Celui qui n’était encore qu’un gamin hyper doué il y a quelques mois, est parti s’aguerrir aux États-Unis. Rémi Fabiani le dit lui-même : il a grandi comme nageur. Et est prêt à le montrer.
Voilà un an qu’il s’est envolé, direction le chaud soleil de Californie. En effet, Rémi Fabiani a rejoint la California Baptist University, basée à quelques encablures de Los Angeles. Le début du rêve américain pour le détenteur du record national du 50 m nage libre (22« 54, l’an passé à Rome), passionné de culture US depuis toujours :
«C’est une belle expérience. Ça fait du bien de changer de décor», sourit l’étudiant en business. «Au Luxembourg, c’est assez répétitif. Et puis la plupart de mes amis ont désormais arrêté de nager et on se retrouvait avec un groupe de 2-3 nageurs…»
On imagine effectivement aisément qu’entre aller s’entraîner en plein hiver à la cave de la Coque avec presque personne et se mettre à l’eau dans un bassin extérieur dans un groupe compétitif de plusieurs dizaines de sportifs venus du monde entier, la différence doit être saisissante.
Forcément, il a fallu s’adapter : «Au début c’était compliqué, notamment au niveau du rythme. On a entraînement à 5 h 30 tous les matins, du coup ce n’est pas forcément évident quand vous arrivez et que vous voulez vous faire des amis, vous n’allez pas vous coucher à 21 h. Les nuits sont courtes. Mais dès qu’on commence à prendre son rythme, à s’installer dans une routine, cela devient plus facile.»
La barrière de la langue a également vite été oubliée : «Au début, quand je devais réviser, j’avais tendance à les traduire en français dans ma tête ce qui n’était pas l’idéal, surtout avec pas mal de QCM. Mais au bout d’un moment, vu que je parle anglais toute la journée avec mes amis, les coachs, on commence à penser en anglais et ça passe tout seul.»
À Budapest pour apprendre
Dans l’eau, ça se passe également très bien pour celui qui évolue en Western Athletics Conference. Et qui constate une évolution certaine : «J’ai nagé plus de sprint, si bien que je suis plus explosif tant au niveau muscu que sur le plan de la natation. Ça se voit aussi dans mes coulées et mes virages. Avant je faisais des coulées avec deux kicks et je me retrouvais à 6 m, maintenant, je suis à 8 m. J’ai une poussée beaucoup plus efficace.»
Confirmation avec notamment un titre de champion de Conférence sur 50 yards (19« 23) : «Je crois que je suis dans le top 30 américain, j’ai fait d’assez bons résultats», indique-t-il, avec un physique en pleine évolution. S’il était fin, Rémi Fabiani a clairement pris du muscle. Et donc de la puissance.
De retour en Europe depuis quelques semaines, il se réjouit, bien sûr, de participer à ses premiers championnats du monde en grand bain : «C’est toujours une opportunité d’affronter les meilleurs au monde.» Mais il sait qu’il aura besoin d’un temps d’adaptation après une saison entière nagée en bassin de 50 yards (NDLR : 45,72 m) :
«En yards, c’est bien de nager en survitesse. Dans un bassin de 50 m, il faut davantage placer sa nage avant de mettre de l’explosivité.» Du coup, s’il espère se rapprocher de son meilleur temps à Budapest, il compte plus sur Rome : «J’ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner dans quelques semaines. À Budapest, ce sera compliqué de faire deux longueurs (NDLR : donc de participer à une demi-finale) mais pourquoi pas à Rome. C’est plus un apprentissage qu’en rendez-vous pour moi.» Maintenant, il ne s’interdit rien : «Je vais peut-être me surprendre et aller plus vite.» Réponse, jeudi matin.
Romain Haas