Julien Henx a amélioré son propre record national sur le 100m nage libre aux championnats du monde de Budapest. Raphaël Stacchioti s’est loupé sur sa course fétiche…
Le Dudelangeois et l’Ettelbruckois ont vécu une matinée contrastée, hier, à l’occasion du quatrième jour de compétition.
Il y a deux mois de cela, c’est un Julien Henx qui tirait la gueule, il n’y a pas d’autre mot, qui réagissait à sa victoire et à son record national du 100 m nage libre, du côté de Saint-Marin. «Je voulais vraiment passer sous les 50 secondes. Mais quand j’ai vu le chrono…», confiait, dépité, le nageur de Talence, qui signait une nouvelle meilleure marque nationale en 50’11. Mercredi matin, du côté de la piscine ultrarapide de Budapest, le désormais sportif d’élite de l’armée luxembourgeoise abordait un tout autre visage : «J’ai changé mon point de vue. J’ai vécu une très bonne saison, donc c’est très bien de nager encore une fois le record national», explique-t-il à l’issue des séries du 100 m nage libre, qui l’ont vu améliorer encore son temps… sans pour autant briser la barrière des 50′, puisqu’il couvre les deux longueurs en 50’06. «D’entrée, j’ai senti que j’étais rapide.
Mais après le mur, je n’ai pas réussi à maintenir la fréquence aussi élevée, ce qui m’a fait perdre quelques centièmes», analyse-t-il. «Le retour était dur mais c’était une très bonne course», conclut celui qui a désormais le regard tourné vers le 50 m demain. «J’espère nager en 22’5», confie celui dont le record national est de 22’81. L’améliorer de trois dixièmes serait une énorme performance.
Carnol, prêt pour sa dernière
Si Julien Henx affichait un large sourire, le ton n’était pas le même du côté de Raphaël Stacchiotti. L’Ettelbruckois avait deux objectifs à l’occasion de son unique course de ces championnats du monde, deux premières : franchir la barrière des deux minutes et se hisser en demi-finale de la compétition. Malheureusement, il n’en atteindra aucun : «C’était horrible», résume le triple participant olympique, également désormais sportif d’élite de l’armée grand-ducale. Engagé dans la dernière des sept séries du 200 m 4 nages, Raphaël Stacchiotti va se contenter d’un 2’01″60, synonyme de 23e rang. Tout avait pourtant bien démarré : «Je pars bien et calmement.» Mais ça va se gâter : «En brasse, je prends très cher et je charge. En crawl, je suis sec de chez sec. Absolument au bout de ma vie. J’ai rarement eu aussi mal dans ma vie. J’ai failli tomber dans les pommes après la course.» Un témoignage qui en dit long sur l’engagement du jeune homme de 25 ans, qui va pouvoir se reposer après une saison forcément particulière, avec ses quatre mois d’instruction de base à l’armée. Des vacances bien méritées pour lui qui reviendra à n’en pas douter plus fort que jamais l’hiver prochain.
En revanche, pour lui, tout va s’arrêter aujourd’hui. On attend bien sûr les débuts de Julie Meynen, qu’on n’a plus vu nager, hormis avec son université d’Auburn aux États-Unis, depuis les derniers JO et qui s’alignera sur le 100 m nage libre, avec certainement en tête, la barrière des 55′, elle qui a battu le record national au Brésil, en 55’09.
Mais côté luxembourgeois, la grande actualité est la dernière course en carrière de Laurent Carnol. Celui qui s’apprête à raccrocher maillot, bonnet et lunettes va en effet vivre son ultime course, son épreuve de prédilection : le 200 m brasse. Pour Laurent Carnol, terminer à Budapest était quelque chose de très important : «C’est là que tout a commencé pour moi. Là que je suis devenu le premier Luxembourgeois à atteindre une finale en grand championnat, aux championnats d’Europe en 2010. En plus, j’étais aux côtés de Daniel Gyurta (NDLR : ex-champion d’Europe, du monde et olympique), l’ambiance était géniale.» Aujourd’hui, le hasard a voulu que Laurent Carnol se retrouve une dernière fois dans la même course que Gyurta, assurance d’une ambiance encore mémorable, ce matin.
Celui qui ne s’entraîne plus comme avant, pris par son emploi de prof de chimie à Lunex et par sa mission sur la double carrière auprès du ministère des Sports, sait qu’il ne peut plus rivaliser avec les meilleurs mondiaux. Mais il espère malgré tout sortir la tête haute : «Je crois que le Hollandais à côté de moi va nager 2’09’ ou au moins 2’10’, ce qui va compliquer la course pour moi car je n’ai plus ce niveau. J’espère réaliser 2’12’ ou 2’13’, ce serait très correct», indique le brasseur, qui, pour son entrée en lice, avait signé son record de la saison sur le 100 m avec un chrono de 1’01’91. «2’12’, ce serait énorme. Mais ça va être difficile.» Quoi qu’il en soit et quel que soit son résultat ce matin à la piscine de Budapest, une immense page de la natation luxembourgeoise va se tourner. Un énorme champion va tirer sa révérence.
Romain Haas