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[Natation] Rémi Fabiani : «Frustrant, mais rien à me reprocher»


Rémi Fabiani peut avoir le sourire : il a réalisé de superbes championnats d’Europe.  (Photo : dr)

APRÈS SES CHAMPIONNATS D’EUROPE Auteur d’une semaine énorme, Rémi Fabiani échoue d’un rien à se qualifier pour Paris. Mais il veut retenir le positif.

Quel est le sentiment qui domine?

Rémi Fabiani : C’est une situation compliquée. Je fais les meilleurs championnats d’Europe de ma vie. Peut-être même les meilleurs pour un nageur luxembourgeois. Mais malheureusement, il n’y a pas la qualification olympique à la fin. C’est très frustrant. Surtout de ne pas avoir une autre chance. Car je sais que plus je nage, plus je suis rapide. D’un côté, c’est une des plus grosses déceptions de ma vie. Mais en même temps, pour une fois, je n’ai vraiment rien à me reprocher.

Ce n’était pas le cas d’habitude?

Pour la première fois, j’ai l’impression d’avoir vraiment été au rendez-vous sur un grand championnat. Que ce soit Fukuoka, Rome ou Budapest, il y avait toujours un truc qui n’allait pas. Ici, j’ai l’impression qu’avec Ralph (Daleiden), on a pris une place importante dans la natation européenne. On fait partie des gens qui nageons en demi-finale et qui jouent la finale. Christophe (Audot, le DTN) dit qu’on a franchi un cap. Cette année, on s’est fait un nom.

Pour la première fois, j’ai l’impression d’avoir vraiment été au rendez-vous

Même si la concurrence était moins forte qu’elle aurait pu l’être, avec l’absence de plusieurs grandes nations?

Oui. Je pense qu’avec 22« 2 le matin, tu rentres en demi-finale. Ralph aussi. Et tout cela, c’est très positif pour le futur. Maintenant, je vais jouer à chaque fois la place pour aller en demies. On a passé un cap intéressant.

Vous concernant, on a le sentiment que les éléments étaient un peu contre vous?

Effectivement. Notre série a été retardée pour un problème de maillot dans la série précédente. On était au bord du bassin en plein soleil et à un moment j’ai dû m’asseoir. Et sur la demi-finale, il y avait de l’orage, la session a dû être interrompue. Et quand on reprend, entre le moment où on monte sur le plot et le coup de pistolet, on entend la foudre. Maintenant, c’était la même situation pour tout le monde.

En même temps, ce qu’on vous demandait n’était pas rien!

Oui. Énormément de coachs se plaignent que les minima sont trop élevés. Il doit y avoir peut-être 35 nageurs qui les ont faits dans le monde entier. En demi-finale, ils étaient seulement trois à les avoir faits.

Malgré la déception légitime, vous êtes de nouveau à fond le lendemain matin?

Oui. Ce n’était pas facile de se remotiver. Sincèrement, ce matin je n’avais pas trop envie d’être là. Mais c’est le job. Après chaque course décevante, c’est retour à la case départ dans l’eau. Il y aura toujours des déceptions.

Et résultat, vous battez le record national du 100 m dos!

Je m’étais dit que, tant qu’à faire, vu que je suis en forme, autant essayer d’aller chercher le record. Malgré le stress et la fatigue, je savais que je pouvais le faire. Je sens que je peux faire encore bien mieux. Mais c’était un bon moyen de terminer ces championnats de belle manière. En plus je pars très lentement mais contrairement à mon habitude, je fais un retour énorme. Bien sûr, 55«  c’est encore loin du niveau international mais avec mes coulées et le fait d’avoir beaucoup travaillé en dos de septembre à décembre pour me changer la tête, j’ai hâte de voir ce que ça va donner par la suite.

Je regarde beaucoup le mérite et selon moi, Ralph (Daleiden) et moi on mérite d’y aller

Car même s’il y a cette déception olympique, le bilan est tout de même excellent?

Oui, c’était presque parfait. Bien sûr, les Jeux, j’y pense depuis trois ans. Depuis que j’ai fait 22« 54 à Rome en 2021. En plus c’est en France, mon pays d’origine. Et je connais plein de gens qui y vont alors qu’ils s’entraînent beaucoup moins que moi. Je regarde beaucoup le mérite et selon moi, Ralph et moi on mérite d’y aller. J’ai toujours rêvé de participer deux fois aux Jeux, une fois à Paris pour voir et ensuite à L.A. pour faire un gros truc. Je ne sais pas si je nagerai jusqu’en 2032… Sinon, pour revenir à cette semaine, hormis les minima, je fais deux demi-finales, trois records nationaux et j’explose d’une seconde mon temps sur 100 m crawl. Je commence en 49« 7. En stage, d’un coup, je me rends compte que je sais nager le 100 m. Je fais 50« 5 départ dans l’eau avec un maillot normal. Alors que l’an passé, je fais ce temps en étant affûté et en combi. Tout cela, c’est bien pour le futur. Et finalement, il n’y a que sur le 50 m nage libre où je n’ai pas battu mon record personnel.

C’est prometteur pour la suite en tout cas!

Oui. J’ai quand même fait des progrès incroyables et fulgurants dans tous les domaines. Je sens que mon 50 m nage libre est meilleur aujourd’hui même si ça ne se voit pas sur le chrono. J’ai énormément progressé en muscu. Cette saison, je nage mes 2e, 3e, 4e et 5e meilleurs chronos, ça montre que je suis sur le bon chemin.

Et maintenant, place au repos?

La semaine prochaine, il y a les championnats nationaux. J’ai envie de me faire plaisir. De nager des distances auxquelles je ne suis pas habitué. En tout cas, certainement pas de 50 m nage libre! Peut-être un 200 m 4 nages, un 200 m crawl. Des trucs amusants. Et ensuite, j’ai vraiment besoin de prendre des vacances. De me ressourcer. Cela fait plus d’un an que je prends seulement une semaine et demie de vacances. J’ai besoin de récupérer. Peut-être au parc Zion, dans l’Utah. Sans portable. Sans internet. Pour me retrouver.

Et après retour en Californie?

Oui, l’année prochaine je reste chez CBU. Je pense qu’on peut gagner notre conférence. Et puis je veux aller vite rapidement pour tenter de voir si je peux rejoindre une université avec des nageurs plus forts. Il va falloir que je pense à me trouver un collectif pour ne pas nager seul. Je n’ai jamais eu l’opportunité de m’entraîner avec un mec champion olympique, ce serait cool.

Avec Los Angeles déjà en tête?

Bien sûr. Je pense que ça va m’ouvrir des portes. Il y a plein de choses intéressantes pour le futur. Je sais que je peux nager le 100 m en plus du 50 m. Et je ne pense pas qu’il faudra aller beaucoup plus vite pour se qualifier pour Los Angeles. Maintenant, j’ai trouvé la nage que je cherche depuis des années. Je suis convaincu que les 47«  pour Ralph et moi, c’est faisable.

Rémi Fabiani a conclu sa semaine par un nouveau record national sur 100 m dos. Photo : afp

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