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Marc Thomé (FCD03) : « On s’est hissé au niveau professionnel »


Marc Thomé a vu le match du haut des tribunes, mais il a été fier de ses joueurs. (photo Julien Garroy)

Malgré sa courte défaite (1-0) au 2e tour aller d’Europa League, Differdange est revenu vendredi de Trabzon avec la certitude d’avoir gagné le respect de la Turquie. Le coach Marc Thomé a souffert, tout en haut des tribunes, mais il a apprécié le spectacle.

Le Quotidien : Comment avez-vous vécu ce match en tribunes?

Marc Thomé : C’était bizarre, j’avais tout le comité derrière moi. Je les entendais. J’étais beaucoup plus nerveux que quand je suis sur le banc. À un moment, je me suis énervé : Gauthier (Caron) était sorti du terrain parce qu’il saignait et personne ne s’échauffait. En fait, des joueurs étaient bien partis s’échauffer et d’où j’étais, je ne les voyais pas. Être entraîneur et ne rien maîtriser, c’est atroce.

Deux délégués de l’UEFA étaient chargés de surveiller que vous ne communiquiez pas avec votre banc. Leur présence était-elle gênante?

Les deux mecs jetaient tout le temps un œil pour voir si je me servais de mon téléphone, mais il était hors de question que je le fasse. Ils étaient assez corrects, ils m’ont quand même laissé respirer! J’ai tout de même gueulé en fin de match, quand je nous voyais tous dans nos seize mètres, je demandais aux gars de sortir. Mais bon, c’était plus pour moi que pour eux que j’ai crié, car je savais qu’ils ne m’entendaient pas. Il y avait bien trop de bruit. Quel bruit ils ont fait dans les tribunes!

C’était beau… ( il s’arrête ) C’est pour ça qu’on joue au foot, nous, les petits Luxembourgeois. Il y a des pros de L1 ou L2 qui ne joueront jamais de matches d’Europa League. À la fin du match, je devais attendre vingt minutes avant d’aller voir les joueurs dans le vestiaire. Quand je suis arrivé, ils étaient abattus et j’ai aimé ça. Je suis assez nouveau dans ce groupe (NDLR : il est arrivé au début de la saison dernière), mais il y avait un état d’esprit fabuleux. Si j’avais été là, avec Greven, je suis sûr que ça aurait chanté dans les vestiaires. Là, c’est différent, il y a une vraie exigence.

Auriez-vous fait les mêmes changements que votre adjoint Denis Peiffer?

C’est Denis et Jean-Phi’ (Caillet) qui ont fait les changements. Ils ont fait du très bon boulot. On avait tout programmé avant, qui sortir en fonction de tel score à telle minute, telle physionomie, qui sortir si on prenait un rouge… Ils ont fait les bons changements au bon moment, c’était du bon coaching.

Vous vous êtes privé de Philippe Lebresne et Andy May, les deux purs récupérateurs de l’équipe. Vous êtes-vous dit que c’était risqué?

Je suis un entraîneur qui écoute ses adjoints mais qui tranche. Ils me disent parfois que je n’en fais qu’à ma tête, mais ce n’est pas tout à fait vrai. J’écoute beaucoup, mais à la fin, c’est moi qui décide. Certains joueurs avaient demandé qu’on joue en 4-2-3-1. Moi, je savais ce que je faisais. Avec Jänisch devant la défense et Ribeiro et Sinani au-dessus, je pouvais compter sur des joueurs qui pouvaient garder le ballon. Philou et Andy ont d’autres qualités.

Vous vouliez perdre le ballon le moins vite possible pour éviter les vagues turques?

Pour ça, et aussi parce que je savais qu’on aurait plus de chances d’emmener nos contres au bout. Quand tu joues contre des pros, il faut savoir faire trois passes de suite, sinon tu n’existes pas. Avant le match, j’ai dit aux joueurs : « Vous pouvez faire des erreurs, mais s’il vous plaît, n’ayez pas peur de demander le ballon. » En Coupe d’Europe, certains ont parfois tellement peur qu’ils se cachent un peu. Chez nous, ce n’est pas le cas. Et pour revenir à mon envie de ne pas se débarrasser du ballon, si on veut être champion, on va devoir apprendre à jouer autrement qu’uniquement en contre.

L’entraînement de la veille du match au stade Hüseyin Avni Aker vous a marqué…

On a fait un vrai entraînement de rêve. Les gens rigolent quand je me plains de l’état des terrains, mais là, c’était un billard et ça change tout. À la fin de la séance, dans ce stade magnifique, j’ai dit ce que j’avais sur le cœur aux joueurs : que je n’ai jamais entraîné une équipe aussi forte. Et le lendemain, on s’est hissé au niveau professionnel.

À quel point la qualification est possible?

Difficile à dire car ce qu’il faut surtout retenir, c’est qu’eux nous connaissent mieux. Je regrette qu’on ne joue pas chez nous, mais bon, au Josy-Barthel, il y aura plus de monde. Trabzonspor veut réellement être champion cette année, c’est une grosse équipe. S’ils marquent en premier, ce sera terminé. Mais si c’est nous…

Recueilli par M. P.