[Championnats d’Europe en petit bassin, à Netanya] Raphaël Stacchiotti, 6e du 400m quatre nages jeudi en explosant son record national, est sur son petit nuage.
Sixième à l’issue des séries du matin, au cours desquelles il met déjà une petite claque à son précédent record national, le faisant passer de 4’09″76 à 4’08″21. Mais l’après-midi, il explose tout et porte son temps de référence à 4’06″48. «Un truc de ouf», comme le répète à l’envi l’Ettelbruckois.
Que ressentez-vous après une telle performance ?
Raphaël Stacchiotti : C’est un truc de ouf, ce qui se passe. Le matin, j’ai fait l’une des courses les plus dures de toute ma carrière. Parce que je suis parti très vite ! 1’59 au 200 m par rapport à Aix-la-Chapelle (NDLR : lors de son précédent record il y a un peu plus d’un mois) où j’étais parti en 2’03. Du coup, je prends cher derrière, mais je me bats comme un malade pour finir. De toute façon, il fallait risquer, sinon j’aurais eu du mal à revenir.
Tout cela vous permet de vous classer sixième et de vous offrir une place en finale !
Sur cette finale, je voulais mieux gérer ma course. Et mon objectif était donc de partir plus lentement que le matin. C’est pour cela que je démarre tranquillement en pap. Je suis long, je chercher surtout la glisse et je constate que je suis avec les autres. Je me dis : tiens, ça part plutôt bien. Le matin, j’avais dû vraiment pousser en dos et je l’avais payé par la suite en terminant 59′ en crawl, chose qui ne m’arrive jamais. Donc je me suis vraiment concentré sur tous les petits détails techniques, j’ai essayé d’être bien sur les coulées et les reprises de nage et je n’en ai pas raté une seule. Du coup, j’arrive aux 200 m en sachant qu’il me reste encore des cartouches. Je passe en 2’00, donc top. Du coup, en brasse, je cravache, je cravache et je sens que je suis plus rapide que le matin. Si bien que quand le crawl arrive, j’ai encore des bras, j’ai encore des jambes et j’envoie la sauce. Et je reviens en 56″9 contre 59″5 le matin. Mon deuxième 200, je le fais en 2’05 contre 2’09 en séries.
Quand vous touchez la plaque et que vous croyez voir un 4’08, quelle est votre réaction ?
Je suis fou de joie ! C’est de la balle. Demain (NDLR : vendredi) il y a le 200 m, ensuite le 100, je m’éclate !
On imagine que vous avez des ambitions sur le 200 m quatre nages, votre course de prédilection ?
Bien sûr. Je sais qu’il faudra être présent dès le matin, car c’est la finale directe après les séries. Et franchement, si je n’atteins pas la finale, je serais vraiment déçu, car je sais que je peux aller vraiment beaucoup plus vite l’après-midi que le matin. Mon record est de 1’56″11 à Doha, l’an passé, et je pense qu’il faudrait être plus rapide en séries pour se hisser en finale. Maintenant, si j’explose mon chrono et que je fais un 1’55″00 et que je termine dixième, je ne pourrais pas m’en vouloir. Mais je sais que je peux aller plus vite l’après-midi. Donc, à moi de tout faire pour aller chercher cette finale ! L’objectif, c’est d’aller à fond dès le matin.
Comment expliquez-vous ces superbes résultats ?
C’est un tout. J’ai changé pas mal de choses dans ma vie. Je pense que les kilomètres effectués à Marseille commencent enfin à payer. Et la combinaison entre l’expérience acquise à Marseille et la connaissance qu’a Ingolf (NDLR : Bender, l’entraîneur national) de moi, tout cela ça marche bien. On a trouvé la bonne formule à l’entraînement. Sur toutes les courses, je suis fort alors que je ne dois pas forcément l’être. Et puis, c’est vrai que j’ai changé mon alimentation, je n’ai plus bu une goutte d’alcool depuis trois mois et ça va rester comme cela jusqu’à Rio. J’ai perdu du poids, trois kilos je crois, depuis l’été, mais tout en gardant ma force. Et maintenant, j’arrive à transmettre l’énergie et la force que j’ai à l’entraînement en course. À l’entraînement, on axe davantage sur la qualité plutôt que sur les kilomètres !
Entretien avec Romain Haas