C’est enfin l’heure de l’entrée en lice de Raphaël Stacchiotti et Julie Meynen.
Après de longs mois d’attente et un report qui les a énormément pénalisés, les deux nageurs luxembourgeois qualifiés pour ces JO de Tokyo vont enfin avoir l’occasion de s’exprimer dans le bassin olympique.
Ils étaient il y a cinq ans à Rio. Et il semblait logique de les retrouver quatre ans plus tard à Tokyo… Depuis les championnats du monde de Gwangju en 2019, on était pratiquement assurés de voir à nouveau Raphaël Stacchiotti et Julie Meynen sous les anneaux olympiques.
C’est acquis pour le premier, auteur de la course de sa vie en Corée du Sud avec une qualification directe grâce à un nouveau record national inférieur aux minima A demandés par la fédération internationale (1’59″67 contre 1’59″62 pour Stacchiotti).
Pour la seconde, ce n’était qu’une question de temps, puisque sur le même rendez-vous coréen, elle signe deux records nationaux, mais vient échouer tout près des minima A, avec respectivement un et six centièmes sur les 50 et 100 m nage libre.
À l’époque, on se disait qu’elle aurait encore l’occasion de faire mieux lors des prochains rendez-vous et notamment les championnats d’Europe de Budapest, voire lors de ses courses avec son université d’Auburn… mais c’est compter sans une pandémie qui allait bouleverser la face du monde. Et du sport planétaire.
Peu de repères
Résultat, pas ou peu de compétition pour l’un comme pour l’autre. Et peu de repères avant cette entrée en lice, cet après-midi dans le bassin olympique : «C’est compliqué de savoir où ils en sont», reconnaît d’ailleurs Christophe Audot, l’entraîneur présent à ces Jeux de Tokyo. S’il s’occupe au quotidien de Raphaël Stacchiotti, il ne côtoie Julie Meynen que rarement.
Il faut dire que la situation pour la crawleuse grand-ducale est un peu compliquée : après avoir achevé son cycle de quatre ans à Auburn, elle avait décidé de rester aux États-Unis, sans pouvoir bénéficier des mêmes conditions d’entraînement, puisque n’étant plus officiellement étudiante.
Malheureusement, elle a vu son entraîneur être remercié et n’étant pas américaine, en raison de la crise sanitaire, elle n’était, au départ, pas autorisée à participer aux compétitions nationales. On l’aura compris, les conditions sont loin d’être idéales pour la jeune femme de 23 ans, dont les meilleurs temps de la saison sont assez éloignés de ses chronos de Gwangju.
Sur le 50 m nage libre, elle a réalisé 25″26 (son record est de 24″78) et sur le 100 m nage libre, elle a signé un 55″13 alors que son meilleur temps est de 54″44 : «J’espère qu’elle signera des records de la saison, exprime Christophe Audot. Si elle peut faire moins de 55″, ce serait top.»
Au mont Fuji pour bien se préparer
Comme l’a annoncé Heinz Thews, le chef de mission, les nageurs ont été les seuls à effectuer leur training camp comme c’était prévu. Une bonne semaine d’acclimatation au pied du mont Fuji, histoire d’être dans les meilleures conditions possible avant de se rendre au village olympique : «Le premier but, c’était de récupérer du décalage horaire et le deuxième, de s’adapter au nouveau rythme de compétition. On a ajusté les horaires d’entraînement en fonction.»
En effet, afin que les Américains notamment puissent assister au spectacle en prime time, les finales sont programmées le matin, heure de Tokyo et les séries l’après-midi.
L’arrivée au stage a été épique : «Le voyage était très long. Et une fois arrivés à l’aéroport, on a bien dû rester six ou sept heures pour remplir les formalités administratives. Ensuite, deux heures de bus pour aller à notre lieu de stage. C’était éreintant.»
Ce lieu a été choisi parce que tout s’était très bien passé il y a deux ans, juste avant de se rendre en Corée à Gwangju : «Et normalement, on devrait répéter l’expérience l’an prochain, avant les championnats du monde de Fukuoka.»
«Je la sens concentrée», «il a été très courageux»
Sur place, comme il y a deux ans, les Luxembourgeois étaient avec l’équipe suisse et notamment Jérémy Desplanches, un bon pote de Raphaël Stacchiotti : «Ils se connaissent bien et s’apprécient.»
Si le couple Audot-Stacchiotti est resté du 13 au 22 juillet sur place, Julie Meynen a rallié le village olympique un peu plus tôt. En effet, elle avait l’opportunité de s’entraîner avec Gideon Louw, assistant-coach à Auburn présent à Tokyo pour s’occuper du Guatemala : «Elle a son entraîneur au quotidien. Je la sens concentrée. Je la sens de mieux en mieux au fil des jours.»
Julie Meynen, qu’on retrouvera vendredi sur le 50 m nage libre, sera la première dans l’eau, lors de la 4e série du 100 m nage libre. Raphaël Stacchiotti la suivra quelques minutes plus tard pour l’ultime course de sa carrière.
Christophe Audot tient à lui rendre hommage : «Il a été très courageux. Il a l’occasion de finir sa carrière fabuleuse en étant porte-drapeau. Beaucoup de nageurs achèvent la leur sur une blessure ou une non-sélection. Lui va la terminer aux Jeux. De mon côté, j’ai fait ce que je pouvais. Sur les deux derniers jours, je me fie à lui. À son expérience. Je veux qu’il ait une course pleine. Qu’il se batte jusqu’au bout. Jusqu’au dernier mètre. Avec ses armes. Je veux qu’il savoure cette dernière course. Même si elle va lui piquer les jambes!»
Romain Haas