(11e JOURNÉE) L’annonce attendue de la mise en sommeil de la PH et son corollaire – pas de relégations en DN – crée un tsunami de questions.
On joue ce soir la 15e journée de BGL Ligue et on aurait dû parler de sport. De la fin de la phase aller qui valide, de facto, l’exercice 2020/2021, évitant à tout le monde une saison blanche. Mais aussi de gros duels de haut de classement qui vont donner une tendance à mi-chemin, tels Differdange – F91, RFCU – Wiltz ou Jeunesse – Strassen.
Mais on attendait depuis tellement longtemps le communiqué de la fédération, finalement tombé hier, que tout le microcosme du football luxembourgeois s’en est emparé pour parler de l’après… sans penser à aujourd’hui. C’est humain. On avait beau savoir que les mesures sanitaires étaient prolongées (rendant impossible la tenue des championnats autres que la Division nationale), l’annonce officielle que les divisions inférieures et la PH ne reprendraient bien évidemment pas, a provoqué un emballement de la machine à fantasmes et une accélération des discussions concrètes sur la façon de continuer dans l’élite.
Récemment en visite dans le Nord pour Wiltz – Swift, Paul Philipp a bien redit aux dirigeants qu’il a croisés que la saison irait à son terme. Et son secrétaire fédéral, Joël Wolff, nous l’a confirmé encore tout récemment, réfutant autant la clôture de la saison une fois la fin des matches aller que le principe de play-offs. Cela ne suffit visiblement à personne. Et sitôt entérinée la certitude que pour la deuxième saison consécutive, il n’y aurait pas de relégations, certains se sont emparés de l’information pour placer la BGL Ligue devant ces questions lancinantes : mais pourquoi dans ces conditions les équipes qui étaient à la lutte pour le maintien, celles qui ont aussi le plus de difficultés financières, continueraient-elles à perdre de l’argent sans aucune contrepartie – le maintien en étant une? Ainsi que, celle-ci, tout aussi importante : et si on continue, comment garantir l’intérêt, le fair-play et l’équité dans une compétition sans enjeu pour la moitié des clubs?
Un système de primes
en fonction du classement?
Il n’a échappé à personne que la fédération, dans son communiqué d’hier matin, s’est fendu d’une phrase curieuse. «En signe de soutien pendant cette période difficile, le conseil d’administration présentera au cours de la semaine prochaine un fond de soutien financier à tous ses clubs.» Tous. Pas la PH et les divisions inférieures, tous. Cela a piqué bien des curiosités, car l’un des scénarios évoqués par les dirigeants des clubs luxembourgeois pour garder un tant soit peu d’intérêt au championnat tourne autour de l’argent. Et notamment d’un système de primes en fonction de la place occupée par chaque club à l’issue de la 30e journée. La fédération pourrait-elle, en tout cas en ce qui concerne l’élite, mettre la main au pot pour booster la motivation de clubs en difficulté financière? Confirmant une information parue dans ces colonnes il y a deux semaines, quelques dirigeants ont aussi reconnu que la Ligue réfléchissait à un système de pot commun auquel souscriraient les qualifiés européens en signe de solidarité avec ceux qui n’y sont pas. Super. Mais au fait, les futurs «Européens», probablement le Swift, le Fola et le F91 plus un autre, sont-ils d’accord?
La carotte financière, c’est le versant positif de cette affaire. Mais il y a aussi un côté sombre : à l’heure actuelle, pas mal de clubs bruissent d’une rumeur qui dit que la FLF réfléchirait à un système de points de pénalité dégressif qui serait affecté à la saison prochaine. En gros, plus vous terminez bas dans le classement, plus vous aurez de points de retard au moment de reprendre l’été prochain. Un dirigeant souhaitant rester anonyme indique avoir entendu que cela pourrait aller jusqu’à huit points. Fake news? Il serait de toute façon curieux de voir les clubs du bas de classement, qui sont aussi les plus embarrassés financièrement, accepter de payer leurs joueurs deux mois de plus pour recommencer la saison prochaine lestés de points de pénalité. La double peine aura du mal à passer si tant est qu’elle soit effectivement envisagée.
La LFL va-t-elle «vendre» un play-off?
Et puis il y a la troisième voie, que des clubs forcément intéressés remettent déjà sur la table, celle d’un play-off qui concernerait seulement les clubs les plus à l’aise financièrement, ceux qui peuvent se battre pour l’Europe. Si ces prochains jours, le RFCU et le Progrès repassent dans la première partie de tableau, ce scénario pourrait revenir sur le devant de la scène en rencontrant moins de résistances du côté de la LFL. Si ce n’est que la Jeunesse pourrait alors, elle, basculer du mauvais côté et que… la fédération n’est de toute façon pas pour.
Il faudra pourtant bien trouver une solution pour garantir le sérieux de cette fin de championnat déjà sujette à caution. «Ce n’est pas que cette absence de relégation risque de rendre le championnat nettement moins équitable, c’est que ça VA rendre le championnat nettement moins équitable», balance le directeur sportif d’un gros club du pays. Les entraîneurs des «petits» garantissent eux qu’ils joueront le jeu et assurent que cela peut aussi désinhiber tout le monde et permettre de hausser le niveau. Peu y croient vraiment. Il faut lever les doutes. Et alors qu’il n’a jamais été aussi clair que la BGL Ligue ira au bout, «on est dans le flou complet», constate le président de Strassen, Luc Hilger. La semaine prochaine, les clubs de la LFL se rencontrent pour évoquer le sujet. Les lobbyistes de tous bords vont s’affronter et il n’est pas exclu qu’ils aillent ensuite frapper à la porte du bureau de Paul Philipp, tant ils sont préoccupés.