier l’Europe après que l’Union en a interdit le survol à l’aviation russe). Quatre jours après sa cinquantième sélection, contre l’Irlande du Nord (1-3), Luc Holtz lui avait sûrement demandé de l’accompagner en conférence de presse pour parler un peu de huit années de fidélité, mais là, dans la petite salle mise à leur disposition par la fédération bosnienne, les médias ont choisi de s’appesantir sur ce qui était le moins susceptible de filer la banane au milieu de terrain récupérateur : l’exclusion des clubs russes, et donc du Spartak, de toute compétition européenne, mais aussi les briefs de son club et ce qu’il devait répondre si l’on devait lui parler de l’ambiance dans un pays en guerre. Fatalement, cela a fini par le lasser. On avait prévu de parler de ses 50 sélections, l’occasion fut perdue quand la séquence questions-réponses a été interrompue avec un peu d’avance.
Trois autres d’ici à la fin de l’année?
Pour Maxime Chanot, ce fut pire encore puisque sa 49e sélection a failli être la raison pour laquelle il y aurait pu ne jamais en avoir de 50e, contre la Lituanie, il y a une semaine. Le coup pris dans un contact avec son coéquipier Vahid Selimovic a déjà été raconté à tant de reprises que s’il ne doit en rester qu’une chose, ce serait cette phrase, glaçante, du New Yorkais : «Pendant dix jours, je risquais de perdre mon œil à tout moment». Sa prière traditionnelle avant le coup d’envoi à Vilnius, mardi dernier, devait être un peu plus chargée en significations que d’habitude…
Ces déceptions, ces angoisses, n’auront plus lieu d’être ce samedi dans l’ambiance d’un stade à guichets fermés qu’ils méritent tous les deux. Après deux sorties extrêmement costaudes des deux joueurs contre la Lituanie et les Îles Féroé, «Kiki» en profitera même pour être célébré avec le brassard au bras, en l’absence de Laurent Jans. L’épine dorsale du secteur défensif a enfin de la chance : quand d’autres se sont contentés de recevoir leur montre souvenir lors d’obscurs matches amicaux, eux auront les honneurs d’un choc magistral après avoir joué cinq des sept derniers matches internationaux à l’étranger.
D’autres vont suivre. Car dans cette équipe qui commence à être très expérimentée (malgré la présence des tout jeunes Olesen et Borges, et alors que Jans – 85 – et O. Thill – 40 – n’étaient pas là, le dernier onze de départ affichait une moyenne de 34 matches internationaux), Moris (47), Carlson (42), Sinani (45) et Gerson R. (45) ne vont plus tarder à être aussi cinquantenaires. Imaginez tout ce qu’on peut faire avec autant de matches en magasin…