Une édition réussie, très suivie, mais décevante pour l’équipe de France : la Coupe du monde féminine, remportée dimanche par les États-Unis, laisse son lot de frissons, de souvenirs et de regrets.
13-0 contre la Thaïlande. Les Américaines ont donné le ton dès le début du tournoi. Même si la suite fut plus disputée, la « Team USA » est supérieure à toutes les autres et s’offre une quatrième Coupe du monde après 1991, 1999 et 2015 grâce au succès contre les Pays-Bas dimanche à Lyon (2-0). Avec leur puissant système universitaire et leur championnat qui remplit des stades, les États-Unis survolent le football féminin.
Le match de plus haletant aura été la demi-finale contre l’Angleterre (2-1). Star incontestable de ce Mondial, l’attaquante américaine Megan Rapinoe a multiplié les interventions pour réclamer l’égalité salariale femmes/hommes, un engagement financier bien plus important de la Fifa et des sponsors ou pour s’en prendre frontalement au président américain Donald Trump.
Élan populaire
La capitaine aux cheveux roses a terminé meilleure joueuse et meilleure buteuse du tournoi et peut rêver du Ballon d’Or. « Megan a été taillée pour cela, pour être la porte-parole du football féminin. Elle est d’une éloquence incroyable. Plus elle est exposée, plus elle prend la lumière. Elle ne se brûle pas les ailes, ce n’est pas Icare », l’applaudit sa sélectionneuse Jill Ellis.
Dans le stade après la finale, des supporters ont scandé « Equal Pay » pour réclamer l’égalité salariale. Jamais une Coupe du monde féminine n’aura été autant suivie à la télévision. Les records sont tombés dans plusieurs pays, France, Angleterre, Pays-Bas, Brésil…. La Fifa évoque une audience de plus d’un milliard de téléspectateurs devant la TV et les réseaux sociaux, deux fois supérieure à celle du Mondial-2015.
Les stades ont attiré un public souvent nombreux (74% en moyenne) sauf à Montpellier ou à Nice, où les organisateurs ont rappelé les remplissages souvent faibles en championnat de France également. Les villages d’animation Fifa, installés dans les centre-villes, ont connu eux un succès très relatif.
L’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR), utilisée plus d’une trentaine de fois, a électrisé toute la compétition, jusqu’à la finale avec un penalty accordé aux Américaines après revisionnage des images. Ce n’est pas ce Mondial qui mettra fin aux éternels débats sur cette technologie. Même le président de la Fédération française de football Noël Le Graët l’a trouvée trop présente avec des temps d’arrêts trop longs. La patron de la Fifa Gianni Infantino l’a défendue sans ambages : « si on n’avait pas introduit la VAR, on aurait eu l’air de vieux cons misogynes qui pensent que l’on ne peut pas faire la même chose que les hommes. La VAR a permis de rectifier 27 erreurs ».
Désillusion pour les Bleues
Était-ce le dernier Mondial de la star brésilienne Marta, 33 ans ? Après l’élimination en 8es de finale contre la France (2-1), elle a pris la parole en larmes, pour appeler à la mobilisation générale autour du football féminin : « C’est un moment spécial, il faut en profiter. (…) Il faut pleurer au début pour sourire à la fin. Il faut en vouloir plus, s’entraîner plus, être prête à jouer 90 minutes, plus 30 minutes (de prolongation) et toutes les minutes nécessaires. C’est ce que je demande aux filles. Formiga n’est pas éternelle, Marta non plus, Cristiane non plus. Le foot féminin dépend de vous pour survivre. Pensez à ça, savourez. Pleurez au début pour sourire à la fin ».
Désillusion pour le pays organisateur, l’équipe de France a été éliminée dès les quarts de finale par des Américaines supérieures (2-1). Loin de l’objectif de la finale affiché début mai. La sélectionneuse Corinne Diacre, « femme de la situation », a été maintenue à son poste.
Mais la technicienne devra probablement recoller les morceaux avec certaines cadres. Sa relation est réputée fraîche avec Wendie Renard, depuis qu’elle lui a enlevé le brassard de capitaine début 2018. Et Diacre vient de critiquer l’attaquante Eugénie Le Sommer, à qui elle reproche de ne pas avoir respecté les consignes. L’équipe de France n’a jamais fait mieux que sa demi-finale à la Coupe du monde 2011.
LQ/AFP