À Pékin, Charline Mathias aborde sa série du 800m, demain, avec beaucoup de détermination, dans ce stade du Nid d’oiseau.
L’athlète du CSL a fait parler d’elle cette année, ponctuée d’un superbe record national en Suisse en 2’01″30 qui lui permet de se qualifier parmi les 48 meilleures athlètes engagées. Elle se confie sur une saison 2015, tout simplement exceptionnelle.
L’année 2015 a été très riche et ce n’est pas terminé avec les championnats du monde. À quel moment avez-vous senti un déclic?
Charline Mathias : À Bakou, lors de la coupe d’Europe. J’avais déjà fait une bonne course, fin mai, à Oordegem. En Islande, lors des JPEE, ça m’a donné beaucoup de confiance quand j’ai pu battre Anita Hinriksdottir. Et c’est vrai qu’à Bakou, j’étais vraiment confiante, j’ai pu faire un super résultat et j’ai enchaîné. Après, à Nancy, je me suis ratée. C’était de ma faute et j’ai appris de cette erreur. Ensuite, ça s’est mieux passé. Mais le déclic, c’était vraiment à Bakou. C’est là que tout a commencé.
Comment allez-vous aborder ces séries du 800 m?
Chez les filles, c’est plutôt rare que les courses soient tactiques. En général, elles sont gagnées sous les 2’01″00. Tout dépendra aussi de comment est la course, bien sûr. Chaque série ne se ressemble pas, mais j’aurai peut-être une chance. Il faut que je rentre dans la course, que je me positionne bien et que je m’accroche jusqu’à la fin.
L’année dernière, après les championnats d’Europe à Zurich, on était encore loin d’évoquer les Jeux olympiques de Rio. Avec le recul, est-ce que vous vous imaginiez que se rapprocher des normes était possible?
Je l’ai espéré… Il y a eu beaucoup de changements cette année, depuis que je suis à Lille. Les entraînements ont changé et c’est surtout dans la tête que je suis plus forte, maintenant. À l’entraînement, on se prépare forcément pour essayer de courir les normes. Je n’ai pas eu de chance cet hiver en me blessant, mais bon, j’ai pu me reposer et bien me préparer. L’objectif est la norme pour les Jeux olympiques, donc pour moi ce ne sera pas une surprise si je les ai.
Comme vous l’avez souligné, il y a eu beaucoup de changements et vous semblez vous être très bien adaptée…
Ce qu’il faut dire c’est que Camille, mon entraîneur à Luxembourg, a toujours suivi ma progression. Il savait exactement ce que je faisais. Les entraînements sont totalement différents, et c’est vrai que je n’étais pas sereine à Lille. Mais j’ai pu discuter avec lui et il était présent, il m’a rassurée.
Beaucoup d’athlètes partent aux États-Unis, vous avez fait le choix de rester en France. Quelle était la raison?
Je devais y aller après mon baccalauréat et il y avait trois écoles américaines où je pouvais aller. J’ai eu quelques offres après les Mondiaux Juniors. Mais je me suis blessée pendant plus d’un an, et puis c’était fini pour moi. Je suis restée à Luxembourg un an pour guérir, avant d’aller à Strasbourg et puis Lille, maintenant.
On a le sentiment que vous n’allez pas à Pékin pour faire de la simple figuration.
Non, c’est clair. Mais il faut être réaliste aussi : passer un tour, ce sera très compliqué. Mais avoir ce genre de discours, c’est rentrer dans la course avec une mauvaise mentalité. Si je m’élance dans une course en me disant : « C’est bien d’y être », c’est pas le top. Après je peux très bien terminer dernière, mais bon, il ne peut rien m’arriver… Je donnerai le meilleur de moi-même, et c’est une bonne opportunité de montrer ce que je sais faire. Ce genre de championnats, ça te motive aussi!
Vous avez fait beaucoup de courses de très haut niveau. Dans quel domaine devez-vous travailler pour, éventuellement, espérer un jour titiller les meilleures?
J’avais quelques restrictions cette année. Par exemple, je ne pouvais pas m’entraîner deux fois par jour tant que je n’avais pas terminé mes examens. J’aimerais faire plus de stages. Et puis, la récupération est quelque chose d’essentiel, et ce n’est pas toujours possible en étant à l’université. C’est vrai que ça pourrait être un peu plus professionnel, mais par rapport à la qualité de mes entraînements, c’est déjà très bien.
En juillet, vous avez pris une décision très difficile en choisissant de ne pas vous rendre aux Universiades en Corée du Sud. Pouvez-vous expliquer ce choix?
Oui, c’était très dur de dire que je n’y allais pas. J’aurais vraiment voulu y participer! Mais j’en ai discuté avec mes entraîneurs et puis j’avais moi-même décidé de ne pas les faire. Je ne voulais pas prendre de risques avec ce long voyage, et puis, lors des séries, on peut toujours avoir des surprises. J’avais en tête de décrocher ces normes pour les Mondiaux de Pékin ainsi que les JO à Rio.
Vous parlez beaucoup des normes pour les Jeux olympiques à Rio sachant que vous allez courir ces Mondiaux. Est-ce que vous ne vous mettez pas trop de pression avant les séries?
Moi je vais à Pékin pour montrer ce que je sais faire. Le fait de courir, je serai très contente, car j’ai atteint mon objectif. En ce qui concerne Rio, j’ai encore le temps, même l’année prochaine. Je ne vais pas me stressée et me rendre folle pour ça. Si ça marche à Pékin, tant mieux. Si ce n’est pas le cas, on va faire un programme, l’année prochaine, avec les courses que je souhaite courir. Ça doit être des courses où je peux courir devant et bien, voire les gagner. Et si je réussis à faire ça, les chronos tomberont automatiquement.
Entretien avec notre correspondant Matthieu Bebon
Le programme
Demain 4 h 25 (heure luxembourgeoise) : Séries
Jeudi 14 h 05 : Demi- finales
Samedi 13 h 15 : Finale
Bravo Charline, continue comme ceci!