BGL LIGUE (13e JOURNÉE, MATCH EN RETARD) Avant le derby eschois, Mickaël Garos, dans le sillage de Tarek Nouidra, semblerait presque ne jamais avoir été aussi bon, à 36 ans.
C’est dommage, à un match près, le derby eschois aurait pu être le 250e match en BGL Ligue de la carrière de Mickaël Garos. Il devra attendre le mois de février prochain pour entrer dans le cercle très fermé des 125 joueurs à avoir atteint ce total qui vous pose un homme dans l’histoire de la Division nationale.
Son «vieux» coéquipier Tarek Nouidra, 37 ans, plus âgé de 367 jours, vient lui de dépasser les 300 parties, mais c’est bien le vieux défenseur central français, deuxième joueur le plus utilisé de l’effectif eschois (seul Borger a joué plus de minutes que lui depuis début août) qu’on remarque beaucoup, ces derniers temps.
La raison : il marque. Pas énormément, mais à sa mesure, il suffit d’expliquer qu’avec ses trois réalisations, il a déjà fait aussi bien que ses trois meilleures saisons en BGL Ligue, avec le Progrès en 2015, avec Differdange en 2019 et Schifflange en 2024. 2025 pourrait donc le voir exploser ses compteurs. Mieux, à chaque fois qu’il marque, la Vieille Dame prend des points. Trois contre Bettembourg (1-2), trois contre le RFCU (2-1), un contre le F91 (1-1). Et à chaque fois, c’est de la tête qu’il marque, lui le central qui ne mesure «que» 1,82 m.
Facile pour lui, dès lors, de pointer que ce n’est pas la taille qui fait le joueur de tête mais le timing. Pas plus que ce n’est la vitesse qui fabrique les garçons capables de durer à notre époque, dans le football moderne, lui dont la lenteur est presque une caractéristique revendiquée. «Certains apprécient peut-être d’aller vite, moi, je préfère être élégant, sourit-il. D’ailleurs, la Jeunesse, sortie de Klica ou Denilson, a plus une équipe technique que rapide.»
Voilà comment on continue à exister au plus haut niveau ? En intégrant un effectif dont le rythme permet de durer, sur la base de la vista, de la vision de jeu, du placement ? Il faut pourtant bien gérer les petites bombes que les adversaires vous collent dans les pattes, chaque week-end. «Mais jamais, je ne me dis que cela va être dur. D’ailleurs par exemple, un de mes meilleurs matches, je l’ai fait contre le RFCU, Mazié et Mabella.»
«J’ai même joué avec son père»
Aujourd’hui, le voilà 23e meilleur joueur de BGL Ligue. Il n’est pas le seul ancien à vampiriser le classement. Samir Hadji (F91) est 8e à 35 ans, Nicolas Perez (Strassen) et Nestor Monge (RFCU) sont 18e ex-aequo à 34 ans, Wilson Kamavuaka (Pétange) est 25e à 34 ans, Vova (Strassen) pointe même encore à la 45e place à 38 ans bien sonnés… Lentement, Garos se rend compte qu’il prend cette épaisseur des anciens.
«L’été dernier, on jouait en amical sur Metz et je me suis retrouvé face à un jeune que j’avais entraîné quand il était poussin. J’ai même joué avec son père ! Parfois, quand j’essaye de donner un conseil à un jeune, souvent, j’ai l’impression de le faire chier. Alors, je me rappelle une phrase qu’un coach m’a dit, une fois : « Mickaël, sois content que je sois toujours derrière toi. Ça veut dire que tu as de la qualité. C’est quand tu n’entendras plus ton prénom dans ma bouche que tu devras t’inquiéter. Cela voudra dire que je n’en ai plus rien à faire de toi.« »
On guette donc son prénom dans la bouche des dirigeants eschois, désormais, pour savoir s’ils vont lui proposer un nouveau bail d’un an. Histoire de commencer à rêver aller taquiner les 300, lui qui a «joué avec une déchirure l’an passé» et qui ne «comprend(s) pas que les jeunes fassent l’impasse au moindre petit bobo». Ceux-là n’arriveront pas à 250.