Gilles Muller entame ce lundi à 17h le dernier tournoi de sa carrière face à l’Italien Sonego (ATP121). New-York, c’est sa terre promise où il a souvent brillé ces 17 dernières années… Voici quelques coups d’œil dans le rétro…
2001 : vainqueur de l’US Open Junior
9 septembre 2001, la version juniors de l’US Open prend fin. Avec comme lauréats Marion Bartoli chez les filles et Gilles Muller chez les garçons. Comme c’est arrivé tout au long de sa carrière, «Mulles» écrivait l’histoire du tennis luxembourgeois avec ce qui reste l’unique titre remporté par le Grand-Duché en Grand Chelem.
«Un magnifique souvenir, forcément», glisse le n° 1 luxembourgeois qui, à côté du tennis, venait alors de visiter un World Trade Center qui allait subir les attaques que l’on sait quelques heures plus tard. «Avant de me rendre aux États-Unis, j’avais livré une saison plutôt bonne dans l’ensemble pour ma dernière année en juniors. J’avais été en demi-finale à l’Open d’Australie et en finale à Wimbledon. Cette dernière défaite à Londres (NDLR : face au Suisse Romain Valent) avait été compliquée à avaler car je menais d’un set avec un break d’avance, avant de perdre. Du coup, l’US Open était ma dernière chance de pouvoir écrire mon nom au palmarès d’un Grand Chelem. Il y avait quand même pas mal de pression sur mes épaules.»
Aucun de ses adversaires n’a percé
Il faut dire qu’il était la tête de série n° 1 en terre new-yorkaise. Mais il n’avait pas vraiment préparé spécifiquement ce rendez-vous. «C’était ma première fois à New York et je me suis tout de suite bien senti.» Il a enchaîné les tours face à des adversaires qui n’ont, par la suite, jamais vraiment réussi à percer chez les pros, ne perdant au passage qu’un petit set de tout le tournoi. Et ce avant de retrouver le Taïwanais Jimmy Wang, tête de série n° 2, en finale. «Je me souviens que j’avais réalisé une belle remontée, après avoir compté un break de retard au premier set, pour l’emporter 7-6(5), 6-2. Un moment incroyable.»
Et totalement inattendu quelques mois plus tôt. «J’avais dû commencer l’année aux environs de la 40e place mondiale en juniors. Donc, personne ne me voyait vraiment remporter un Majeur ou finir la saison à la place de n° 1 mondial.»
Un titre qui reste le seul remporté par le Reckangeois sur le sol américain. «Même en Challenger ou en Future, je ne me suis jamais imposé aux États-Unis. La seule fois où cela m’a vraiment souri, c’était cette année-là.» Pour une première fois (à New York), ce fut un coup de maître!
2005 : victoire sur Andy Roddick
Les premières fois à l’US Open ont souvent souri à Gilles Muller. Après avoir remporté l’édition juniors en 2001 pour sa première visite à New York, il a été grandiose en 2005 pour sa première apparition dans le tableau final du prestigieux rendez-vous de «Big Apple» (après deux éliminations au 1er tour des qualifs en 2003 et 2004).
«C’était mon premier tableau final mais aussi mon premier match sur le Arthur-Ashe (NDLR : le plus grand court du monde avec ses 24 000 places) et ma première « night session »», précise celui qui avait déjà sorti, quelques semaines plus tôt, un certain Rafael Nadal à Wimbledon.
Ce soir d’août, le sort lui avait réservé un autre cador : Andy Roddick, alors 4e joueur mondial et lauréat deux ans plus tôt à Flushing Meadows.
24 000 personnes debout
«Beaucoup pointaient l’Américain comme un potentiel vainqueur de la quinzaine. J’affrontais donc l’espoir n° 1 américain dans le plus grand tournoi des États-Unis», se remémore sourire aux lèvres celui qui pointait alors à la 68e place mondiale. «Partout ailleurs dans le monde, dans des circonstances similaires, vous affrontez un adversaire mais aussi tout un public acquis à sa cause. C’est normal, ce dernier est à 300 % avec son joueur. Mais aux USA, c’est différent. Les gens ne sont pas aussi « chauvins ». Les gens sont avant tout là pour voir un show. Et quand vous jouez bien, ils vous encouragent aussi. Après, je ne sais pas si Andy Roddick a joué un grand match mais moi, oui! Il y a ce moment qui restera toute ma vie en tête : la « standing ovation » qu’on a reçue des 24 000 personnes présentes avant le tie-break de la dernière manche. Et celle à la fin du match aussi.»
Un match remporté 7-6(4), 7-6(8), 7-6(1) par un Luxembourgeois qui allait, pour l’anecdote, se prendre une «taule» (1-6, 1-6, 4-6) deux jours plus tard face à un autre Américain, Robby Ginepri (ATP 46). «Après Roddick, j’ai senti ce qu’était la notoriété. Pour la première fois, les gens m’ont arrêté dans la rue pour me parler de ce match…»
2008 : premier quart en Grand Chelem
Après des éditions 2006 et 2007 marquées par des défaites respectivement au 1er tour et au
1er tour… des qualifs, «Mulles» refait parler de lui dans la «Grosse Pomme». Et pas qu’un peu!
À 25 ans, alors qu’il pointe à la 130e place mondiale, il sort des qualifications pour atteindre les quarts de finale. Un exploit qu’il était le deuxième à réussir en 40 ans sur le sol new-yorkais. Et en quart, c’est un certain Roger Federer qui se dressait face à lui (défaite 6-7(5), 4-6, 6-7(5)).
Il avait pensé à arrêter
«Ce match face à Roger, c’était la cerise sur le gâteau. Mais ce n’est pas celui-ci qui m’a marqué. C’est surtout toutes les rencontres qui avaient précédé. Au 1er tour des qualifs, par exemple, je suis mené d’un set (NDLR : par le Marocain Lamine Ouahab, 254e à l’ATP… qu’il avait battu lors de son succès en juniors en 2001) avant de l’emporter 7-6(6) et 7-5 au 3e set après avoir eu à sauver des balles de break ou de match», sourit celui qui était encouragé par Alessia, sa future femme, qui n’avait posé qu’une semaine de congé et qui avait donc dû suivre la fin de ses exploits sur internet. Une Alessia qui l’avait convaincu quelques mois plus tôt de persévérer alors que Muller se demandait «s’il ne ferait pas mieux d’arrêter le tennis».
Après deux beaux exploits face à Tommy Haas (ATP 39) et Nicolas Almagro (ATP 18) où, pour la première fois, il avait renversé un match après avoir été mené deux sets à zéro, «Mulles» glissait à l’époque avoir «bien fait de continuer». Et comment! En huitième de finale, il avait ensuite battu Nikolay Davydenko (ATP 5), un joueur contre qui il n’avait «pris que des tôles précédemment».
Un parcours incroyable qui s’arrêta donc en quart face au futur vainqueur suisse. «Physiquement, cela avait été super dur. En huitième, j’en étais à mon septième match. Dans un Grand Chelem, généralement, quand vous jouez autant, vous êtes en finale.» Ce n’en était pas une, mais c’était beau quand même.
2017 : Il fracasse sa raquette, la vidéo devient virale
Faut pas l’embêter, Gilles Muller ! #USOpen pic.twitter.com/El7iEYNGaF
— Eurosport.fr (@Eurosport_FR) 30 août 2017
Voici un an, tout auréolé de sa victoire mythique sur Rafael Nadal en huitième de finale de Wimbledon, Gilles Muller est forcément surveillé au moment où les choses sérieuses commencent à Flushing Meadows.
Du coup, lors de son 1er tour face à l’Australien Bernard Tomic, les images de la raquette qu’il explose contre sa chaise après la perte de la manche initiale sont vues et revues. Eurosport s’en sert même dans un clip où on voit «Mulles» taper sur différents sportifs avant que ceux-ci ne tombent. Et forcément, cela devient vite viral sur le net.
«Je peux évidemment en rire mais tu as quand même l’air con quand tes enfants voient ça à la TV. C’est difficile de le dire qu’il ne faut pas faire des choses comme ça…», explique le Reckangeois.
«Enfin, cela fait partie du jeu avec l’émergence des réseaux sociaux… J’en ai beaucoup cassé des raquettes dans ma carrière. Mais ces fois-là, il n’y avait pas forcément 20 caméras pour le filmer. Au final, je vous avoue que j’aurais préféré ne pas faire le buzz cette fois-là. Et surtout ne pas avoir cassé cette raquette…»
Julien Carette