Le Mondial-2022, au Qatar, se tiendra pour la première fois en hiver, probablement en novembre-décembre, à des dates que le comité exécutif de la FIFA arrêtera jeudi et vendredi à Zurich et qui provoquent déjà une fronde des clubs et championnats européens.
Logo de la Fifa affiché sur la façade du siège de l’instance internationale, le 26 septembre 2014 à Zurich. (Photo : AFP)
Depuis l’attribution de la Coupe du monde à l’Emirat du Golfe en décembre 2010, les controverses pleuvent entre soupçons de corruption et dénonciation des conditions de travail sur les chantiers du Mondial. Sans oublier le casse-tête d’un calendrier modifié en raison des chaleurs estivales au Qatar – parfois jusqu’à 50° – mettant en péril la santé des joueurs comme celle du public. Selon les recommandations formulées par un groupe de travail de la Fédération internationale, et d’après certaines sources proches du dossier, le tournoi pourrait débuter le 26 novembre et se terminer le 23 décembre.
Si le comité exécutif retient effectivement ces dates, le Mondial durerait alors quatre semaines, quatre jours de moins qu’au Brésil en 2014.
> Entre JO et championnats
Objectif : ne pas entrer en concurrence avec les JO d’hiver, et gêner le moins possible les grands championnats européens. Las, les Ligues européennes grincent déjà des dents (contrairement à l’UEFA, prête à moduler le calendrier de sa Ligue des champions). Au premier rang des mécontents, la richissime Premier League et son rituel du « Boxing Day » à la période de Noël. La FIFA pourrait certes consentir quelques efforts. Son président Joseph Blatter, grand favori à sa propre succession pour un 5e mandat en mai, s’est d’ailleurs récemment fait l’avocat d’une fin de tournoi au plus tard le 18 décembre.
« Il faut s’assurer que l’on puisse conserver intact notre programme des fêtes », tonne le directeur exécutif de la Premier League, Richard Scudamore, qui s’inquiète aussi de « l’intégrité du championnat, car une coupure de six ou sept semaines, ce n’est évidemment pas idéal ». Même tonalité en Espagne, où la Ligue a estimé le mois dernier que ce calendrier « perturbera la déroulement normal des compétitions éuropéennes et provoquera de graves dommages ».
En Allemagne, où les diffuseurs s’inquiètent de la concurrence avec les sports d’hiver, le manager de Mönchengladbach, Max Ebrl, estime que cette programmation « aura un impact sur le calendrier de la Bundesliga pour deux ou trois ans ». Même partition jouée en France par l’influent président de Lyon, Jean-Michel Aulas : « Je suis totalement solidaire de l’ECA (association des clubs européens, ndlr) et de l’EPFL (association des championnats professionnels européens) et je considère que la date retenue n’est pas la plus appropriée ».
> Dédommagements
Les Ligues européennes sont toutefois conscientes que le Mondial va devenir un sport d’hiver en 2022, mais elles réclament des «dédommagements» financiers, formulés par Karl-Heinz Rummenigge, patron de l’ECA. Revendication pour l’heure refusée. «Il n’y a aura pas de compensation financière, il y a sept ans pour s’organiser», assurait en février le secrétaire général de la FIFA, Jérôme Valcke.
Mais pour Jean-Michel Aulas, le dossier peut encore bouger : « On a obtenu de l’UEFA des dédommagements pendant ses compétitions. Nous sommes au début des discussions. N’oublions pas que la FIFA entre en période électorale (pour la présidence, avec un vote le 29 mai à Zurich). On verra une fois les élections passées ». Pour autant, un Mondial hivernal a aussi ses défenseurs. « Aux Pays-Bas, il y a dix jours de trêve, explique le Néerlandais Ronald Koeman, entraîneur de Southampton en Angleterre. Ici, quand vous jouez deux matches en deux jours (pendant le Boxing Day), les risques de blessure sont plus élevés ».
« Le Mondial arrive normalement à la fin d’une longue saison éprouvante, quand les joueurs sont cramés, ajoute l’ancien international anglais Phil Neville. D’un point de vue anglais, ce pourrait bien être la meilleure chose qui nous soit arrivée. On aurait une équipe fraîche comme jamais avant un Mondial ». L’Angleterre en profitera-t-elle pour éviter une sortie sans gloire au premier tour, comme l’été dernier au Brésil ?
AFP