CHAMPIONNATS D’HIVER À DIFFERDANGE Max Mannes et Rémi Fabiani se sont qualifiés pour les championnats d’Europe dans un peu plus de deux semaines.Les deux nageurs, très amis dans la vie, savourent d’avoir tous deux validé leur billet pour leur premier grand championnat chez les seniors.
C’était le principal enjeu de ces championnats nationaux : Rémi Fabiani et Max Mannes allaient-ils pouvoir se qualifier pour les Europe en petit bassin… La réponse est oui!
Mission accomplie?
Rémi Fabiani : On peut dire cela. J’étais venu pour me qualifier sur le 200 m dos. Finalement, je me qualifie sur le 200 m dos (NDLR : 1’56″29, record national contre 1’58″44 demandé), le 200 m nage libre (1’47″97 contre 1’48″79) et le 50 m nage libre (22″26 dès les séries contre 22″36 demandés).
Max Mannes : Je savais que le temps était réalisable puisque les minima étaient inférieurs à mon record personnel.
Et du coup, pour l’un comme pour l’autre, ce sera le premier grand championnat chez les seniors?
R. F. : C’est vrai que ce sera ma première compétition internationale en petit bassin.
M. M. : J’étais déjà qualifié pour les mondiaux en petit bassin, mais je n’avais pas pu y aller. Ce sera donc effectivement mon premier grand rendez-vous international chez les grands.
Aviez-vous la pression?
R. F. : Pas vraiment. En fait, vu que j’étais déjà qualifié grâce au 50 m nage libre, sur le 200 m nage libre, je voulais m’amuser. Et aider Max à faire le temps. Je n’avais, en tout cas, aucune pression négative.
M. M. : Pour moi, c’était différent. J’étais vraiment énervé de ne pas avoir nagé les minima la semaine dernière à Gand, du coup je savais que je misais tout sur une seule course. Et heureusement que Rémi m’a poussé, il m’a aidé à me surpasser pour aller chercher le chrono.
Quelle a été votre réaction à l’issue de la course?
R. F. : On s’est tombés dans les bras. J’étais vraiment très heureux pour Max. D’ailleurs, en sortant de l’eau, on a rigolé en se disant qu’on allait demander à faire chambre commune à Glasgow!
M. M. : Je suis sorti de l’eau en criant très fort. J’étais vraiment super content d’avoir réussi à faire le temps! C’était un énorme poids en moins sur le cœur. Je me suis dit que tout le boulot effectué à Sabadell ne l’avait pas été pour rien.
Sabadell, c’était un stage?
R. F. : Oui. Ce qu’il y avait de bien, c’est qu’on était nombreux. Tout le monde s’est entraidé et la présence de Raphaël (Stacchiotti) nous a poussés.
M. M. : C’était vraiment cool. Tout le monde a fait son truc, a bien bossé. En plus, c’était un groupe avec des profils très différents.
Vous vous connaissez depuis longtemps?
R. F. : Oh oui! Je pense que la première fois qu’on a vraiment discuté, ça devait être à l’entraînement, un samedi en 2015 ou 2016. J’étais dans le groupe de Cyril Menzin, Max et Pit dans celui de Christophe Audot et on a fait un entraînement en commun. Je me suis retrouvé entre Max et Pit pour un 15-15, un exercice où tu fais 25 m à fond, tu ressors de l’eau et tu repars, le tout pendant 12 minutes.
M. M. : Rémi connaissait aussi très bien mon frère (NDLR : Pol, tragiquement décédé au printemps 2018). Ils s’entendaient très bien.
R. F. : On a traversé des moments pas faciles l’un comme l’autre.
Rémi, vous vous êtes qualifié sur plusieurs distances. Et vous avez même battu un record national. C’est votre premier?
R. F. : Oui. Et j’espère que ce n’est pas le dernier.
Vous pouvez nous raconter?
R. F. : C’était sur le 200 m dos. J’étais ligne d’eau n° 3 et Raphaël (Stacchiotti) à la n° 4. Je sentais que j’étais en forme car samedi, je m’étais amélioré d’une seconde et demie sur le 100 m dos. J’espérais m’approcher du record de Raphaël mais de là à le battre. Sur la course, c’était très serré entre lui et moi, mais j’ai su en garder sous le capot dans le dernier 50 m. J’avais peur qu’il me rattrape sur la dernière coulée, il était revenu à hauteur de ma hanche, mais j’ai su garder un peu d’avance.
Alors, qu’est-ce que cela fait?
R. F. : Ça fait extrêmement plaisir. J’ai été inondé de messages de proches, mais également de personnes que je ne connais pas bien. J’ai même une ancienne prof qui m’a félicité. Et à la fin de la course, Raphaël m’a pris dans ses bras en me félicitant, ça fait chaud au cœur. Maintenant, je reste les pieds sur terre aussi.
Max, comment avez-vous réagi?
M. M. : J’étais très heureux pour Rémi. Ce qu’il y a de bien dans notre groupe, c’est qu’il n’y a aucune jalousie. Chacun fait de son mieux, se donne à fond. Moi, je ne m’intéresse pas à la place. Si je fais un bon temps mais que Rémi ou un autre a été plus rapide que moi, je le félicite mais je suis content de ce que j’ai fait.
Vous voilà tous les deux qualifiés pour Glasgow. Savez-vous à quoi vous attendre? Que visez-vous là-bas?
R. F. : Un peu. J’ai déjà participé aux championnats d’Europe juniors, aux EYOF, du coup je sais à peu près à quoi m’attendre. Je sais aussi que, par le passé, sur ce type de compétition, je pouvais être un peu déstabilisé. Je pouvais être affûté trop tôt. Cette année, je serai mieux préparé. Maintenant, je veux juste faire de mon mieux.
M. M. : L’année dernière, j’étais en Corée en vacances, tout près de là où se déroulaient les championnats du monde. Du coup, on y est allés et j’ai vu le 800 m de Pit (Brandenburger) et le 400 m de Monique (Olivier). Je pense que j’ai un peu de mal à résister à la pression. L’objectif, c’est de nager à mon meilleur niveau. La dernière fois que j’ai participé à une grande compétition, c’était les Jeux européens à Bakou. Je n’ai plus l’habitude ni le rythme de ces épreuves. Après les Europe, place à la saison en grand bassin.
Qu’en attendez-vous?
R. F. : Mon objectif, c’est de terminer la saison, ce qui n’avait pas été possible lors de la précédente. J’avais dû tout arrêter pendant deux semaines, pour faire un break. Déconnecter de tout le stress autour de moi. En plus j’avais mal à l’épaule. J’essaie de mieux gérer au niveau muscu mais ça va de mieux en mieux.
M. M. : Moi, l’objectif se résume à Glasgow. Après, c’est fini. Je rentre à l’armée au mois de janvier. Après les quatre mois d’instruction, je devrais rester au Luxembourg et normalement en septembre j’irai ailleurs.
Vous savez déjà où?
M. M. : Je suis allé rendre visite à Pit à Antibes. J’ai discuté avec Franck Esposito. On verra, ça peut être une idée. Il est intéressé à l’idée d’avoir deux nageurs luxembourgeois. De mon côté, j’aurai quelqu’un que je connais très bien, on verra bien.
Entretien réalisé par Romain Haas