Le secteur du n°9 costaud s’est cassé la figure cet été. Et l’ancien Racingman s’engouffre dans la brèche après être resté de longs mois blessé.
C’est un effondrement majeur, spectaculaire et inattendu de ce qui était en train de devenir l’option tactique numéro 1 de l’ancien sélectionneur, qui a précipité un retour qu’on n’attendait plus, celui de Edvin Muratovic.
Luc Holtz, il y a moins de trois mois, était en train de construire l’avenir des Rout Léiwen autour d’un véritable «target player», Brian Madjo. C’était dans cet esprit que le technicien avait aussi réimplanté dans sa dernière liste, et Mickael Omosanya, et Jayson Videira, alors qu’il n’y avait pas forcément besoin d’autant d’options dans ce profil du n° 9 costaud si le plan n’était pas, désormais, de lui consacrer toute son attention. Sachant notamment que Gerson Rodrigues, dans un tout autre style, évoluait aussi très régulièrement dans l’axe.
Et puis Gerson est devenu persona non grata. Et puis Madjo a refusé la sélection. Et puis Omosanya court après sa forme avec la Jeunesse Esch. Et d’un coup de baguette magique, Muratovic, qui a passé cinq mois de la saison passée à soigner un tendon d’achille inflammé, Muratovic qu’on n’a plus revu depuis un an et un match contre le Bélarus en septembre 2024, resurgit. Ou plutôt renaît de ses cendres.
«Le football, c’est toujours comme ça. Un moment c’est tout pour toi, un moment c’est tout contre toi», philosophe-t-il. Mais en mars, quand Madjo est apparu dans le paysage et que Gerson restait efficace au-delà de ses soucis hors terrain, n’a-t-il pas eu, comme tout le monde, le sentiment que ça y était, que le train était passé et qu’il le regardait s’éloigner?
«Vous savez, la FLF a eu la gentillesse de m’aider à me soigner au LIHPS, à la Coque. Et pendant tout ce temps, alors que je travaillais pour revenir, je n’ai pas eu une seule pensée négative comme celle-là. Je suis quelqu’un d’optimiste sur le terrain et dans la vie. Et quand je voyais qu’un gars recevait sa chance, j’étais juste content pour lui. Parce qu’il fait partie de la famille».
Le plan, c’est un faux 9 ou un vrai 9?
Revoir Lipperscheid lui a pourtant fait du bien. S’engueuler en yougoslave avec Enes Mahmutovic, Seid Korac, Vahid Selimovic… des défenseurs qui ont tous pris de l’ampleur «et qui sont devenus encore plus chiants à jouer» depuis sa dernière fois dans le nord, autant que combiner avec son pote Danel Sinani, «un « 10 » idéal, dans une forme exceptionnelle et avec une technique toujours aussi merveilleuse», lui avait manqué.
Mais après six matches (et un but) en D2 polonaise avec Odra Opole, il n’a pas fui les questions sur sa légitimité immédiate à succéder aux monstres qui étaient loin devant lui dans la hiérarchie, il y a encore trois mois.
Puisqu’il est seul, aujourd’hui, dans cette liste à avoir un profil un peu plus costaud, doit-il se voir comme une alternative à un plan de jeu qui, désormais, veut faire sans véritable point d’appui?
«Moi, j’adore jouer à deux devant ou avec un appui immédiat. Me retrouver seul devant, entouré de défenseurs adverses, ce n’est pas évident. Je suis d’avis qu’un « 9 », il faut l’aider. Après, je ne sais pas si le coach veut jouer avec un faux « 9 ». Mais je suis à disposition. Même s’il faut être simple joker. Dès les premiers entraînements et dans les séances vidéo, Jeff Strasser a été extrêmement précis sur ce qu’il veut».
Et Muratovic, qui n’y a rien lu, saura quand même bien avant tout le monde si le «vrai» 9 est redevenu une option B à cause de la pénurie.