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Matches truqués présumés en L2 : des hommes d’affaires et de football


Les figures principales du dossier des matches présumés truqués de Ligue 2, examiné lundi et mardi par la LFP et qui compte six mises en examen, ont toutes un costume d’homme d’affaires et un pied sur le ballon.

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Au centre des affaires de matches truqués en Ligue 2, des hommes de pouvoir et d’influence. (Photos illustration AFP)

> Kasparian : au centre du cercle

C’est l’homme au centre des interrogations. Inconnu du grand public et de la plupart des fans de foot, Serge Kasparian, quinquagénaire à la silhouette massive de lutteur, n’apparaît que sur de rares clichés.

Il est même difficile d’avoir des informations auprès de la communauté arménienne à Paris, Marseille ou La Ciotat, où il a vécu. Son parcours est celui d’un homme d’affaires qui investit dans deux brasseries à Paris et une autre à Aix-en-Provence avant de reprendre le fameux cercle de jeux parisien Cadet, puis d’entrer dans le capital du Nîmes Olympique.

Des tables de poker, il passera derrière les barreaux à Fleury-Mérogis, placé en détention provisoire en octobre dans l’enquête sur des soupçons de détournements de fonds transitant par le cercle Cadet. En s’intéressant à lui, les agents du Service central des courses et jeux (SCCJ) entreront sur un autre terrain, celui du foot.

Des écoutes téléphoniques – où apparaît d’ailleurs son fils Anthony, troisième gardien des « Crocos » nîmois – suggèrent qu’il aurait tenté d’arranger des matches pour éviter une relégation à son club la saison dernière.

> Conrad : le Lorrain des clubs sudistes

Âgé de 50 ans, marié et père de trois enfants, Jean-Marc Conrad a racheté le Nîmes Olympique au printemps 2014 avec un groupe d’investisseurs, dont Kasparian. Patron d’un groupe de presse immobilière gratuite, Immoxia, l’homme aux élégantes chemises claires, né à Metz, n’en est alors pas à sa première expérience dans le monde du ballon rond.

Ce fils d’un ouvrier chaudronnier et d’une mère travaillant dans la boulangerie-pâtisserie avait auparavant notamment dirigé Arles-Avignon, conduisant le club dont il était actionnaire minoritaire jusqu’en Ligue 1 avant d’être poussé vers la sortie en 2010.

En 2009, des soupçons de corruption étaient nés autour du match entre Cassis-Carnoux et Arles-Avignon, qui avait permis à ce dernier club de monter en L2. Cela avait abouti en 2013 à la condamnation de l’ex-directeur sportif du club. Conrad n’a jamais été mis en cause personnellement dans cette affaire.

En 2008, il s’était aussi présenté -sans étiquette, mais en se revendiquant de centre-droit – aux municipales à l’Isle-sur-la-Sorgue, près d’Avignon. Il s’y représentera en 2011 – toujours sans succès – aux cantonales.

Il a démissionné de la présidence du Nîmes Olympique pour « consacrer toutes ses forces et son énergie à se défendre face à des accusations aussi injustes qu’infondées ».

> Fortin : des Maîtres laitiers au foot

Originaire des Deux-Sèvres, Jean-François Fortin, 67 ans, a été une première fois président du Stade Malherbe pendant un an (saison 1996/1997) avant de retrouver ce poste en 2002, jusqu’à sa mise en examen (il est lui aussi interdit d’exercer, comme Conrad et Mokeddel).

C’est en tant que dirigeant des Maîtres laitiers du Cotentin (MLC) que ce fils d’une commerçante et d’un plâtrier se rapproche du Stade Malherbe, dans les années 1990. MLC, petite coopérative manchoise alors au bord du gouffre que M. Fortin a transformée en important groupe agroalimentaire, est partenaire du club.

Guy Chambily, alors président du SMC, lui demande d’intégrer le conseil d’administration en 1994. Cet ancien footballeur amateur jusqu’en quatrième division, au visage mangé par une barbe naissante, ne pouvait pas refuser.

> Moulin : celui qui rêvait du PSG

Michel Moulin: un nom et un visage connus dans le milieu du foot. Cet entrepreneur a connu son heure de gloire en tant qu’éphémère conseiller sportif du Paris SG en 2008.

Un poste qui avait fait naître chez lui une grande ambition. « Ce qui est certain, c’est que je veux être président du PSG », confiait-il ainsi à l’AFP le 18 mai de cette année-là. Et de se décrire ainsi : « J’ai un caractère, je manque parfois de diplomatie mais je suis honnête ».

Ce touche-à-tout de 53 ans avait créé le journal ParuVendu, ensuite cédé au Groupe Hersant Médias. Lui qui se destinait au foot, avant qu’une blessure ne mette fin à ses envies de crampons, fut également un des fondateurs du journal « Le 10 Sport ».

Comme Franck Toutoundjian, président du club amateur de l’AS Ararat à Issy-les-Moulineaux lui aussi mis en examen, Moulin est soupçonné d’avoir servi d’intermédiaire.

> Mokeddel : les casquettes de « Pilou »

Directeur commercial, de la sécurité et de la communication du club de Caen, Kaddour Mokeddel, 60 ans, plus connu sous le surnom de « Pilou », est un ancien joueur du Stade Malherbe.

Celui qui a disputé un seul match en équipe première avait surtout évolué en équipe réserve dans les années 70. Ce gabarit modeste à l’abondante chevelure a également joué dans plusieurs clubs de la région, notamment à l’AST de Deauville.

Ancien gérant de la brasserie du stade, « le Pilou’s club house », il est devenu dirigeant par la suite.

AFP