Nadia Mossong a décidé d’arrêter sa carrière pro. Mais pas le basket. Cette année, elle défendra les couleurs du T71 de Dudelange… et commencera un nouveau métier. Retour sur le parcours d’une pionnière.
«Ma décision était prise dès l’année dernière.» Nadia Mossong savait que cette troisième saison au sein du Pallacanestro Bolzano, en D3 italienne, serait sa dernière en tant que joueuse professionnelle : «Il était temps de penser au futur. Avec un nouveau diplôme en poche, je pouvais commencer une nouvelle vie.»
En effet, si elle avait bien un statut de joueuse professionnelle, la Luxembourgeoise n’en poursuivait pas moins des études. Aux États-Unis, elle a décroché un master en administration du sport et en octobre 2019, elle a obtenu son diplôme en leadership and management.
C’est donc avec une valise bien pleine de diplômes qu’elle met un terme à une très longue page de sa vie de sportive. Pour Nadia Mossong, tout a commencé il y a de longues années, quand elle a cédé à une ultime tentative de Hermann Paar, alors entraîneur national dames : «Il m’a poussée à aller étudier aux États-Unis. À l’époque, je ne savais même pas que c’était possible, que ça existait. Et j’ai refusé. Un jour, il a rappelé en me disant que c’était la dernière fois qu’il me le demandait. Je crois qu’il y a eu un déclic. On s’est dit que j’allais essayer un an… J’y suis restée quatre.»
C’est donc du côté d’Eastern Kentucky, en NCAA 1, que Nadia Mossong, qui avait jusque-là joué tout le temps à la Résidence, va découvrir un autre monde : «Pour les Américains, le sport est quelque chose de très important. C’est vrai que ça change.»
«Être pro, c’était un rêve. Et j’ai réussi à l’atteindre !»
La suite ? C’est un parcours qui la mènera d’Osnabrück en Allemagne, à Sprimont en Belgique, avant une parenthèse de deux ans avec Etzella et de retrouver le professionnalisme à La Garnache, en France, avant une demi-saison à Chemnitz puis une autre demi-saison à Sarrelouis. Pour terminer par trois saisons en Italie, à Bolzano.
Au moment de regarder dans le rétro, la jeune femme de 32 ans se montre enthousiaste : «Jouer en tant que pro en soit, c’était déjà un rêve. Et j’ai réussi à l’atteindre! Ce n’était pas quelque chose d’évident pour les filles de ma génération. Maintenant, elles ont plus d’opportunités. On voit que Lisa (Jablonowski) va jouer en D1 italienne et c’est génial. Maintenant, les gens sont plus habitués à voir des filles évoluer à l’étranger. Peut-être que j’aurais pu faire plus. Mais je suis contente de mon parcours. Et je n’ai aucun regret!»
Il est désormais temps de tourner une page. Ou, plus exactement, d’en écrire une autre. Rentrée en mai d’Italie, où la meilleure marqueuse de la saison en Série B n’avait pas pu terminer la saison, Nadia Mossong était donc sur le marché du travail.
Une opportunité avec le T71 et l’Interreg
Et c’est au Luxembourg qu’elle va poursuivre son activité : «Je voulais travailler dans le monde du sport mais ce n’était pas évident avec le coronavirus», confie-t-elle encore.
Et c’est Marcel Wagener, le président du T71, qui va lui offrir une opportunité : «Plusieurs clubs luxembourgeois m’ont contactée pour que je les rejoigne. Mais Marcel est venu me chercher pour me proposer le poste de coordinateur sportif du projet Interreg, qui était occupé par Frank Muller. Je me suis dit que ce serait une bonne opportunité pour mettre un premier pied dans le monde professionnel, pour se faire une première expérience.»
À compter du 1er octobre prochain, elle va donc prendre la succession de Frank Muller, appelé sous d’autres cieux. Son rôle sera de développer une série d’actions en coopération avec des clubs frontaliers de France, Belgique et Allemagne. Une mission à mi-temps qui permettra à Nadia Mossong de travailler également sur un futur projet professionnel.
Et qu’elle aborde avec enthousiasme : «C’est une bonne transition et comme toutes les transitions, c’est forcément stressant. Il faut s’adapter, apprendre de nouvelles choses. Je pense que ça va me plaire.»
Un livre déjà bien fourni
Et de passer quelques heures à l’entraînement. En effet, elle rejoint par la même occasion la formation du T71 pour la saison qui s’ouvre samedi. En compagnie de coéquipières qu’elle a rejointes un peu tardivement : «Je n’ai repris que le 2 septembre car j’ai eu un test qui s’est révélé positif et j’ai dû rester en quarantaine deux semaines.» Heureusement, elle était asymptomatique. Même si elle aura le même statut que n’importe quelle joueuse luxembourgeoise du T71, Nadia Mossong ne s’interdit évidemment pas de s’entraîner un peu plus : «Je suis habituée à m’entraîner plus d’une fois par jour. Je vais sûrement rajouter quelques séances», sourit-elle. Sa seule présence fait-elle automatiquement de Dudelange un candidat au titre? «J’ai suivi d’assez loin le championnat luxembourgeois ces dernières saisons, mais si j’ai bien compris, c’était assez serré. J’espère qu’on jouera le haut du tableau avec notre équipe composée à moitié de jeunes et à moitié de vieilles comme moi!» Elle commencera sa saison un peu plus tard que les autres, puisque le T71 est exempté. Le premier match est donc programmé vendredi prochain, à domicile contre le Sparta. L’occasion de voir Nadia Mossong écrire une nouvelle page d’un livre déjà bien fourni.
Romain Haas