Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
S’il en est à 10 buts en 7 matches dans ces éliminatoires, le quintuple Ballon d’or vit un début de saison assez compliqué (à son échelle). Et la relation avec son coach à la Juventus, Maurizio Sarri, semble délicate.
Depuis dimanche soir et la fin de la rencontre entre la Juventus et l’AC Milan, on ne va pas dire que les journaux sportifs italiens sont en boucle sur le sujet, mais ces derniers en ont quand même fait leurs choux gras : la sortie de Cristiano Ronaldo après 55 minutes de jeu face aux Rossoneri a fait parler dans la botte italienne. Et plus encore les mots lâchés par la star portugaise, le visage sombre, au moment de rentrer directement au vestiaire. Certains médias se sont ainsi «amusés» à lire sur les lèvres du quintuple Ballon d’or afin de confirmer qu’il avait bien lancé à l’encontre visiblement de son entraîneur, Maurizio Sarri, la version lusitanienne de «fils de p…», avant de quitter dans la foulée le Juventus Stadium avant même la fin du match de son équipe face à l’AC…
Ce qu’on peut tout de même interpréter comme un manque de respect envers son entraîneur mais aussi et surtout son équipe. Chose à laquelle ce grand professionnel ne nous avait pas vraiment habitués. S’il y aura forcément une explication au retour à Turin de Ronaldo, l’affaire a quand même semblé se dégonfler un peu d’elle-même au fur et à mesure que cette semaine avançait, ses équipiers à la «Juve» se relayant dans la presse pour l’excuser. Le club de Piémont, lui, décidant apparemment de ne pas punir financièrement le joueur pour son moment d’humeur.
Mais il n’empêche que cet épisode semble un peu symptomatique d’un CR7 qui semble bel et bien actuellement frustré. En premier lieu, sans doute, de la manière dont cela se passe avec Maurizio Sarri depuis que ce dernier est revenu en Italie cet été. L’ancien entraîneur du Napoli ne semble pour le moment pas parvenir à tirer le maximum sur le terrain de sa superstar. Pire, il n’a pas l’air d’arriver à manager celle-ci comme il le faudrait. À bientôt 35 ans, il faut forcément réussir à ménager un Ronaldo qui ne peut plus tout jouer. Mais cela doit être fait sans froisser ce dernier. Au Real Madrid, un Zinedine Zidane, par exemple, le réalisait à la perfection, en laissant le Portugais à la maison lors de certains longs déplacements en Liga. Sarri, lui, a donné l’impression ces derniers jours d’avoir plutôt décidé de sortir Ronaldo avant la fin des rencontres. C’était ainsi déjà arrivé la semaine dernière (à la 82e) lors du déplacement européen au Lokomotiv Moscou, avant le match de dimanche dernier où il a été remplacé alors que le score était toujours de 0-0 et le match loin d’être joué (la Juventus s’est finalement imposée 1-0). Le genre de décision qui ne semble pas coller avec le caractère du natif de Funchal. Chez lui, une telle sortie alors que tout restait encore à faire dans cette partie est plutôt synonyme d’humiliation.
Capello : «Il n’a plus la rapidité, le dynamisme»
Mais ce qui doit plus frustrer encore CR7, c’est son début de saison plutôt moyen au vu de ses standards de ces dernières saisons (il en est à 6 buts avec son club). S’il a changé la dimension de la Juventus depuis son arrivée voici un peu plus d’un an, c’est surtout sur le plan économique qu’il l’a effectué. Mais sportivement, le natif de Madère n’a pas apporté tout ce que les Tifosi pouvaient espérer. L’an passé, si la «Juve» a été sacrée championne d’Italie «comme à son habitude», son parcours en Ligue des champions s’était arrêté en quart de finale. Or c’est justement pour remporter cette C1 qu’on était allé le chercher à Madrid…
«La vérité, c’est que Ronaldo n’a pas dribblé un adversaire depuis trois ans», a lâché dernièrement un Fabio Capello qui joue aujourd’hui les consultants et a salué la décision de Sarri de sortir CR7. L’ancien entraîneur de «Juve» et de l’AC Milan a ajouté : «Cristiano a fait la différence, mais actuellement il n’est plus décisif comme il l’a été. Il doit récupérer sur le plan physique. Là, il n’a plus la rapidité et le dynamisme qui ont été les siens.»
Et ce n’est pas la correction (3 buts marqués sur les 6 du Portugal) que Ronaldo a infligée jeudi à des Lituaniens complètement dépassés qui changera forcément la vision du technicien transalpin. Et pas sûr qu’une autre démonstration au Josy-Barthel ce dimanche y changerait non plus quelque chose…
Julien Carette
LE CHIFFRE : 98
Tel est le nombre de buts inscrits en sélection par la star portugaise après son triplé réussi jeudi face à la Lituanie. Le calcul est vite fait : avec un doublé dimanche, il deviendrait centenaire. Il pourrait alors viser le record de buts en sélection que détient l’Iranien Ali Daei avec 109 réalisations.
