23e EURO MEET Le sport est presque passé au second plan lors de cette première journée. Endeuillé par la perte d’un proche tué la veille au combat, l’Ukrainien Mykhailo Romanchuk s’est accroché pour remporter le 1 500 m, vendredi.
Résilience. Depuis bientôt un an que Vladimir Poutine a décidé de s’attaquer à l’Ukraine, il ne se passe pas un jour sans que l’on voie le fier peuple ukrainien faire preuve d’un courage incroyable. D’une résilience à toute épreuve. Et les nageurs qui arborent le drapeau jaune et bleu sont faits du même bois.
À l’issue de sa victoire à l’arraché sur le 1 500 m face à l’Irlandais Daniel Wiffen (14’59“28 contre 15’00“34), Mykhailo Romanchuk, qui échoue de 6“ à son record du meeting, a pris le temps de livrer ses impressions. Tout de suite, on l’a senti très ému. Et on a vite compris pourquoi : «Hier, j’ai appris qu’un de mes amis était mort en Ukraine. J’ai très mal dormi», confie l’ancien recordman du monde de la distance, également blessé à l’épaule. «Il était plus jeune que moi!»
«De la chance d’être vivants»
L’horreur de la guerre, Mykhailo Romanchuk y a été confronté de près. Quand la guerre s’est déclenchée, une bombe a en effet explosé tout près de l’endroit où lui et notamment Denys Kesil, qui a remporté le 200 m pap vendredi, s’entraînaient, à quelques kilomètres de Kiev : «On a de la chance d’être vivants!». Son propre père a également failli mourir au front.
Vous avez dit résilience? «C’était une course très dure pour moi. Mais même si je ne suis pas en bonne forme, le but c’était d’être fort mentalement.» Il se réjouit de retrouver l’Euro Meet, une compétition à laquelle il participe depuis plus d’une dizaine d’années. Et d’une certaine manière, lui aussi se bat pour son pays : «Désormais, je m’entraîne à Magdebourg. Je ne vois que rarement mes parents, qui viennent de l’ouest de l’Ukraine, près de la frontière polonaise. Nous, les Ukrainiens, nous sommes des combattants. Et on défend notre pays également en participant à des meetings internationaux comme celui-ci.»
Il tient également à s’élever contre certaines rumeurs, qui prévoient d’accorder la possibilité à des athlètes russes et biélorusses de participer aux JO : «Comment peut-on dire cela alors qu’énormément de jeunes Ukrainiens sont morts? Les JO c’est normalement un symbole de paix. Comment peut-on envisager de voir certains sportifs qui soutiennent ces terroristes, comme Evgeny Rylov avec qui j’ai participé à des camps d’entraînement, y participer? Je ne sais pas comment je réagirais si je le voyais. Mais ce qui est sûr à 100 %, c’est que si les Russes sont autorisés à participer, les Ukrainiens boycotteront les JO.» Et de plaider pour qu’on aide son pays : «Les Ukrainiens sont en train de mourir et certains refusent d’envoyer des chars et des armes. Pourquoi? Et surtout, on peut se demander qui sera le prochain en Europe?» Et de conclure : «Nous sommes ukrainiens. Et aujourd’hui, même si on est complètement finis, on se battra jusqu’au bout.»
Vous avez dit résilience…