FIFA Les présidents de toutes les associations de la planète prenaient hier des nouvelles de cette fameuse réforme du Mondial tous les deux ans. Paul Philipp fait le point.
C’est au fil d’une longue visioconférence de 2 h 30 que le président de la FLF a pris les dernières nouvelles de ce plan qu’a la FIFA d’instaurer des tournois internationaux tous les ans. Il n’a rien appris (ou presque), mais y a acquis des certitudes sur la volonté réelle ou pas d’arriver à cette révolution du calendrier.
Alors, ce Mondial tous les deux ans, on en est où?
Paul Philipp : Comme l’avait dit Infantino, cette réunion servait avant tout à donner des nouvelles, à soumettre des propositions. Il n’y avait pas matière à prendre des décisions. Visiblement, ils ont bien pris en compte cette remarque que tout le monde s’était fait à propos de la première mouture : une à deux plages d’éliminatoires seulement sur l’année, ce qu’on nous avait expliqué, c’était impossible, on allait droit dans le mur. On perdait nos points de repère tant du point de vue sportif qu’au niveau de l’intérêt des spectateurs. Or ils nous ont apporté la garantie qu’il y aurait systématiquement dix matches par saison, les fenêtres internationales restant à discuter. Mais l’idée reste bien qu’il y ait un tour final de Mondial ou d’Euro tous les ans.
Cette prise en compte apparente des récriminations formulées par les fédérations est-elle positive à vos yeux?
Ah ils ont tenu compte de toutes nos remarques, oui, mais cela ne change rien au fait que cela pose le problème du calendrier. Plus de matches, plus de compétitions… Alors qu’ils n’arrêtent pas de répéter qu’il faut protéger la santé des joueurs, qu’ils jouent trop, ils vont encore surcharger le calendrier, même s’ils ont annoncé vouloir introduire trois semaines de repos obligatoire après chaque tour final. Mais bon, les championnats, il fait bien les reprendre à un moment…
Comment sentez-vous les autres fédérations par rapport à ce projet?
J’ai l’impression qu’ils veulent contenter tout le monde et que cela peut passer. Même si c’est dur de s’en rendre compte lors d’une visioconférence avec 215 nations. Le représentant du Danemark a bien essayé de demander pourquoi ne pas en rester à un Mondial tous les quatre ans, mais visiblement, l’Afrique et l’Asie, sans surprise, aiment l’idée d’une telle compétition tous les deux ans. D’ailleurs, tout au long de cette conférence, il y a eu énormément d’intervenants africains. Certains étaient peut-être en service commandé, mais je me dis qu’eux auraient peut-être moins de problèmes à organiser leurs calendriers nationaux et Infantino joue là-dessus : pour eux, un Mondial tous les deux ans, ça veut dire plus de chances d’y être – mais en est-on sûr, d’ailleurs? – et plus de chances de l’organiser.
Les pays sud-américains en Nations League? Sur le principe, pourquoi pas, mais quelle est la faisabilité?
L’Europe, fatalement, y est majoritairement hostile, même si certaines petites nations risquent d’avoir le même genre de réflexion?
Je crois que dans cette affaire, nous devons surtout rester solidaires des grandes nations ou on risque de les perdre.
Précisez.
Nous, dans ce système tel qu’il nous a été présenté, on a au moins la certitude de pouvoir participer à des qualifications. Mais il faudrait voir à ce qu’au niveau européen, on ne casse pas le système et que tous les pays européens continuent sur le même parcours qualificatif. Pas séparés. Il ne faut pas que l’UEFA soit scindée en deux ou trois. Alors les grandes nations, il faudra les suivre. Même si Ceferin (NDLR : le président de l’UEFA) a été très ferme sur ses engagements. Après, est-ce du bluff ou un coup de pression, il a proposé d’ouvrir la Nations League aux nations sud-américaines qui sont aussi plutôt contre cette idée de Mondial tous les deux ans. C’est sans doute pour faire contrepoids à la FIFA.
Cette information, parue très récemment et qui vise à faire de la Nations League un tournoi intercontinental, l’estimez-vous sérieuse?
Ils vont sûrement mettre ça concrètement sur la table, mais comment vous l’organisez? Sur le principe, pourquoi pas, mais la faisabilité?
Quelles sont les prochaines échéances? Un vote?
On doit en rediscuter en février. On n’a pas parlé de vote. Il devait y en avoir un là, en décembre, mais cela s’est transformé en cette visioconférence et cela n’a pas l’air d’être une priorité absolue, une urgence. Infantino ne donne pas l’impression qu’il va à la guerre sur le sujet. En même temps, là, on ne va pas dans le sens des promesses récentes : on n’allège pas, on ne protège pas. C’est même tout le contraire : on surcharge!
Entretien réalisé par Julien Mollereau