SÉLECTION NATIONALE- L’amical qui se joue ce mercredi soir (18 h) en Hongrie ne passionne pas le sélectionneur. Il l’a transformé en mal absolument nécessaire pour tout un tas de joueurs en manque de tout et dont il aura besoin à Dublin, samedi.
La gestion des ressources humaines aura été la lancinante préoccupation de Luc Holtz pendant toute l’année 2020. Au milieu de sa bulle sanitaire, le sélectionneur a regardé ses hommes consciencieusement slalomer au travers de la pandémie de coronavirus, faisant presque un sans-faute, mais… se blesser les uns derrière les autres, entravant sérieusement toute ambition sportive dans son groupe de Nations League.
En ce début d’année 2021, malgré la positivité-surprise de Chris Philipps et l’incident diplomatique Vincent Thill, le staff technique se redécouvre le droit de sourire. Il récupère des blessés de longue date (Christopher Martins, Kevin Malget), un promu en D1 belge (Anthony Moris), un revenant américain (Maxime Chanot), un patron de l’entrejeu d’une équipe qui n’est plus relégable en Bundesliga (Leandro Barreiro), un joueur qui s’est retrouvé un challenge professionnel (Olivier Thill). Et, même s’il ne l’avait jamais vraiment perdu, un garçon qui vient seulement de tirer sa révérence continentale, au stade des 8es de finale de l’Europa League, Gerson Rodrigues, revenu aux affaires sur cette déclaration : «Je suis un des leaders de cette équipe et je veux le montrer. Mais je n’ai aucune pression.» On ne doutait, et le sélectionneur non plus, d’aucune des vérités contenues dans cette phrase. On en attend juste une démonstration éclatante le plus tôt possible.
Ah les tests «matin, midi et soir»…
Non, si Luc Holtz ne devait avoir qu’un seul souci ces dernières semaines, c’était celui-là : voir s’étoffer de nouveau un groupe qui vivait sur ses dernières réserves et a tout de même fini une seconde campagne de Nations League, un étage plus haut, en deuxième position. Remplumés, les Roud Léiwen sont théoriquement bien plus costauds. Le technicien avait quand même le masque mardi soir à Debrecen, tout au long d’une rapide conférence de presse expédiée avant d’aller dérouiller les jambes sur un terrain annexe du centre aquatique qui héberge son groupe : «C’est compliqué d’être sélectionneur en ce moment. Je me suis plus focalisé sur les à-côtés que sur le coaching. Penser à se faire tester tous les jours, matin, midi et soir, ce n’est pas particulièrement drôle.»
Il n’y aura pas plus de plaisir à prendre, ce mercredi soir, au stade Nagyerdei que pour une vulgaire séance d’entraînement. Sauf que celle-ci préfigure la dernière répétition générale avant d’aller défier l’Irlande à Dublin, samedi, ce qui constitue, pour le coup, le début des vraies réjouissances. Personne ne sera surpris d’apprendre que Holtz conçoit le Qatar comme une remise à niveau nécessaire pour une foule de joueurs en manque de temps de jeu dans leurs clubs respectifs. Le hasard fait bien (ou mal) les choses : cela concernera en grande partie les habituels titulaires, ce qui aidera à situer assez vite le niveau général. Maxime Chanot et Christopher Martins doivent reprendre leurs marques, Danel Sinani, Laurent Jans et Lars Gerson doivent reprendre le rythme qui leur manque en club, Mica Pinto, de retour de blessure, est un peu dans le même cas.
L’excitation que le Grand-Duché pourrait éprouver à l’idée de rencontrer le Qatar, champion d’Asie en titre dont on a du mal à situer le niveau réel, tient plus pour ce qu’il représente actuellement en termes de détestation internationale que pour son potentiel sportif discutable. Voilà un match en forme de mal nécessaire, imposé par l’UEFA qui a négocié cette présence dans le groupe A (même informelle) vraisemblablement monnayée. En football, l’argent n’a pas d’odeur.
De notre envoyé spécial à Debrecen, Julien Mollereau