CHAMPIONNATS D’EUROPE À BELGRADE C’est aujourd’hui que Ralph Daleiden joue sa quasi dernière carte pour tenter de décrocher une qualif pour Paris.
En début d’année, Ralph Daleiden se montrait très confiant sur sa capacité à aller chercher la qualification olympique. «En fin de programme des championnats de conférence, j’avais nagé 48“64 sans être préparé. C’est très faisable», confiait l’étudiant d’Arizona en avril dernier.
Malheureusement, depuis, il n’a plus jamais nagé aussi vite. Le détenteur du record national (48“63 en décembre dernier) est arrivé épuisé aux championnats NCAA et n’avait pas vraiment récupéré pour sa première tentative, à l’occasion des TYR Pro Swim Series de San Antonio. Avant de rentrer en Europe, il avait eu le temps toutefois de prouver sa forme en effaçant le plus vieux record national de la natation luxembourgeoise, celui du 200 m nage libre, qui datait de l’époque des combinaisons magiques, marque détenue par un certain Raphaël Stacchiotti depuis les championnats du monde 2009. Une éternité.
Clairement, le garçon était en forme. Et il espérait le démontrer à l’occasion de sa première sortie européenne, une petite semaine après être descendu de l’avion, lors du Mare Nostrum de Monaco. Mais là encore, ça ne va pas bien se passer. Encore sous les effets du jetlag, il a en plus dû composer avec un problème de pompe, si bien qu’il ne voyait pas à un mètre lors du 200 m nage libre. Tout cela pour dire que même s’il était plutôt très confiant il y a encore deux mois de cela, les fenêtres de tir se réduisent comme peau de chagrin pour le premier – et d’ailleurs, pour l’heure le seul – Luxembourgeois sous les 49 secondes.
Ce mardi matin, il sera au départ de la 7e série du 100 m nage libre. Avec pour premier objectif de nager l’après-midi. En effet, les nageurs sont naturellement plus rapides l’après-midi que le matin. Mais avec un 16e meilleur temps des engagés, Ralph Daleiden ne devra pas lambiner en chemin. En effet, seuls les 16 premiers auront le droit de nager l’après-midi, en demi-finale. Il lui faudra donc être déjà très rapide très tôt le matin afin d’avoir la possibilité de tenter d’aller chercher le chrono olympique le soir.
Pour rappel, les minima en natation sont très exigeants. Pour aller à Paris, il va devoir pulvériser son record national de trois dixièmes, puisque le temps requis est de 48“34. On pourrait croire que trois dixièmes, ce n’est rien, que ça peut se gagner un peu partout. Mais c’est également du temps qui peut se perdre à peu près partout.
Depuis le début de la saison, Ralph Daleiden n’a pas vraiment pu montrer ce qu’il valait sur la distance reine. Après la déception de Monaco, il a pris, comme tous ses compatriotes, la direction de Tenerife pour recharger les batteries et préparer au mieux l’ultime échéance : «Le stage s’est très bien passé. On a senti les nageurs monter en puissance. Ils sont en forme. Ils sont présents. Maintenant on les sent aussi stressés comme jamais. Ils doivent oublier la qualif olympique et se concentrer sur les championnats d’Europe», expliquait le DTN Christophe Audot, au sortir de cette semaine sous le soleil qui a fait du bien à tout le monde.
Deux ou peut-être trois possibilités
Ralph Daleiden est une mécanique de haute précision qui a besoin d’être dans les meilleures dispositions possibles pour donner sa pleine puissance. Le jeune homme a un talent incontestable. Il faut juste qu’il parvienne à le mettre en pratique au bon moment. Et justement, le bon moment, c’est maintenant.
Dans l’idéal, il aura deux tentatives aujourd’hui. Si tout se passe très très très bien et qu’il se qualifie pour la finale, ça lui ferait une troisième chance demain. Et si d’aventure, ça ne voulait pas sourire, il lui resterait un tout dernier espoir, jeudi, lorsqu’il prendra le départ pour le relais 4×100 m nage libre.
S’il y a encore un peu plus d’un an, une qualification olympique relevait tout bonnement de l’utopie, le jeune homme a commencé à y penser après son fantastique record national aux championnats du monde de Fukuoka. Au Japon, après avoir été le premier Luxembourgeois sous les 50 secondes, il devenait le premier sous les 49 s en pulvérisant sa propre marque de référence de neuf dixièmes, pour la porter à l’époque à 48“77. Un chrono canon qui le faisait passer dans une nouvelle galaxie. Celle d’un nageur qui avait alors le droit de croire que Paris, c’était possible.
Depuis, il a encore abaissé son record national. Le rêve s’est rapproché encore un peu plus. Mais pour aller à Paris, il n’a pas le choix : il va devoir exploser ce chrono. Aujourd’hui, c’est pratiquement do or die dans le bassin belgradois.