[Éliminatoires du Mondial-2022] Le Luxembourg joue le Portugal sans pression, fort de ses trois points pris en Irlande mais aussi de l’absence du côté folklorique que revêt tout le temps cette confrontation.
Ce ne sera pas une fête. Luxembourg – Portugal s’est fait dépouiller par les restrictions sanitaires de son traditionnel pouvoir de séduction qui a déjà enflammé le pays à six reprises depuis le début du siècle. Sans public, sans longues files d’attente pour arracher un billet d’entrée, sans jeunes supporters à double nationalité peinturlurés des deux drapeaux, sans décompte des jours puis des heures restant avant le coup d’envoi, il ne reste finalement de ce choc qu’une seule chose, son intérêt sportif. Ce n’est pas forcément la quintessence d’un match de football mais cette fois-ci, on s’en contentera. Au-delà de l’émotivité qu’elle suscite chez tous les Roud Léiwen et surtout les lusophones, la rencontre avec Cristiano Ronaldo et sa petite troupe faisait finalement passer trop souvent le résultat au second plan. C’était compréhensible, mais cela ne rendait finalement pas justice aux efforts patients et constants du Luxembourg pour se mettre au niveau.
Est-ce un avantage ou un inconvénient de jouer la Seleção sans public, au stade Josy-Barthel ? Luc Holtz avoue qu’il ne sait pas. «Les joueurs ont pris l’habitude de jouer dans des stades vides.» Le constat est effrayant, mais l’on finit par se dire qu’il peut en sortir une forme de vérité dans toute sa pureté. Aucune émotivité ne viendra parasiter la logique d’un soir. Projet de jeu contre projet de jeu, le Grand-Duché s’attaquera à un monument en toute humilité. C’est Luc Holtz qui le dit mieux que personne : «C’est sans doute la meilleure génération de l’histoire du Portugal. On sait qu’individuellement, si tout se passe logiquement, ils nous sont supérieurs.» L’idée valait aussi pour l’Irlande. «Mais on va essayer de répéter le scénario (de Dublin) aussi souvent que possible.»
Ce serait même à nous de ne pas jouer défensivement si on n’arrive pas à contrôler la rencontre
Fernando Santos a pouffé en entendant ça. La meilleure génération lusitanienne de l’histoire ? Il veut bien en discuter, mais sûrement pas l’affirmer comme ça. Et de contre attaquer : «Le Luxembourg, on connaît leur qualité et leurs capacités. On a déjà connu des difficultés ici et on sait par quoi on va passer, car ce n’est pas une équipe défensive. Je l’avais déjà dit et je le répète : c’est une des équipes européennes qui a le plus évolué ces dernières années. Il n’y a qu’à voir leur dernier match : ils sont prêts et ils sont présents. Le Luxembourg jouera œil pour œil, dent pour dent, et je suis sûr à 100% qu’ils joueront au ballon. Ce serait même à nous de ne pas jouer défensivement si on n’arrive pas à contrôler la rencontre.»
L’entraîneur des champions d’Europe 2016 a l’air sérieux. Extrêmement, même. La victoire en Irlande a fait son petit effet, mais il n’y a pas que ça. Santos avait déjà dit, dans le passé, qu’il considère que le Luxembourg «est l’équipe européenne qui a le plus progressé ces dernières années». Tout juste reconnaît-il que les Roud Léiwen l’ont «un peu déçu» lors de la dernière campagne de Nations League mais cela veut surtout dire deux choses : qu’il a suivi leur parcours et qu’il les voyait terminer en tête de leur groupe, qui comprenait notamment le Monténégro. C’est un nouveau standing qui se dessine, au fur et à mesure que se déroulent les conférences de presse des adversaires du Luxembourg, mais cela ne veut pas dire que ce dernier ait plus d’obligations qu’avant. Il a le droit de continuer à jouer libéré, même s’il n’y aura, ce mardi soir, que les caméras à épater. Et l’Europe entière à continuer d’étonner.
Julien Mollereau