D’un côté les cohortes d’Américains, passionnés de longue date du « soccer » féminin, de l’autre les néo-convertis néerlandais et leur défilé Oranje : la finale du Mondial s’annonce rythmée en tribunes dimanche (17h).
En centre-ville de Lyon, on entend parler anglais partout ou presque. Avec l’accent américain. C’est que le « soccer » féminin est une tradition de longue date aux États-Unis, où sa vitalité vient notamment du système universitaire instauré en 1972 et ses programmes sportifs réservés aux étudiantes.
Le championnat nord-américain est le seul à remplir régulièrement des stades pour des matches de football féminin. « A Portland, qui est un gros club, on jouait devant 18 000 spectateurs à chaque match », racontait la capitaine française Amandine Henry qui a tenté l’aventure américaine en 2016-2017.
15% des places pour les Américains
« Les Américains sont aussi des grands fans de leur équipe nationale. Historiquement, c’est une des premières équipes féminines à connaître autant de succès (avec les basketteuses) et une des premières disciplines à avoir créé une ligue professionnelle chez les femmes », explique Calvin, originaire d’Atlanta et arrivé à Lyon lundi avec sa petite famille.
Depuis le début de Mondial, 156 191 billets ont été écoulés auprès du public américain, soit 15% des places au total. Bien sûr, à domicile, les Français font largement mieux (826 685 billets), mais la « Team USA », triple championne du monde et quadruple médaillée d’Or aux JO, distance largement les autres nations.
Familial, le public américain appartient principalement aux CSP+. « Le soccer féminin est une pratique sportive appréciée des classes moyennes et supérieures américaines, ce qui se retrouve dans le public présent à Lyon, massivement blanc et privilégié », estime le sociologue Nicolas Hourcade. Les Américains sont souvent installés dans des hôtels cossus, visitent les traboules, ces passages typiques du vieux-Lyon, et s’offrent un « wine tour » dans le Beaujolais ou en Côte-rôtie. Calvin, son épouse et leur fils Adrian, 12 ans, ont « adoré » le musée des Confluences, son architecture originale et ses expositions consacrées à l’histoire naturelle ou l’anthropologie.
Engouement récent mais fort aux Pays-Bas
Aux Pays-Bas, l’engouement autour de la sélection féminine est bien plus récent. Il date de la victoire à l’Euro-2017, à domicile, un déclic. « Je crois que ce potentiel du football féminin existait mais il n’y avait pas encore les infrastructures », a décrit la sélectionneuse Sarina Wiegman mercredi. « Les joueuses ont beaucoup progressé ces dernières années grâce aux compétitions internationales et aux transferts dans les clubs européens ». Et les supporters, aux couleurs de leur pays des pieds à la tête, s’en donnent à cœur joie, comme à Valenciennes, où les habitants se souviendront longtemps de la parade Oranje dans les rues de la ville.
L’affluence au stade était moins importante pour l’inattendue demi-finale contre la Suède à Lyon, mais la télévision néerlandaise a signé un nouveau record pour du foot féminin : 5 millions de téléspectateurs, dans un pays de 17 millions d’habitants. Les journaux locaux consacrent leur Une à la buteuse Jackie Groenen et sa joie communicative, comme le Telegraaf qui savoure la « FINALE ! », pendant que l’Algemeen Dagblad célèbre une performance « HISTORIQUE », avec cette première qualification en finale de Coupe du monde.
Pendant le Mondial, 30 759 billets ont été écoulés auprès du public néerlandais, selon les chiffres du comité d’organisation, en date du 1er juillet.
LQ/AFP