Après près de onze mois privé de compétition, Julien Henx retrouve les bassins. Avec la même motivation. Mais un nouveau corps. Et un nouveau club.
La dernière fois qu’on l’a vu au départ d’une compétition, c’était le samedi 25 janvier. À l’Euro Meet, Julien Henx prenait la deuxième place de la finale B du 50 m nage libre avec un nouveau record national à la clef (22’’69).
Depuis, la crise du Covid est passée par là. Et le nageur de Talence a dû composer : «Pendant sept semaines, je n’ai pas du tout pu m’entraîner, ça ne m’était jamais arrivé de passer autant de temps sans nager. Mais à partir du mois de mai, au Luxembourg on a pu s’entraîner normalement. Avec Arslane (NDLR : Dris, son entraîneur), on a décidé de profiter de la période pour effectuer un gros boulot en musculation.»
Alors qu’il avait sans arrêt des compétitions, que ce soit avec la FLNS, l’armée ou son club, Julien Henx avait devant lui le temps de sculpter un corps un peu trop frêle pour lutter à armes égales avec les golgoths du sprint international : «J’ai pris le temps de faire quatre grosses séances de 2h30 de muscu par semaine avec Alain Hammang. Et ça a plus que bien marché. J’ai pris beaucoup de force et j’ai enfin réussi à prendre un peu de poids. Je suis très content», se réjouit le Dudelangeois, qui a continué de s’entraîner au Grand-Duché, la plupart du temps seul et avec le programme préparé par son coach.
Parmi les «Étoiles»
Il n’a retrouvé son mentor qu’au mois de juin, pendant une petite semaine, le temps de rendre les clefs de son appart. En effet, le club de Talence a cessé ses activités au mois d’août, étant donné que la piscine devait être entièrement détruite puis reconstruite au bout de plusieurs années.
Il fallait donc à Julien Henx trouver une nouvelle destination. Et c’est ainsi qu’à partir de vendredi, il défendra les couleurs des «Étoiles», un club privé de la région parisienne dont Jérémy Stravius ou Camille Lacourt sont également membres : «Les contacts se sont faits par Greg (Mallet), qui s’entraînait aussi à Talence. Il a parlé de moi au club qui m’a contacté et on est tombés d’accord.»
En pratique, il s’agit seulement d’un changement de bonnet : «J’ai la liberté de m’entraîner où je le veux. Mais quand je peux participer à une compétition sous leurs couleurs, je le fais», résume-t-il.
Ce sera donc le cas à Saint-Raphaël, qui accueille exceptionnellement des championnats de France… en grand bassin, alors que cette période est habituellement dédiée aux rencontres en petit bain. Il s’agit donc d’un rendez-vous où on peut en théorie se qualifier pour les JO de Tokyo.
Mais ce n’est que de la théorie. D’autant plus que Julien Henx n’aborde pas dans les meilleures conditions cette première compétition depuis une éternité : «À la mi-septembre, je suis retourné m’entraîner trois semaines avec Arslane. Et quand la France a été reconfinée, je suis reparti au Luxembourg. J’aurais dû nager à Dudelange mais la compétition a été annulée. Et ensuite, j’ai été positif au Covid.» Et forcément, isolement une semaine avant de passer un test suivi d’une quatorzaine pour un total de trois semaines sans sport. «À la reprise, au mois de novembre, c’était un peu dur. J’ai passé tous les tests possibles et imaginables et tout était bien.»
Objectif plaisir avant tout
Évidemment, ça n’est pas l’idéal quand on vise la meilleure forme de sa vie. Ce week-end permettra notamment à Julien Henx d’avoir des réponses aux questions qu’il se pose : «On a vite retrouvé de bons chronos à l’entraînement. Cette semaine à Talence, je n’ai pas fait de muscu puisque les salles sont fermées, mais j’en ai fait tellement dernièrement que j’avais besoin de couper pour me sentir bien dans l’eau et être bien relâché. Je commence à être excité à l’idée de nager à nouveau en compétition. Onze mois, c’est très long !»
À Saint-Raphaël, il s’alignera sur trois distances : le 50 m nage libre demain (son record est de 22“69 et il faut faire 22“01 pour aller à Tokyo), le 50 m pap samedi et le 50 m brasse dimanche. Pas de 100 m au programme : «On reste sur notre philosophie. L’objectif, c’est de se qualifier sur le 50 m nage libre, donc on se concentre sur cette distance.» Et quand on lui demande quels sont les objectifs qu’il se fixe pour ces France, Julien Henx parle d’abord de plaisir : «J’ai envie de me faire plaisir. De participer à une compète, de passer un bon moment avec Arslane. J’aimerais bien faire des finales A. Et pourquoi pas nager pour des médailles si c’est possible. J’imagine que tout le monde ne sera pas aligné sur le 50 m pap, qui n’est pas une distance olympique. De toute façon, il faut passer dans les huit premiers le matin (NDLR : et premier étranger). Faire mes temps. Et on verra bien. Je veux profiter car on ne sait pas quand aura lieu la prochaine compétition.»
En théorie, ça devrait être l’Euro Meet fin janvier. Mais rien n’est sûr. Les organisateurs ont prévu le coup en se réservant deux autres dates, un peu plus tard dans l’année.
Romain Haas