Il rêvait à voix haute. Mais Julien Henx a été rattrapé par ses mois d’entraînement perdus.
Arslane Dris résume bien la situation : «S’il était possible de réaliser une performance olympique en ayant coupé trois ou quatre mois l’entraînement pendant une saison, ce ne serait plus la peine de s’entraîner.» Le constat est implacable de la part de l’entraîneur du Luxembourgeois mais il a le mérite de remettre Julien Henx sur terre. Certes, le Dudelangeois, qui défend désormais les couleurs d’Étoiles 92, arrivait à Chartes plein de confiance. Il faut dire qu’il sortait d’un stage – le premier depuis plus d’un an – plein de promesses. Au cours duquel il avait retrouvé de bonnes sensations : «C’est très bien. Mais il faut bien comprendre que c’est la première fois depuis un an que Julien a vraiment pu travailler. Le reste du temps, c’était davantage du maintien dans un certain état de forme. Il a fait de belles choses. Des fois même certaines qu’il n’avait jamais faites auparavant. Mais ça reste insuffisant dans le contexte de répétition d’une compétition.»
En clair, être performant une fois à l’entraînement n’est pas assez pour renouveler le même type de performances en meetings. Il faut de la stabilité. De la constance. Et tout cela, Julien Henx n’en avait pas : «Il a eu le Covid, ensuite, le temps de se remettre dans le rythme, ça prend encore deux semaines et au moment où ça va un peu mieux, re-Covid et c’est reparti pour un tour. Si on ajoute les allers-retours entre le Luxembourg et Talence, tout cela ne permettait pas d’avoir de la continuité dans le travail», constate Arslane Dris.
En arrivant à Chartres, Julien Henx rêvait. Il rêvait de débuter sa compétition en se qualifiant pour la finale du 50 m pap et aller chercher une breloque. Voire la plus belle. Et de terminer en beauté le dimanche, jour de ses 26 ans sur le 50 m nage libre. Dans son viseur : ses 22″69 qui constituent son record national, depuis son fantastique Euro Meet en 2020. L’objectif était d’aller plus vite. Beaucoup plus vite. Et même, pourquoi pas, d’atteindre le Graal, à savoir les 22″01, synonyme de billet direct pour Tokyo.
Un debriefing, des vacances… et focus sur Paris !
Les rêves, c’est beau. Mais la réalité a rattrapé Julien Henx. Samedi matin, quelques minutes avant que tout ne soit stoppé car le mur côté départ avait bougé, il ne signe que le 16e chrono en 24″34, à bonne distance de son record national (23″63). mais un centième plus rapide que son meilleur chrono de la saison, aux Europe à Budapest. Qualifié pour la finale C, il décide d’y renoncer pour se concentrer sur LA course du lendemain. Mais hier, il n’y a pas eu de miracle. Malgré tout, il n’a pas à rougir avec ses 23″16, synonymes de 18e temps des séries, soit son meilleur chrono de la saison. Évidemment, on est très loin du record national et encore plus loin de la qualif olympique. Et étant le quatrième étranger, il ne devait pas renager. Seulement, une bonne nouvelle est tombée : «Un Suisse qui nage le 100 m pap, se désiste. Cela me laisse une dernière chance de me faire un petit cadeau lors de la finale C. Pourquoi pas un 22», espère Julien Henx.
Rendez-vous est donc pris à 17h30, une bonne heure avant que les mastodontes, Florent Manaudou et Maxime Grousset notamment, ne s’expliquent entre eux. Un ultime effort. Histoire de terminer du mieux possible une saison qui a été très très compliquée. Mais, à bout de force, certainement encore sous le coup de la déception, il ne peut aller plus vite. Il boucle sa saison en 23″38 à une anonyme septième place. Après un débriefing avec Arslane Dris : «Je veux qu’il me dise ce qu’il a pensé de notre travail depuis quatre, cinq ans. Les bonnes comme les mauvaises choses. Et je vais faire de même avec lui», place à des vacances bien méritées. Il va falloir recharger les batteries. Désormais Julien Henx a le regard tourné vers Paris.
Romain Haas