Rémi Fabiani devait reprendre la compétition internationale dans le sud de la France. Ce sera finalement sans lui.
Alors que l’Euro Meet a été reporté à l’année prochaine, les meilleurs nageurs luxembourgeois sont en quête de compétitions internationales. Ce week-end, le Meeting Open de la Méditerranée à Marseille devait être un bon point de départ. En consultant la liste des engagés, côté grand-ducal, on trouve Raphaël Stacchiotti, qui effectue sa première compète depuis plus d’un an, Pit Brandenburger ainsi que les prometteurs Joao Carneiro et Rémi Fabiani.
Mais ça, c’est sur le papier. Dans les faits, ils ne seront que deux du groupe entraîné par Christophe Audot à se présenter au Meeting Camille-Muffat. On retrouvera ainsi le jeune papa Raphaël Stacchiotti, qui viendra reprendre quelques repères histoire de préparer les futures échéances et notamment la plus grande, les JO de Tokyo, son ultime compétition, pour laquelle il est déjà qualifié de longue date. Et Pit Brandenburger, qu’on n’avait plus vu en action depuis les championnats de France en fin d’année dernière : «Je veux voir où j’en suis. Mais je serai content avec un chrono proche de mes meilleurs temps», indique le nageur d’Antibes, qui a commencé l’année au Grand-Duché et qui est depuis trois semaines de retour dans le sud de la France.
En revanche, pas de Joao Carneiro. Ni de Rémi Fabiani : «Le nombre de nageurs internationaux est limité. Il y avait trop de nageurs plus rapides que moi, donc il y a une dizaine de jours, j’ai appris que je ne faisais plus partie de la liste. Lundi, on m’appelle pour me dire qu’il y a eu des désistements. Mais c’est trop compliqué avec l’école», confie ce dernier, qui passe son bac cette année avant de traverser l’Atlantique et de partir s’entraîner du côté de BCU, à quelques encablures de Los Angeles : «Je me suis tout de suite senti en accord avec le projet. Beaucoup d’universités vous vendent les performances et le ranking, mais peu vous vendent l’expérience, la philosophie de l’entraînement. Je cherche toujours à performer, mais en étant à l’autre bout du monde, je veux me sentir bien. Le coach est très sympa, il a de l’expérience et a vécu dix ans en Europe. Il m’a tout de suite mis à l’aise. Et je viens d’avoir mon programme. Mon premier entraînement est prévu le 8 septembre prochain», sourit-il.
Passe ton bac d’abord !
Quant à savoir ce qu’il va étudier là-bas ? Son cœur balance : «J’ai toujours été passionné de cinéma. Je pourrais étudier ça. Mais également la politique, qui me passionne. Aux USA, on peut mener de front plusieurs études en même temps.» En tout cas, il a d’ores et déjà été mis en contact par son coach avec d’autres nageurs, avec qui il partagera un appartement sur le campus. Et, petit bonus, «le coach organise toujours un week-end de sortie pour aller surfer. Ça tombe bien, j’adore ça !», indique celui qui rêve d’aller aux USA depuis qu’il est tout petit.
Évidemment, ce ne sera possible que s’il a son bac en poche : «En début d’année, c’était un peu compliqué sur tous les plans. Mais maintenant, ça va beaucoup mieux. Si je révise bien, ça devrait aller.» C’est pour cela qu’il a renoncé à aller à Marseille : «J’avais déjà prévenu mon école à l’avance, mais quand ça a été annulé, j’ai dû changer mes plans.» Résultat, alors qu’il avait prévu de se préparer pour Marseille, il a décidé de s’aligner sur la première compétition au Luxembourg de la saison, la semaine dernière à Differdange : «J’y suis allé sans être préparé, on a simplement laissé tomber le dernier entraînement.» Et d’ajouter : «C’est dommage de ne pas avoir pu aller à Marseille, car j’avais un très bon niveau. J’ai beaucoup gagné sur le plan de la force.» Et de détailler : «En deadlift, sur une rep max (NDLR : les spécialistes traduiront), je suis passé de 115 kg l’an passé à 155 kg !» À Differdange, il a notamment pulvérisé son temps de référence en remportant le 200 m 4 nages : «Je le travaille plus avec Christophe. C’est mieux pour mes épaules, ça permet de ne pas solliciter les mêmes muscles tout le temps. Je crois que je suis passé de 2’13″ à 2’05″. Mais ça remonte à longtemps.»
Une progression physique et chronométrique qu’il explique notamment par un gain de masse : «J’ai pris trois ou quatre kilos» et une croissance qui s’est arrêtée pour l’heure à 1,92 m : «Trois centimètres de plus, ça ne me dérangerait pas. Mais pas deux mètres non plus.»
Il faudra donc patienter avant de voir ce nouveau corps en action face à une concurrence internationale. Qualifié pour les championnats d’Europe de Budapest, il ne verra malheureusement pas la Hongrie : «C’est pile la même semaine que le bac.» Pour l’heure, à son agenda, on trouve ainsi seulement un stage à Lanzarote en avril avec Pit Brandenburger, Raphaël Stacchiotti et Joao Carneiro et le prestigieux meeting des Sette Colli de Rome, fin juin : «Et peut-être le CIVE, s’il a lieu, et les championnats nationaux.»
Nul doute que celui qui bat ses meilleurs temps à l’entraînement en sprint aura à cœur de montrer qu’il aurait eu toute sa place au rendez-vous marseillais.
Romain Haas