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[Natation] Derniers championnats nationaux pour Laurent Carnol


"Pour le moment, je préfère m'occuper de l'intérêt de tous les sportifs dans leur globalité", explique Laurent Carnol sur la suite de ses projets. (Photo Julien Garroy)

Ce week-end à La Coque, Laurent Carnol participe à ses derniers championnats nationaux. Avec, évidemment, pas mal d’émotion.

Dans quel état d’esprit abordez-vous ces derniers championnats ?

Laurent Carnol : C’est forcément un peu spécial, car ce sont justement mes derniers. Si je décide de participer à un ultime Euro Meet, je ferai ceux en petit bain. Mais ce sont de toute façon mes derniers en grand bassin. Pour tout dire, je n’ai pas trop réfléchi à ces championnats, car j’ai plus les Mondiaux en tête. Maintenant, c’est forcément avec un œil triste que je vais m’aligner ce week-end.

Quel sera votre programme et quelles seront vos ambitions ?

Je vais nager les trois distances en brasse et un relais mixte. C’est un dernier test avant Budapest, je n’ai pas fait trop de courses cette saison, ce sera un bon moyen de retrouver des sensations. Bien sûr, j’espère quand même remporter les titres.

Vous êtes du genre à compter vos médailles ?

Non. Je ne me souviens même plus de ma première médaille en championnat national. J’ai toujours été davantage fixé sur les grands rendez-vous internationaux. Ce que je voulais, c’est être compétitif sur le plan international. Du coup, je ne me suis jamais trop occupé de ce genre de choses. Je me disais que si je me contentais de me fixer un objectif aux championnats du Luxembourg, ça risquerait de ne pas aller plus haut pour moi.

Le week-end idéal, ce serait quoi ?

Gagner des courses. Et je suis assez confiant sur ce point. Avoir de bonnes sensations dans l’eau. Être constant sur le 200 m, rapide sur le deuxième 50 m de mon 100 m, des trucs comme cela.

Ce seront donc vos dernières médailles nationales. La décision d’arrêter, elle est irrévocable ? Quand l’avez-vous prise ?

Après Rio, j’étais presque sûr de ne pas continuer jusqu’à Tokyo. Je voulais faire une dernière saison et avoir l’occasion, notamment, de participer à 100% aux JPEE, chose que je n’ai pratiquement jamais pu faire à cause de mes études et de mes examens. Je l’ai fait, j’ai trouvé ça super sympa. Et comme ça ne s’est pas trop mal passé, j’ai décidé de m’aligner sur les championnats du monde. Maintenant, si ça s’était passé exceptionnellement bien, j’aurais pu envisager une saison supplémentaire. Mais désormais, un nouveau chapitre s’ouvre dans ma vie (lire encadré ci-dessous).

Et avant, il y aura les Mondiaux. Qu’en attendez-vous ?

C’est dur à dire. J’aimerais faire un bon résultat mais il faut être réaliste, ça ne sera pas facile. Une demi-finale, c’est quelque chose d’utopique. Simplement, je veux terminer sur une perf très correcte. Avec un chrono dans le 2’12, je serais déjà très content. On verra bien. En tout cas, je veux aller plus vite qu’à Saint-Marin !

Au moment de raccrocher, quels sont vos plus grands souvenirs dans les bassins ?

J’en ai trois. Déjà, la demi-finale que je gagne aux championnats d’Europe, à Budapest, en 2010, et qui me permet d’être le premier Luxembourgeois à atteindre une finale de championnats d’Europe. Ensuite, il y a l’Euro Meet en 2012, où je passe sous les 2’10 (2’09:78) et où je me qualifie pour les JO. Et puis, bien sûr, la qualification en demi-finale lors des Jeux de Londres. C’était tellement grand!

Quel regard portez-vous sur la jeune génération de brasseurs ?

Avec Ricky Rolko, Yann van den Bossche et Mats Kemp, il y a trois bons brasseurs. Yann et Mats se sont qualifiés pour les EYOF, chose que je n’ai jamais réussi à faire, donc c’est bien pour eux. Ils sont encore jeunes, ils ont du chemin à parcourir, mais ils forment un bon groupe. À eux d’écrire leur histoire.

Pensez-vous vous impliquer dans la natation d’une autre manière ?

Je ne dis pas que je ne vais pas le faire, mais pas dans l’immédiat. Peut-être dans quelques années, on verra bien. Mais pour le moment, je préfère m’occuper de l’intérêt de tous les sportifs dans leur globalité. Pas uniquement de celui des nageurs. J’ai envie de me consacrer pleinement à ce projet.

Entretien avec Romain Haas

Spécialiste de la double carrière

Laurent Carnol, c’est évidemment un superbe athlète. Mais également quelqu’un qui a été capable de concilier sport de très haut niveau et études du même acabit. Le diplômé en chimie de Loughborough est désormais prof de chimie à la Lunex, emploi qu’il partage avec une mission que lui a confiée le ministère des Sports : « Lorsque le Luxembourg était à la présidence de l’Union européenne, on m’avait demandé de faire un discours. Avait suivi une table ronde sur le thème de la double carrière et tout est parti de là. Le ministère a reconnu que c’était un thème important et on m’a proposé de travailler dessus. »

L’idée étant d’effectuer un travail de réflexion pour permettre aux athlètes qui pratiquement un sport de haut-niveau de ne pas être laissés à l’abandon à l’issue de leur parcours : « Je discute avec beaucoup de monde. Pour moi, il est possible de mener de front études et sports si tout est bien planifié. Il faut aider le sportif dans son projet, parler avec lui, avec les parents également. Le Sportlycée fait d’ailleurs une formation pour eux. »

Hormis quelques exceptions, le sport ne permet pas de gagner sa vie, alors que les athlètes s’y donnent à fond. Laurent Carnol souhaite que ces sportifs soient récompensés de leurs efforts à leur juste mesure : « Il n’y a pas forcément de suivi après la carrière, c’est quelque chose de problématique. Il faudrait qu’on puisse garantir à ces athlètes un après-carrière correct qui corresponde à leurs capacités. »

D’où de nombreuses rencontres avec des responsables du COSL, du ministère et des acteurs de la vie sportive luxembourgeoise pour permettre de faire bouger les choses : « Ça va prendre du temps. Mais il y a beaucoup de collaboration avec le Sportlycée, beaucoup de mesures prises pour sensibiliser les jeunes à cette problématique de pratiquer un sport tout en poursuivant des études à côté. Car c’est ce qui permet d’avoir une après-carrière satisfaisant. »

Laurent Carnol, un corps bien fait. Une tête bien pleine. Qu’il met au service de son pays pour lui permettre de franchir des paliers supplémentaires. Et de continuer à progresser sur le plan international.