Les pronostics ont été déjoués : la France, pourtant non recommandée par World Rugby, a été choisie mercredi pour organiser en 2023 la deuxième Coupe du monde de rugby de son histoire, après celle de 2007, coiffant sur le poteau le favori sud-africain et l’Irlande.
Les deux hommes forts de la candidature tricolore, le président de la Fédération Bernard Laporte et le directeur de France-2023, Claude Atcher, avaient donc raison de se montrer optimistes : à Londres, les votants n’ont pas suivi les recommandations de World Rugby, le 31 octobre, de confier la compétition à l’Afrique du Sud, qui l’avait eue en 1995. La France accueillera donc en moins d’un an deux compétitions mondiales majeures : à la Coupe du monde de rugby en septembre-octobre 2023 succèderont en août 2024, les jeux Olympiques de Paris.
Le dossier français, pourtant classé deuxième du rapport d’évaluation, a convaincu les fédérations et confédérations membres du conseil de World Rugby dès le premier tour : il y a récolté 18 voix (contre 13 pour l’Afrique du Sud et 8 pour l’Irlande), et 24 au second, contre 15 pour l’Afrique du Sud. « Je suis fier. Merci à World Rugby qui a fait beaucoup, même s’il y a eu des incompréhensions », a déclaré le président de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte, à Londres, devant Claude Atcher, en larmes, ou encore les anciens internationaux Frédéric Michalak et Sébastien Chabal, ambassadeurs de la candidature française.
La France, comme l’Irlande, avait en effet critiqué avec véhémence le rapport d’évaluation, pointant notamment des carences en termes d’infrastructures (stades, hôtels, transports) par rapport à l’Afrique du Sud. Les deux hommes forts de la candidature française, stupéfaits que les deux pays soient placés à égalité, avaient également soulevé l’angle de la sécurité. Avant de coucher par écrit ces récriminations dans un courrier officiel adressé à World Rugby, lui demandant de modifier le rapport. L’organe qui gère le rugby mondial ne l’avait pas fait, et la décision des votants mercredi constitue un camouflet pour lui.
Bouffée d’oxygène
« Ils l’ont déjà accueillie, donc ce sera un réussite. Cela a été un long processus, pour la première fois nous avons rendu les résultats de ce processus publics », a commenté son président Bill Beaumont. Laporte, lui, a tenu à remercier son ami Claude Atcher avec qui il a repris en main à partir de janvier un dossier initié par la précédente direction de la FFR. « Nous avons gagné la présidence depuis un an, et la Coupe de monde était notre premier dossier. Nous avions du retard mais nous le devions pour le rugby amateur. C’est la victoire du rugby amateur » a aussi souligné Laporte. « Je ne sais pas si on est bon, mais le combat on aime ça », a-t-il poursuivi. « Nous avons un dossier qui a été solide, nous ferons de notre mieux et je peux vous garantir que ce sera une Coupe du monde réussie » a ajouté celui qui était en 2007 sélectionneur du XV de France.
Outre les infrastructures, l’autre point fort annoncé du dossier français était financier, avec des revenus reversés à World Rugby (et donc aux fédérations) estimés à quelque 300 millions d’euros. Pour Laporte, cette décision constitue une succès, dans un contexte pesant, puisque les conclusions de l’enquête diligentée à son encontre par le ministère des Sports pour des soupçons de favoritisme sont attendues d’ici quelques jours. L’organisation de la Coupe du monde 2023 est également une bouffée d’oxygène pour la FFR : elle devrait donner un coup de fouet au rugby français, par les recettes générées et l’exposition induite. Le XV de France, est en plein marasme sportif et le nombre de licenciés est en baisse (- 16 500 en 2016-2017).
Le Quotidien/AFP