Ce jeudi soir, le F91 de Dudelange défie le Milan AC au stade Giuseppe-Meazza… le fameux « San Siro ». Les Luxembourgeois courent après leur premier point en Europa League… et si la Scala du football était le théâtre de tous les exploits ?
Même là, aux pieds des Alpes déjà bien enneigées, Dino Toppmöller ne désarme pas. Il y a pourtant plein de petits signes qui suggèrent gentiment au technicien dudelangeois de lâcher l’affaire, mais non, conscience professionnelle oblige, il ne veut rien entendre : «Il faudra rappeler aux joueurs qu’on n’est pas là pour regarder le stade et échanger les maillots. Oui il sont plus forts que nous, mais j’espère un bon résultat.» Pourtant…
Pourtant son équipe vient d’exploser il y a trois semaines à Athènes (5-1) dans son plus mauvais match européen de l’année. Pourtant les deux points perdus à Rosport dimanche placent ses gars sous une pression encore plus importante en DN qui fait passer ce rendez-vous de semaine pour un match d’une importance très relative. Pourtant son patron, Flavio Becca, celui qui le paie, vient d’annoncer que dans deux ans il ferme les vannes pour aller voir ailleurs. Pourtant, à côté du fauteuil qu’il a choisi pour livrer une conférence de presse improvisée à l’hôtel Grand Visconti Palace, son attaquant Danel Sinani fait un truc de jeune star en devenir : il envisage son avenir avec les émissaires d’un club indéterminé qui semblent parler italien.
La défense milanaise sera-t-elle prenable ?
C’est ce dernier contretemps, anecdotique mais tellement distrayant, qui va fournir l’occasion d’une pirouette désarmante du coach allemand : «Écoutez, le Bayern n’a contacté ni lui ni moi, donc j’estime qu’on travaillera encore pour les six prochains mois.»
Sinani, autant qu’un Turpel «plus frais qu’avant son départ en sélection», seront les pierres angulaires de l’offre offensive du F91 ce jeudi soir. Devant 600 Luxembourgeois descendus jusqu’en Lombardie pour profiter de ces instants qui ne se produisent qu’une fois tous les 30 ans (la dernière fois, c’était en 1972, avec les Red Boys), Dudelange se dit peut-être qu’il y aura moyen de faire quelque chose contre ce Milan AC privé de la quasi-intégralité de sa ligne défensive (Romagnoli, Caldara, Musacchio) et qui va relancer des garçons qui n’ont plus joué depuis des mois pour cause de pépins physiques… ou pas (Simic, Bertolacci, Mauri).
D’une manière générale, Toppmöller a trouvé matière à penser que Gennaro Gattuso prend, un peu, ce rendez-vous par-dessus la jambe. «Je l’espère même, plaisante Toppmöller. Ils ont peut-être vu notre match à l’Olympiakos, qui n’était pas bon, durant lequel nous avons commis trop d’erreurs individuelles.»
En fait, le staff dudelangeois espère que les dernières semaines de campagne ont eu le temps d’effacer des esprits milanais ce match aller plein «d’agressivité et de courage», caractérisé par «l’absence de peur avec le ballon». F91 – Milan AC a été, oui, il y a déjà deux mois, le 20 septembre, une référence continentale qui va faire date pour les prochains clubs luxembourgeois à se frotter au très très haut niveau, s’il y en a.
Reste à savoir si, fin novembre, il reste encore du jus à cette défense pour priver Higuain de tout ballon exploitable, pour empêcher Halilovic et Laxalt d’écumer les couloirs, pour perturber l’immense Pepe Reina dans les buts. C’est bien parce que tout le monde pense que non que le rêve est plus que jamais nécessaire. Et quel meilleur endroit que San Siro?
De notre envoyé spécial à Milan, Julien Mollereau