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Natation – La Lorraine Aurélie Muller en première mondiale


La jeune Mosellane de 25 ans a décroché le premier titre mondial de l’histoire de la natation française, en eau libre. (Photo AFP)

La France n’avait jamais touché l’or mondial en eau libre. Aurélie Muller a corrigé l’anomalie hier. La Sarregueminoise est titrée sur 10 km à Kazan et qualifiée pour les Jeux Olympiques de Rio-2016.

«Toutes mes félicitations à Aurélie Muller, brillante et courageuse victorieuse du 10 kilomètres en eau libre aux Mondiaux 2015 de natation.» Un tweet de François Hollande en personne a salué la performance hier.

Il est fort probable, sinon certain, que le président de la République a découvert, en ce même 28 juillet, l’existence de la nageuse de Sarreguemines. Désormais, son nom restera gravé dans les archives. Car cette jeune Mosellane de 25 ans a décroché le premier titre mondial de l’histoire de la natation française, en eau libre. Sur la seule distance olympique.

L’événement

Aurélie Muller a parlé d’«une course complètement folle». Partie seule dans le troisième tour, elle a bouclé son affaire en moins de deux heures (1h58’03), dans le bassin de Kazan, et résisté au retour de la Néerlandaise Sharon van Rouwendaal (1h58’06″7), qui l’avait nettement battue à Gravelines, début juin, sans l’empêcher de coiffer les lauriers de championne de France. La Brésilienne Ana Marcela Cunha (1h58’26″5) complète le podium en Russie, dans un 10 km que fréquentaient également la championne olympique Eva Risztov (10e) et la double championne du monde Keri-Anne Payne (15e).

Aurélie Muller a écrit l'histoire en moins de deux heures. (Photo AFP)

Aurélie Muller a écrit l’histoire en moins de deux heures. (Photo AFP)

«Qu’une étape»

Ce podium consacre l’expertise de Philippe Lucas qui couve Muller et Van Rouwendaal à Narbonne. Toujours licenciée à Sarreguemines, la Mosellane avait en effet décidé de rejoindre l’ancien mentor de Laure Manaudou au mois de février, après son départ de Sarreguemines et une parenthèse canadienne rapidement refermée. «Philippe a cru en moi, j’ai vraiment travaillé comme une dingue pour arriver où je suis aujourd’hui , explique-t-elle. C’est l’année la plus dure que j’ai vécue depuis que je fais du sport. Philippe m’a surtout rendue plus forte mentalement, parce que j’avais du mal à avoir confiance en moi. Il a cru en tout ce que je pouvais faire et voilà, aujourd’hui je suis championne du monde.»

Cette breloque en or est aussi la première médaille française dans ces Mondiaux en Russie. Elle offre surtout à sa propriétaire, comme aux neuf nageuses derrière elle, un billet pour Rio-2016. A la bonne heure, Aurélie Muller a aussi une revanche à prendre avec les JO. A Pékin, elle avait rendu un classement (21e) qui avait longtemps hanté ses nuits. D’où son discours mesuré, hier : «Ce n’est qu’une étape , a-t-elle rappelé. L’important c’est l’année prochaine. Je vais être vraiment la favorite (aux Jeux). Il faudra travailler à fond avec Philippe, ce qui est bien. J’ai un an pour me préparer. Je ne prends pas conscience que je peux être capable de faire de telles choses.»

Il faudra bien l’admettre pourtant, car il n’est pas donné à tout le monde d’inaugurer les livres d’histoire de son sport. En attendant, la première dame de France n’en a pas fini avec son agenda russe. Il lui reste un 25 km récréatif ce samedi et un 5 km par équipe demain à négocier. Et malgré le flamboyant métal qui décore son cou, Aurélie Muller devrait sentir une infinie légèreté au moment de prendre ces départs. A Kazan, elle a déjà fait le poids. Au-delà de ses espérances. «Que du bonus», conclut-elle.

Christian Jougleux (Le Républicain Lorrain)