C’est ce dimanche, aux championnats de France à Chartres, que Julien Henx va tenter de se qualifier pour les JO. Le jour même de ses 26 ans.
Une course de cinquante mètres. Peut-être deux si tout va bien. Voilà en quoi consiste l’ultime opportunité de Julien Henx d’aller à Tokyo. La dernière fois qu’il s’était mis à l’eau, c’était en mai, lors des championnats d’Europe de Budapest. Avec une préparation largement perturbée en étant notamment deux fois touché par le Covid, la dernière quelques semaines avant le rendez-vous magyar, le protégé d’Arslane Dris savait qu’il ne serait pas en mesure d’être à son meilleur niveau.
Mais depuis, ça va mieux. Beaucoup mieux même : «La semaine dernière, j’ai fait un très bon stage en Espagne. Cela faisait un an et demi que je n’en avais pas fait. Sortir du système. Partir à l’étranger, pouvoir nager sous le soleil ça fait du bien!», explique le Dudelangeois. Et d’expliquer le retour de très bonnes sensations : «Pour la première fois depuis longtemps, j’ai réussi à refaire de belles choses à l’entraînement. Je peux vous dire que mentalement, ça fait un bien fou !»
À Calella, il a notamment mis l’accent sur une technique dont l’importance est primordiale. Peut-être encore davantage en sprint, contrairement à ce que l’on pourrait penser : «Avec les trois gros arrêts subis à cause de la crise sanitaire, elle s’est vraiment dégradée. Il ne faut pas juste se dire qu’on va se mettre à l’eau et y aller comme un fou.» Et d’ajouter : «Depuis 2012, Florent Manaudou ne s’est jamais posé la question de savoir pourquoi il allait vite. Et là il explique qu’il fait la même chose que d’habitude mais que ça ne marche tout simplement pas. Il faut retrouver des sensations et les aspects techniques.»
À son plus modeste niveau, c’est un peu la même chose qui s’est passée pour le Luxembourgeois. Et en Catalogne, il a pu constater qu’il avait progressé de manière spectaculaire par rapport à Budapest : «Aux Europe, techniquement, je ne disposais plus de mes atouts techniques habituels. Ça moulinait. Je n’arrivais pas à prendre de l’eau, j’ai respiré deux fois sur le 50 m nage libre. Mais tout cela, on a bien réussi à le caler. J’ai fait beaucoup d’exercices de respiration dans l’eau, on a mieux placé la tête et l’épaule. Du coup, ça me donne un bon engagement dans la nage. On a fait un 50 m à bloc avec combi pendant le stage, on l’a filmé et on a comparé avec la vidéo des Europe. Et c’est deux mondes. Dans ma tête, je nage de la même manière, mais dans les faits, pas du tout. C’est vraiment fou de voir à quel point on peut changer les choses techniquement. Quand tu es dans le dur, tu ne dois pas te bagarrer dans l’eau mais l’utiliser pour avancer. C’est pour cela que j’aime le sprint.»
Entrée en matière sur 50 m pap
Il compte bien profiter de cette forme, de ce retour des bonnes sensations pour s’offrir le plus beau des cadeaux. En effet, dimanche, il fêtera ses 26 ans. Pile le jour… du 50 m nage libre. Une simple ligne droite. Pour s’ouvrir le plus prestigieux des rendez-vous. Mais pour y parvenir, il sait très bien qu’il n’aura pas le moindre droit à l’erreur. Mieux, il devra être plus rapide que jamais. Beaucoup. Beaucoup. Beaucoup plus rapide. Son record national (22″69) est en effet à des années-lumière de la marque demandée (22″01). Sept dixièmes. Un gouffre sur 50 m. Mais Julien Henx ne s’interdit rien : «Cela fait longtemps que je n’ai pas fait une belle compète. Un bon chrono. Mais cela fait aussi très longtemps que je ne me suis pas entraîné aussi bien que la semaine dernière. Je pense pouvoir nager vite. De toute façon, je n’ai rien à perdre.» Conscient de l’immensité de la tâche, il se fixe un but intermédiaire : «Avec Arslane, on a décidé qu’on allait déjà tenter un record national. Si je fais ça, je ne pourrai pas être mécontent après 18 mois très compliqués.» Prêt physiquement : «Le poids que j’ai pris, je l’ai transformé en muscle. Je me sens fort. Je pense avoir plus de réserve qu’à l’Euro Meet 2020 (NDLR : où il avait pulvérisé son record national du 50 m pap avant de battre de peu sa marque sur 50 m nage libre).»
Avant de se jeter à l’eau lors des séries ce dimanche matin et de prendre les derniers repères avant de tout tenter l’après-midi en finale : «J’ai envie de nager une finale A. Mon club (NDLR : Étoiles 92) n’a pas encore vu mon potentiel. Je veux montrer que je fais partie du haut niveau en France.» Le Dudelangeois entrera dans la compétition dès ce samedi, sur le 50 m pap : «Il n’y a pas trop de concurrence, ça me laisse une chance de médaille. On va prendre ce qu’il y a à prendre», conclut celui qui a déjà été sacré champion de France de la distance en petit bassin en 2019 et qui avait pris la troisième place en 2018 en grand bassin.
Alors, un titre, deux records et un billet pour le Japon ? En tout cas, Julien Henx ne veut pas se fixer de limite. Et profiter : «Avec du public, la piscine sera plus magique qu’en décembre. En plus, ma mère a pris des tickets pour venir me regarder. Je peux passer un super week-end.» C’est tout le mal qu’on lui souhaite !
Romain Haas