Pas de blague ! Il faut battre Saint-Marin et si possible très largement, pour rêver d’une qualification.
On ne sait pas encore s’il y aura des retombées sportives – une qualification – ou financière – un million d’euros pour le vainqueur de groupe – à cette Nations League. Mais on aimerait bien imaginer que ce mardi soir, il y a aura, déjà, un véritable appel d’air moral. On l’a déjà senti en conférence de presse, au Stadio Olimpico, lundi soir. Luc Holtz a utilisé des tournures de phrase très spéciales. «On respecte beaucoup cette équipe», «On ne les sous-estime pas», «On a préparé ce match comme tous les autres.»
Vous les avez reconnues ces phrases ? Oui, ce sont exactement celles qu’utilisent les grandes nations de ce sport quand elles jouent le Grand-Duché. De la condescendance déguisée et ça fait du bien, enfin, de l’entendre dans la bouche de quelqu’un de la FLF.
Même s’il est dans l’obligation de dire le contraire, le sélectionneur sait que ses joueurs sont ultrafavoris dans ce duel de nains (géographiques) du football. Et il ne faut pas s’y tromper : tout autre résultat qu’une victoire, ce soir, serait un séisme aussi douloureux que l’avaient été les défaites contre le Liechtenstein en 2004 et 2005. Pas un traumatisme parce que treize ans plus tard, il y a les bases pour survivre à un déraillement dans cette enclave où tout le monde s’impose. Mais une remise en cause des chances du pays de jouer la première place du groupe 2, ça, c’est certain. On n’y croit pas une seule seconde, mais Holtz a quand même verrouillé sa com, au cas où : «Ce ne serait pas un drame de ne pas gagner ici. Gagner nous mettrait dans une situation agréable, mais avec 4 points en deux matches, on serait dans les plans.»
«Rester calme»
Que ceux qui n’y croient pas une seconde lèvent la main ! Bien évidemment que le Luxembourg est là pour tout prendre. Les trois points et un coup de boost supplémentaire au goal-average si possible. Il y a même un listing complet de ce qu’il faut faire ou pas contre le bloc bas qu’opposera Saint-Marin, pour ne pas s’y casser les dents. «Être présent dans les duels, ne pas stresser, jouer à un rythme élevé, mettre de l’intensité, avoir une bonne circulation, faire les efforts sans ballon, utiliser les flancs.» C’est tout un programme que Luc Holtz a égrené. Celui des équipes qui doivent faire le jeu.
C’est ce qu’ont expérimenté les Roud Léiwen à Malte (0-1), en mars. Et Laurent Jans se souvient qu’il y a six mois, tout n’avait pas été parfait. «Il faudra rester plus calme, ne pas forcer les choses, faire tourner et guetter les ouvertures», énumère le capitaine. «Mais on sait qu’on a désormais la maturité pour le faire.» Et les qualités individuelles. Les Italiens appellent ça les joueurs «fuoriclasse». Qui sortent de l’ordinaire.
Ce n’est pas une garantie, Holtz le sait très bien, lui qui sort des résultats régulièrement face à des adversaires mieux outillés que lui individuellement. C’est le même piège qu’il craint à l’ombre des pins, à quelques kilomètres des kilomètres de plages plantées de parasols de Rimini. Et c’est bien pour ça que tout favori qu’il est, il continue de jouer à cache-cache avec la terre entière pour que personne ne puisse deviner son onze de base. «L’effet de surprise, c’est déterminant», lance-t-il. S’il pouvait ne pas y en avoir, ce soir, de surprise…
A Serravalle, Julien Mollereau