APRÈS LES CHAMPIONNATS D’EUROPE À BELGRADE La saison internationale s’est achevée par un festival luxembourgeois en Serbie. Retour sur une semaine historique.
Un bilan simplement exceptionnel
Pendant une semaine, les meilleurs nageurs luxembourgeois se sont confrontés à certains des meilleurs Européens. Résultat? Cinq demi-finalistes, trois records nationaux, deux minima olympiques ratés de peu et une kyrielle de records personnels. Vous avez dit bon bilan ? «J’ai vécu une super semaine !», résume le DTN, Christophe Audot.
Et d’ajouter : «Je ne vois que du positif. Je n’ai aucun reproche à leur faire. Bien sûr, j’aurais aimé que les centièmes soient de notre côté. Mais on a été bons dans notre business. On a trois records nationaux, cinq demi-finalistes, des personal best pour Finn, Rémi, Joao deux fois, d’énormes progressions pour Rémi sur 100 m crawl et pour Finn sur le 100 m brasse.»
Des opportunités bien saisies
Bien sûr, les mauvaises langues pourront toujours arguer – avec raison – du fait qu’il manquait du monde à l’appel. On ne va pas le nier, sans la France, les Pays-Bas, l’Italie ou l’Espagne, cela libérait forcément de la place pour les autres. Et le DTN ne l’avait pas caché : «Ces championnats sont ceux des opportunités», avait-il annoncé. En clair, à Belgrade, il y avait moyen pour certains d’aller plus loin qu’ils ne l’auraient fait normalement. Mission parfaitement réussie puisque outre Rémi Fabiani et Ralph Daleiden, respectivement sur 50 et 100 m nage libre, qui se seraient certainement qualifiés même en cas de plus forte concurrence, Joao Carneiro et le jeune Finn Kemp ont su saisir l’opportunité pour aller chercher une demie sur le 200 m brasse.
Avec notamment Carneiro, qui arrive avec un record personnel en 2’19″64. Qui l’explose en séries (2’16″97) et profite de désistements pour aller en demies où il nage encore plus vite (2’15″45) : «Pour Joao, nager l’après-midi, passer de 2’19 » à 2’15 » et voir à la vidéo que tu peux te projeter sur du 2’13 », c’est assurément positif.» Et d’ajouter : «J’étais content de voir qu’il confirmait ses 1’01 » sur le 100 m brasse (NDLR : il a signé 1’01″64 en séries du 100 m brasse, son 2e meilleur temps derrière ses 1’01″52 à Athènes).»
Le principal intéressé se montre satisfait de sa semaine : «C’était vraiment très positif. J’ai commencé en confirmant ma qualification sur 100 m brasse, c’était important, surtout que je ne suis pas un nageur du matin (on l’a vu sur le 200 m brasse où je gagne deux secondes par rapport au matin). C’est dommage d’avoir raté la qualification pour la demie pour 21 centièmes. Ensuite, le 200 était une grande surprise pour moi. Mais ça reflète mon travail des derniers mois en brasse. Quant aux relais, c’était superbe. On a fait le job. C’est cool d’avoir deux nouveaux records nationaux.»
IL ne leur manquait que les minimas
Pour deux nageurs, le rendez-vous serbe était forcément particulier. On pense bien sûr à Ralph Daleiden et Rémi Fabiani, qui jouaient tous deux leur dernière carte pour tenter de se qualifier pour les Jeux de Paris. Sur 100 m nage libre, on y a cru avec des séries très rapides, qui ont vu Rémi Fabiani passer pour la première fois sous les 49″ (48″84) et Ralph Daleiden claquer un énorme 48″68 de bon matin, à seulement cinq centièmes de son record national. Et 34 centièmes du billet pour Paris. Malheureusement, les deux iront moins vite l’après-midi en demi-finale (49″10 et 48″85). Et deux jours plus tard, Daleiden tentera une dernière fois d’aller chercher les 48″34 en lançant le relais, mais se «contentera» de 48″86.
Même s’il y a forcément de la déception, le nageur grand-ducal, qui a terminé en bouclant le 100 m crawl du 4×100 m 4 nages en 48″50, veut surtout retenir le positif : «Je pense que globalement, c’était une très bonne compétition pour moi. Je nage trois fois en 48″, c’est très positif. Je dirais qu’à chaque fois, jusqu’aux 75 m, je suis dans le bon tempo, sur les bases de 48″1, 48″2 et j’ai du mal dans les 20 derniers mètres», analyse-t-il. Et de chercher une raison à cette fin de course plus faible : «Déjà, le stress a joué un gros rôle.
À l’entraînement, ça se passe super bien et dès que je suis sur le plot, je commence à avoir des fourmis dans les bras. Et résultat, sur les 20 derniers mètres, je ne tirais plus d’eau et c’est là que j’ai perdu de précieux dixièmes.» Et le recordman national a également une autre explication, qui passe par Tucson, Arizona : «Cette année, on a perdu notre coach de sprint. Avec le recul, je sais que les séries n’étaient pas assez dures pour moi. Il m’a notamment manqué du travail de résistance et c’est pour cela que j’avais du mal sur les 20 derniers mètres. Et puis, on nage en yards, dans de très petits bassins où on tourne vite les bras sans chercher les appuis. Peut-être que l’an prochain, il faudrait faire plus de séances en bassin de 50 m», indique-t-il encore. Il se réjouit d’ailleurs de travailler avec le nouveau staff des Wildcats d’Arizona.
De son côté, Rémi Fabiani a vécu, de ses propres dires, «une semaine presque parfaite». Il a d’abord pulvérisé son chrono sur le 100 m nage libre (passant de 49″62 à 48″84), avant de se qualifier pour les demi-finales du 50 m nage libre et de terminer en battant le record national du 100 m dos. Finalement, à l’instar de son pote Ralph Daleiden, il ne lui manquera que les minima.
Au final, les deux n’étaient pas loin. Et l’un comme l’autre ont de toute façon beaucoup appris. Et pris date pour Los Angeles dans quatre ans. C’est un peu le discours tenu par Christophe Audot à ses deux poulains : «J’ai discuté avec Ralph. Je lui expliquais que 48″, c’est le temps des légendes. Des Popov, Klim, Van den Hoogenband. Et là, il réalise ce qu’il a fait. 48″, ce n’est pas rien.» Et quand on voit que Matt Biondi a gagné les JO de Séoul en 22″14, soit exactement le temps de… Rémi Fabiani en demi-finale, cela donne une idée du niveau des deux jeunes Luxembourgeois. Qui sont clairement passés dans un autre monde : «Ce que j’ai senti, c’est que maintenant, Ralph et Rémi sont une menace. Ils font peur.»
Kemp, une première prometteuse
C’était le benjamin de la délégation. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que malgré ses 19 ans et son manque d’expérience à ce niveau de la compétition, Finn Kemp a répondu aux attentes placées en lui. Pour sa première apparition dans un grand championnat chez les seniors, le finaliste des Mondiaux juniors l’an passé a réussi de belles choses. Comme il le résume lui-même : «J’ai beaucoup appris. Je signe un PB sur 100 m brasse en passant pour la première fois sous 1’03 ». Je fais mes 2e et 3e meilleurs temps sur 200 m brasse et je me qualifie pour les demi-finales, ce que personne n’aurait cru possible en début d’année. On fait deux records nationaux en relais avec un gros PB sur le 100 m crawl et encore une fois sur le 100 m brasse, où j’aurais même pu passer sous les 1’02 » si j’avais plus d’expérience au passage de relais.» Sans occulter le point négatif de la semaine : «Un 200 m 4 nages difficile le samedi matin qui montre ma jeunesse et l’endurance nécessaire pour terminer une compétition aussi longue». Là encore, de belles promesses d’avenir.
Encore une toute petite chance?
Ralph Daleiden et Rémi Fabiani n’ont pas réussi à réaliser les minima olympiques. Malgré tout, chaque comité national olympique a le droit de faire une demande de place universelle s’il n’a pas d’athlète qualifié dans sa discipline. Le COSL se réunissait hier soir pour décider si oui ou non il allait formuler une telle demande. Comme c’est le sportif ayant marqué le plus de points FINA qui serait concerné, la demande serait formulée en faveur de Ralph Daleiden.